Un dimanche poétique
commençait toujours par un jour de pluie
des perles glissant à la fenêtre
d’une grasse matinée
sous les nuages blancs de la grâce.
Un dimanche poétique
commençait toujours par un désir
Aller promener mes pas
sur la plage du Pouliguen
un midi de marée basse
revoir le bassin de mon enfance
vide à cette saison
sans petit voilier
ni marin.
Un dimanche poétique
se prolongeait toujours
au bout de la jetée
longer les belles villas du siècle passé
premiers congés payés
des gens fortunés
sous le balcon des Juliette
et des sirènes de coquillages
jouer les Roméo
ou les Cyrano.
Un dimanche poétique
hissait ses voiles
et j’admirais au lointain
les cavaliers franchissant l’océan.
Un dimanche poétique
laissait naître un ciel bleu
huit ans de solitude
et les espoirs du printemps
entre les marais salants
une route.
Accoucher des mots
qui jaillissaient de mon âme
route de tous les sons
entre coeur et déraison.
Groupe d’écriture et de lecture
dernier dimanche des vacances
une pause à Coop’Arts
mieux qu’un village universel à Dubaï
et puis. . .
Concert d’effluves de mots et de sons
chez Francine
rien n’arrêtait les langues du monde à la tombée des nuits.
Sous la contrainte, j’existais, enfin, existais-je vraiment ?
Tant que j’achetais, j’avais le sentiment d’exister.
Acheter, acheter n’importe quoi qui se présentait à mon regard
Acheter ce qui me remplissait, ce qui me nourrissait, ce qui me faisait vivre.
Acheter tout ce qui passait sous mes yeux, un chien, une voiture, une fleur, un nuage, la pluie et le soleil.
Que n’avais-je pas encore acheté ? Qui ?
Je me concentrais, je me concentrais presque toute une nuit.
T’acheter ? Non, ce n’était pas raisonnable
Tu valais bien trop cher à mes yeux.
Acheter un poème ? Etait-ce vraiment un bien essentiel ?
M’acheter ? Oui ? Non ? Que ferais-je de moi ?
J’en étais là, à ce point, de mes réflexions, quand je vis ce village, là, au milieu d’un désert.
Acheter ce village,
un village au milieu d’un désert.
Cinq mots m’avaient mené ici jusqu’à ce puits
au milieu du village
Une eau m’était offerte
Rien à acheter
je n’existais pas
je me confondais à cette eau transparente
une vie
une porte ouverte sur la vie.
La vie était un présent.
« La vie, c’est comme la vie
C’est comme la vie qui naît
Comme la vie qui naît dans un cri ou dans un désir
La vie, c’est comme la vie qui a peur de ce qui l’attend.
La vie, c’est comme l’être qui l’attend
La vie, c’est comme l’être qui l’attend et la désire
la désire avec son impatience et son sourire.
La vie, c’est comme toi
La vie, c’est comme moi
La vie, c’est comme le quai d’une gare,
enfin, selon la direction que nous prenons,
un horizon lointain, un train, un butoir
un butoir, un train, un horizon lointain
et un tout autre monde qui nous attend tous deux.
La vie, c’est comme un autre monde
un autre monde que nous ne connaissons pas encore.
La vie, c’est comme un nez rouge qui nous la révèle
nue, inconnue, surprenante, enivrante.
La vie, c’est comme la vie que nous habillons de tous nos désirs
comme une pelote de laine qui se déroule au fil des jours
et nous tient chaud, l’hiver venu.
La vie, c’est comme la dernière main fidèle
qui nous accompagne au premier soir du printemps.
La vie, c’est comme . . . comme un élan vers le ciel
pour nous promener sur les nuages.
La vie, c’est comme une vie sans âge
c’est comme un visage, un paysage infini, enfin, comme la vie. «
Un dimanche poétique
je me réjouissais de ces mots qui étaient nés.
Thierry Rousse
Nantes et Savenay
Dimanche 20 février 2022
« A la bonne heure »