Et disons-nous à aujourd’hui

Parce que

Depuis bon nombre d’années

Maintenant

Y’avait les sites

Pour rencontrer l’âme sœur

Ou l’aventure d’un jour

Ou d’une nuit

Parce qu’y avait les réseaux virtuels

A défaut d’pouvoir vraiment nous rencontrer dans le réel

Parce que notre rituel

Métro tramway boulot dodo

Allait trop vite pour prendre le temps

D’nous poser à tous ces changements

Parce que les rencontres dans l’vent étaient incertaines

Pas vraiment claires

Tu veux ou tu veux pas

Des vœux qui tombent à l’eau

Y’avait ces sites formidables qui nous faisaient espérer le grand amour

Ou la satisfaction de nos désirs les plus fous

Parce que tout semblait pouvoir s’acquérir

Dans ce nouveau marché du plaisir

Alors nous faisions des fouilles

Et cliquions sur cet objet un joli joujou

Ou sur ce sujet qui nous ressemblait

Ou qui nous manquait

On lui écrivait une p’tite bafouille

Coucou comment ça va et moi

A chaque pied sa tong sa basket

Sa botte en caoutchouc

Son soulier vernis

Son mocassin

Son chausson

Ou sa claquette

Y’avait des sites pour tous les âges

Tous les genres

Classés par envie

Génération

Motivation

Ou passion

Catégorie professionnelle

Ou penchant culturel

Fallait vraiment être né quasimodo

Pour point trouver là son égo

Alors on faisait défiler les profils

On s’arrêtait sur un visage

Un sourire

Une silhouette

Des biceps

Une paire de seins

Une jolie main

Belle situation

Ou gros revenus

Un mot

Un espoir

Et si c’était lui

Et si c’était elle

On cliquait

Des j’aime

Un peu beaucoup à la folie

Ou pas du tout

On mettait ça dans son panier

On verrait bien à la caisse

Au premier rendez-vous

Si la photo correspondait bien à l’article posé dans son caddie

Puis au fil des temps

Des glaces qui se brisent

On s’révèlerait l’un à l’autre

Nos forces et nos faiblesses

Constance

Promesses

Mensonges

Disparition

Trahison

On s’donnerait du bonheur

On s’ferait du mal aussi

Des rires on basculerait dans les pleurs

Sur des chemins périlleux

On apprendrait à s’connaitre

A savoir c’qu’on voulait être

Où poser nos vies

Seul ou à deux

De nous deux c’qu’on avait à faire

Là où on voulait vivre

Chacun chez soi

Ou sous l’même toit

Qui choisirait la couleur des tuiles et des rideaux

Qui aurait l’dernier mot

Toi ou moi

Moi et toi

Les années passaient

A la campagne

On restait ensemble comme on pouvait

On s’arrangeait

On s’adaptait

La vie à deux

On s’disait

N’était que compromis

Rien de parfait

Où l’imparfait

Était mieux qu’être rien

Puis

Y’avait l’être de passage

Qui te tournait la tête vers la grande ville

Tu pouvais tout quitter pour cette idylle de jeunesse

Ce mirage t’était fatal

Y’avait des ruptures

Qui laissaient des traces dans l’cœur

Des abandons de tendresse

Venait l’temps révolu

Tu n’croyais plus aux beaux sentiments

L’amour de Vénus te quittait

Où tu la quittais

Alors c’était la longue solitude

Du célibataire renfermé

Dans les champs de pommes de terre oubliés

Tu basculais dans la catégorie sénior

C’etait plus vraiment ta ruée vers l’or

Ça sentait déjà la fin

Ton dernier rêve

Le songe d’une nuit d’été

Où tu t’raccrochais

Dans ce bar de Clisson

A ces chansons sous les halles

Crois-tu qu’tu peux encore grimper

A cette roche

Jusqu’à ce nuage

Rencontrer derrière son visage

En haut du donjon

Des prisons dorées

Allons danser au bal

Ma mie

Et disons-nous à demain

Et disons-nous à demain

Comme deux p’tits vieux attendris

Jamais aigris

Les pommettes de deux enfants farceurs

Qui choisiraient toujours l’bonheur

Parce que c’était simplement mieux que l’malheur

Alors vivons

Alors aimons

Ma mie

A fond

De tous nos sentiments

C’est maintenant

C’est maintenant

Et disons-nous à aujourd’hui

Pour toute la vie

A aujourd’hui

Pour toute la vie

Thierry Rousse
Clisson, vendredi 18 octobre 2025
Une vie parmi des milliards”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *