Tu n’aurais pas cette joie
La surprise de tes ami.es
Ni samedi dernier ni ce dimanche
Elles ils
N’étaient pas venu.es
Trop loin sans doute
Ou indisponibles
Ou au travail
Ou une priorité
Ou un choix
Trop froid
Trop de pluie
Trop à faire
Trop de trop
Tu comprenais
Angers
Mouchamps
Ce n’était pas la porte d’à côté
Certains avaient déjà vu ton spectacle
D’autres pas
Décembre était saison d’abondance
Paradoxal pour un mois d’hiver
Un bel arbre étincelant
Qui donnait à voir tous tes spectacles
Une chance
Seul Pêcheur d’histoires n’était pas de l’aventure
Et Pierrot et Amélie étaient bien tristes dans leur petite boîte
Les enfants ne les verraient pas cette année
Ainsi était la vie
Ou peut-être pas ainsi
Tu n’aurais pas de photographies souvenirs
Ni quelques films
Histoire de te voir jouer
Qu’est-ce que ça pouvait bien donner
A qui tu ressemblais
Ou à quoi
Qu’est-ce que ça disait tout ça
Alors il restait dans ta mémoire
Tous ces moments de spectacles avec le public
Ces enfants qui venaient te voir après
Pendant que tu rangeais
Ces enfants qui prolongeaient le plaisir
Qui faisaient vivre encore tes marionnettes avec ton accord
Vous saviez trouver ensemble le bon accord
Et même cette maman qui venait te faire des compliments
Ou encore juste avant de partir chez toi
Ces deux enfants qui te disaient :
« J’ai aimé votre spectacle »
Tu repartais en te sentant au-moins un peu utile sur cette Terre
Une petite graine de bonheur partagé
A Mouchamps comme à Angers
Noël existait encore
Brillait dans les yeux des grands et des petits
A Nantes hormis sur son marché de commerçants
Noël avait disparu
Seule sa Mère se balançait dans les cieux
Plutôt perdue plutôt seule plutôt
Ce dimanche soir
La route fut longue
Tu t’étais égaré dans l’obscurité de la nuit
Entre les gouttes fines et régulières de pluie
Gaga t’avait joué un tour
Le mode avion était passé par là
Brouillant à tout jamais ton réseau
Tu n’étais plus connecté au ciel
Impossible d’y revenir
Tu étais bien sur Terre
Gaga n’était plus là pour t’indiquer le chemin
Tu te rappellais vaguement les noms de quelques villes
Comment revenir de Vendée à Nantes
En passant par Marseille ou presque
Eblouissement des phares
Et cette buée qui ne voulait plus quitter ton pare-brise
Et ce vent en colère qui te ballottait sur sa banquise
Charme des vieilles voitures
Traversée d’un océan d’étoiles filantes
Quand
Soudain
Constellation de gyrophares
Sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute
Cette voiture retournée sur sa coquille
Et son chauffeur au-dedans
Cela aurait pu être toi ce corps
Où était son visage à présent
Etait-il en vie
La vie en un instant pouvait basculer
Tu songeais à tes ami.es à ta famille
Aux enfants au public
Où étions-nous à cette heure
Quelles lumières dans le ciel
Relaient nos coeurs
Alors juste écrire notre premier jour sur Terre
Toi et moi
Un potager des contes
Pour faire fleurir nos histoires
En attendant le Père Noêl
Ces retours de spectacles
Sur le tarmac de nos rêves
Avoir une fois cette joie des retrouvailles
Thierry Rousse
Nantes, dimanche 10 décembre 2023
« Une vie parmi des milliards »