L’entreprise de l’écriture

L’écriture

Est-elle un travail

Ou un non-travail

Me demande Moni

Et je me dis

Et j’écris

Sur cette place ombragée

A l’ombre d’un lycée

L’écriture

Est-elle un travail

Ou un non-travail

Dis-moi Marguerite 

Et cette question tournoie dans ma tête

Sous le soleil estival de Sète

Et je me dis

Quand martèlent les marteaux-piqueurs

Dans la chaleur des rues accablante de l’été

Quand mes pensées sont en vacances

Dans un ciel bleu sans nuage 

Sans réfléchir

J’écris

A quelle heure j’embauche pour prendre mon stylo ma feuille

A quelle heure j’embauche mon corps à écrire à se dire

A quelle heure je suis déjà en retard et je cours

A quelle heure les bruits assourdissants de la ville

A quelle heure je ne les entendrai plus pour me glisser dans l’imaginaire d’une page blanche

A quelle heure 

Quel est le sujet du jour

Patron quel est le sujet du jour

Il n’y a plus de patron

Ni d’heures 

Et seul je me retrouve devant ma page

A ne plus savoir quoi écrire

Je suis perdu en retard à mon travail

La chaise de la table du bistrot du coin

La place que je m’étais créée soudain

Cette place dans la société à l’heure où tout s’était arrêté

La fonction que je m’étais donnée

Aux yeux des gens et de moi-même

Ecrire le monde du point de vue de mes yeux

On dit que les yeux est la seule partie du corps qui ne vieillit pas

Je m’allonge

La page est bleue comme la mer

Ecrire

Travail ou non-travail

Des mots perçant mon cerveau

J’aspire au repos

J’aspire au silence

A la vacance d’une page blanche

M’oublier pour un temps

Me glisser entre les lignes invisibles des sentiments

Aimer

Ecrire comme on tombe en amour foudroyé

Ecrire ce que tu me dis

Noter

Observer

M’imprégner d’un monde agité

Remuer le fracas l’ordonner 

Comme les mains sculptent la matière à l’état brut

Chercher la beauté ou la vérité

Me laisser traverser

Mourir pour vivre

Ecrire

Rêver d’une autre vie

Enfin le théâtre de la Méditerranée s’invite en mon coeur

As-tu vu ses mots comme des oiseaux qui s’invitent sur les bateaux

Des mots dorés assoupis au soleil se languissent

Forcément la guitare de Brassens n’est pas loin

Je les laisse advenir

Plonger

Ces petits bouts de riens

Echappés

Sur le bout d’une mangue

Saveurs d’une langue 

Ces petits bouts de rien en grève

Marguerite 

J’ai quitté l’entreprise de l’écriture

Tôt le matin 

Pour cueillir tes mots en errance

L’écriture

Un travail en vacances

Son emprise sur ma vie n’est que délices 

Thierry Rousse
Mercredi 24 juillet 2024, Sète
Atelier d'écriture animé par Moni Gréco "Festival Les voix vives de Méditerranée en Méditerranée"
"Une vie parmi des milliards"

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