« L’orchidée noire »
Que dissimulait cette porte cochère
Un cheval
Une jument
Un carosse
Marcel II n’osait la pousser
A peine s’approcher de l’écriteau
De peur qu’un sujet ne le voit
Basculer au fond de l’eau
Pourtant il lui faudrait bien un jour
Tout connaître de son royaume
Ses tours
Ses moindres recoins
Ses coins obscurs
Et ses chandelles
En prendre possession
Déployer ses ailes de lumière
De feu ou de cendres
A cette heure
Il ne lui restait en dehors
Que son imagination
A défaut de passer à l’action
Des collines d’oliviers
Flottant sur le trottoir des Olivettes
La nuit des images centenaires
Ou des idées noires
La vie liée d’or et de sable
Peur de l’inconnu au bout des rues
Piscine de corps nus confondus
Genres éparpillés
Au fond des pupilles transies
Enlacements des bains mouvants
Des hammams et des saunas
Mondes
Equatorial
Tropical
Vertical
Diagonal
Ou horizontal
Jets et brume de désirs inavoués
Poètes maudits des auberges
Et des cours secrètes
Et des passages interdits
Ne demandant qu’à être franchis
Déchéance ou apogée
Un vers de Renaud ou de Verlaine
Les yeux de sa Muse l’interrogeait
« Tu en reprendras bien un Marcel ? »
Marcel ne quittait plus son immeuble sans sa paire
Sa deuxième aile
Qui l’équilibrait dans le vent
Un de ses vers sur le comptoir du temps
Des Sales Gosses
Des journées à vivre simplement
Sa retraite anticipée
Pour suspendre la course d’un monde perdu
Chanter rien que pour elle
S’approprier les mots de Paul
Et puis se taire
« Aime-moi
Car, sans toi,
Rien ne puis
Rien ne suis ». (1)
Thierry Rousse
Nantes, jeudi 27 avril 2023
« Une vie parmi des milliards »
(1) Paul Verlaine, « Chansons pour elle », éditions Mille et une nuits