Je n’avais pas écouté l’actualité ce mercredi, tout semblait être passé si vite. Entre rendez-vous présentiel et non présentiel. Budget. Emploi. Voeux. Découverte de jeux pour les Apprentis Lecteurs. Tout était passé trop vite. J’apprenais lors d’un échange téléphonique avec mon ancienne professeure de théâtre que la vilaine sorcière sévissait vraiment autour de ses connaissances. Je me sentais plutôt à l’abri dans le Grand Ouest. Les Fées de Brocéliande, sans doute, protégeaient nos deux familles, bretonne et vendéenne. En fin de matinée, j’avais investi dans un petit transistor que j’installais près de ma jolie bouilloire pour me relier à France Culture. Une façon de me cultiver à défaut de pouvoir me rendre dans un théâtre ou dans un musée. Denis Podalydès parlait de son métier. Le corps était un bien essentiel au comédien. Je me penchais sur la question. J’ouvrais ma première Encyclopédie.
Le corps était une « machine complexe, constituée d’os, de muscles, de nerfs, de sang, d’organes, et surtout de beaucoup d’eau »(*). Pas étonnant que j’étais toujours attiré par les fontaines, les rivières, les océans. Je n’avais pas dit les vignes, bien que j’appéciais leurs charmantes collines. Plus de la moitié de mon corps était « constitué d’eau ». Mes os, ma peau, mon sang renfermaient de l’eau et je ne la voyais pas. Cette eau était invisible à mes yeux. Tant de trésors en moi que je ne pouvais pas voir ! Il me fallait respirer pour vivre. Y pensais-je ? Cela se faisait plutôt naturellement. Faire entrer l’oygène de l’air dans mes deux poumons. L’oxygène se glissait ensuite dans mon sang qui circulait partout dans mon corps. Sous mon crâne, il y avait mon cerveau, encore de l’eau, qui commandait et contrôlait tous les mouvements de mon corps. Un Grand Chef vivait en moi et je l’ignorais. Mon cerveau me permettait de ressentir des émotions, il me disait si j’étais triste ou joyeux, fatigué, en colère ou amoureux. Grâce à mon cerveau, je pouvais m’exprimer et me souvenir. Je remerciais pour une fois ce Grand Chef. Des milliers de nerfs le reliaient aux autres membres de mon corps. Des genres de fils électriques en miniature. L’idée était qu’ils ne s’emmêlent pas, tous ces fils. Un court-circuit pouvait tout chambouler à l’intérieur de mon corps. Les nerfs transmettaient aux membres de mon corps les ordres de mon cerveau et lui rapportaient tout ce qui se passait au dedans de moi. Adjudants et journalistes à la fois. Mon cerveau prenait connaissance des actualités de mon corps. Comment allaient mes pieds, mes mains, ma bouche, mes yeux, mon coeur? Sous ma poitrine, à gauche, je le sentais battre. Etait-ce en raison de son emplacement que j’avais toujours voté à gauche et souvent été déçu? Mon coeur était un gros muscle. A chaque battement, il envoyait du sang dans tout mon corps. Il ne s’arrêtait jamais, mon coeur, jour et nuit, il battait mon coeur. Je n’y prêtais guère attention. Je l’oubliais souvent mon coeur. En prenais-je vraiment soin de mon coeur ? L’aimais-je? Mon coeur continuait à battre, fidèle à sa mission. Mon sang, lui, se promenait à travers mes veines, mes artères, mes vaisseaux. La circulation semblait fluide. Quand il était à court d’oygène, mon sang, il revenait faire le plein dans mes poumons. Une station service ouverte en permanence. A toute heure, sous le Soleil ou la Lune. Je remerciais les arbres et toutes ces algues au fond des océans qui m’offraient ma nourriture quotidienne. Le plein d’oygène.
Tout était passé vite, trop vite.
Je m’arrêtais sur ce dessin. Des traits reliés les uns aux autres. Tout semblait allait de soi comme la vie. Mille et un traits comme un seul trait. Un fil infini. Mon coeur battait la chamade.
« Ferme les yeux et tu verras ».
Joseph Joubert.
Les papillottes en chocolat me révélaient, décidément, mille et un trésors au coeur de l’hiver.
La Fée du Coeur.
Thierry Rousse,
Nantes,
Mercredi 6 janvier 2021
« A la quête du bonheur »
(*) Ma Première Encyclopédie Larousse, édition Larousse Jeunesse