A Georges Brassens

Brassens avec douceur

Tu m’distrais en chemin

Quand dans mon cœur

Y’a plein de chagrin

Y’a tant d’amourettes

Quand je te lis

Tant de sourires qui

M’font la causette

Tu sais si bien faire

Vibrer mes cordes d’airs

De plaisirs coquins

Aux doigts taquins

T’es pas né à Sète

Pour de rien

Toi le poète

Toi le voyou

Aux pas si fous

Qui des monts de la vie

Avait des yeux si faim

Voulant d’un tas d’p’tits riens

En écrire tonnes de poésie

Tu détournais l’regard

Sur l’quai des filles

Vers ta douce guitare

Sous la lune qui frétille

Sur le port tu leur jouais

Ce qu’elles voulaient

Croquer aux fruits défendus

Contre leurs mœurs plutôt tendues

Tu passais à l’oeil des maris

Comme leur pire ennemi

Un collectionneur d’amantes

A l’arme nonchalante

Ta musique n’était pas rock

Pourtant frémissaient-elles sur ton roc

Se dandinant toutes cambrées

Sur ton cheval fougueux de liberté

Le vent marin

N’était pas loin

De ces sirènes

Que tu fis reines

Brassens avec chaleur

Tu m’distrais en chemin

Quand dans mon cœur

Me vint ce refrain

On t’avait envoyé à Paris

Comme un enfant maudit

On t’avait envoyé à Paris

Comme un enfant puni

C’est l’Auvergnat qui t’avait accueilli

Quand du monde tu fus refroidi

Lui qui t’donnait trois bouts de bois

Quand dans ton âme t’avais froid

Sa Jeanne te prit dans ses bras

Toi l’exilé fit son pacha

Tu la comblais de tant d’caresses

De toutes tes rimes

De tes vers d’tendresse

Elle s’enivrait jusqu’aux cimes

C’est drôle

Comme tout l’monde

A présent

Rigole

A tes poèmes

Frais comme des champs

Y’a rien d’immonde

Que des souvenirs qu’on sème

Des bêtises de jeunesse

Des p’tits tours de prouesses

Brassens avec bonheur

Tu m’distrais en chemin

Quand dans mon coeur

Y’a plus rien qu’un chagrin

P’t’être bien qu’les dieux

Sont tombés dans ton pieux

Le premier est Cupidon

A aimer tes rebonds

Toi le poète toi le sportif

De l’amour sur les récifs

Le verbe haut audacieux

J’ai trouvé ton lit licencieux

Peuplant mes nuits blanches de Félicie

De Fernande et d’Éléonore aussi

Décrétant aux solitaires

Endurcis célibataires

La bandaison

Est déclarée ouverte à toute saison

Bien que des polissons de la chanson

Y’en ait plus dans nos maisons

Leurs mots sont tous confinés dans des ordonnances

Des envies passées sous silence

Les maris n’ont plus de toi

Maintenant à se soucier guère

Maintenant qu’ton glaive adroit

Est au repos couché au cimetière

Y’a qu’les mâles des vers

Sous terre qui vivent l’enfer

Quand tu pousses dans l’noir

Ta chansonnette

Ma belle mon espoir

Ma mignonnette

Brassens avec candeur

Tu m’distrais en chemin

Quand dans mon cœur

J’écris mes parchemins

A tous ces amours

Que je n’ai pas eus

A tous ces yeux au jour

De pluie qui m’ont plu

Je tente des quatrains

Plein d’ampoules

P’t’être en vain

Sans pieds sans formalités

Juste pour m’délivrer

Dans ma tête des vents de la houle

Écarter les barreaux

De l’étreinte de mes mots

Voir au bout d’ma lorgnette

Saperlipopette

Ce ‘p’tit oiseau

Trouvant le monde tout beau

Avec toi Brassens

C’est presque toujours la fête

D’un prince

Des taudis

Qui en aimait

Sacré nom de dieu

De tous ses vœux pieux

La vie

Thierry Rousse
Nantes, jeudi 19 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"

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