Quand la mélancolie te gagne
Un vendredi soir
Au Chat Noir
Quand face à toi
Un marché de Noël resplendit
Quand face à toi
Il n’y a d’autres que toi
Que ton visage
Marcel
Fatigué
A cette table
Tamisée
Que toi
Et cet arbre enfermé
Il te reste à relire au soir ces mots
Cet éventail de douceurs
De tendresse
Et d’amour
Cette compassion pour cet arbre qui va tomber
Ce grain de folie
De jouvence
De joie
Ce pas décalé à côté du monde
Et son manège
Pour mieux le regarder
Le considérer
En rire
Ou en pleurer
Vendredi et déjà demain
Un samedi soir sur la Terre
De caresses éphémères
Te laisser gagner par la splendeur des étoiles
Et leur adresser ta prière
Emmenez-moi avec vous
Dans votre galaxie éternelle
Je suis un ange cosmonaute
Je dis Aime
La haine je la jette
Dans le trou noir
Dans ma fusée
Présent passé
J’me voyais déjà en haut de l’affiche de l’univers
Tête en l’air
Emporté par la croisade des enfants
Se délectant de Mistral gagnant
L’ombre scintillante de Renaud Séchan n’était pas loin de tes yeux
Échoué dans son nouveau port
Dans les bras de sa nouvelle muse
Trente moult baisers
A lui glisser dans le creux de l’oreille
Je t’aimais
Je t’aime
Je t’aimerais
Et rien ne nous séparera
Aucune marée basse
N’engloutira le flot de nos sentiments
Bonne nouvelle
Bonne nouvelle
J’embrasse la bohème des fleurs sauvages
L’angélique des estuaires
Entre guerre et paix
Assis sur le rebord du monde
Maison des utopies mirifiques
Il faudra leur dire à ces gens
Que la mélancolie me donne envie de renaître chaque nuit
Il faudra leur dire à ces gens que la corrida est bel et bien finie
Que bientôt l’humanité sera l’étendard sanglant de son jeu cruel
Que bientôt l’été m’éblouira de ses yeux
Pour un monde bleu
Que bientôt le noir et le blanc s’épouseront
Sur des bateaux voguant entre les rives
Entre les îles
Tu chanteras
J’veux du soleil partout
Et des gouttes de pluie
Pour faire jaillir des corons
Des arcs-en-ciel
Une ballade irlandaise
Oui
C’était bien
Au clair de la Lune
Un voyage
Des chansons qui accompagnaient nos heures
Bouts d’histoires interrompues sur une falaise
Que regardais-tu à l’horizon
Ta naissance ou ta mort
Ta naissance ou ta mort
Mélancolie
Gagnante ou perdante
Tu votais pour le triomphe du saltimbanque
Quand la rue devenait un miroir étincelant de ta seule présence au monde
Tu disais
Je n’suis qu’un grain de poussières pour mieux m’envoler sur les ailes de tes rires
Comme un cœur tombé du ciel
S’offrant au désir de vivre
S’offrant au désir de vivre
Juste le ciel et nous à Courtry
Passé présent futur
Là où tu dors la nuit
J’y suis tite fée
J’y suis aussi Théophile
Toi qui m’as donné le goût des mots
Des fils du temps élastique
Sous la Lune dorée des poètes
Dans une maison de la jeunesse et de la culture au Mée
Près d’une cheminée
Tu m’as montré l’accordéon de la vie
Qui se déplie à l’infini
Bercé au son des ballades
Des bords de Seine
Tu m’as montré ce joli bateau
Ce beau bateau de bois doré
Et tu m’as dit
Il nous faut regarder ce qu’il y a de beau
Et tu m’as dit encore
Il nous faut écouter le chant des oiseaux
La terre qui s’endort doucement
Et j’ai repris les mots du grand Jacques
Qui remplissaient mon coeur
Quand on n’a que l’amour
Même un marché de Noël
Sans pouvoir acheter un cadeau
Nous donne le sourire
Et déjà nous voyons les rois mages
Traverser le désert sous les bombes
S’approcher de l’enfant condamné sur son île
Bien sûr
Tout n’est pas gagné
Ce qui est donné c’est d’aimer
Être là, être en vie
Déjà un présent
La balade au bord de l’eau
Seul
Tu l’as parcouru maintes et maintes fois
A deux
Quelques fois
Entre vous deux
La joie de vivre se glissait parfois
Faisant vibrer vos pieds
Et toute la rive dansait
D’un air de liberté
Émigrés d’ailleurs
Immigrés d’ici
Oiseaux migrateurs
Des champs d’oliviers jusqu’aux marais
Repos de l’âme usée
Combien de pensées te traversent et se mélangent en un fragment de lumière
Château de sable et d’or
Au matin qui s’éveille à ta fenêtre
Essaouira aux portes nantaises
Ouvre de toute sa splendeur ton être
Aussi loin que tu puisses l’imaginer
Un couvre-feu comme un duvet
Couverture des cieux
Liberté chérie
J’écris ton nom sur les remparts du temps
Ma part est à toi
Liée à ton oeuvre
Sensation de bonheur à marcher dans les douves d’une nature protégée
Douces promenades avec ton âme sœur
Hector et Berlioz
A fouler l’herbe fraîche d’Ouessant
Goûter au vent d’hiver
Un cœur en été
Quatre saisons sur un piano
Quatre cloches suspendues au-dessus de l’eau
Danser
Continuer à danser
Danser encore
Même prisonniers dans la cour des maîtres
L’espoir est là
Il suffit de passer le pont de la vie
Affranchir nos corps
La primevère nous attend sous les feuilles de l’aurore
A l’école buissonnière
On s’amarre
On se marre
Et on redémarre
Quand la mélancolie nous gagne au Live Bar
Le cancre dessine le visage du bonheur
Les enfants qui s’aiment pour la vie entière
Ces mots qui revenaient comme les heures
Toujours une lueur quelque part
Les feuilles mortes sont la terre des arbres qui te regardent
Passé présent futur
Il y avait un jardin qu’on appelait toi et moi
Il y avait un jardin
Rien qu’un jardin
La nudité de nos pensées
Il y avait un jardin
Et trois moulins
Des cigales et des fourmis
Sur un même chemin
La rue était à nous
Rien qu’à nous
Nous relisions les lettres d’un soldat de vingt ans
Par la force des arbres
Nous avions approfondi nos racines
Élevé nos cimes au-dessus des toits
Les temps étaient en train de changer
Une nouvelle genèse nous offrait sa sève
Nous avions envie de chanter
Y a de la joie
Bonjour les hirondelles
Nous vous attendions
Bonjour les hirondelles
Nous vous aimions
Quand la mélancolie nous gagnait
Nous transformions le passé en présentiel
Nous vous aimons
Nous vous attendons
Les hirondelles
Le soleil et la lune
Ensemble sur la balançoire de votre amour réunis
C’était la nuit que nous apercevions ce qui nous était essentiel
Le jardin extraordinaire qui nous était offert
La mer qui nous berçait de ses comptines
Les mots tendres de la cantine
Charles Trenet
Traînée d’espoir
Dans le noir j’avais vu ta lumière éclairer mon coeur
Quand la mélancolie me gagnait pas à pas
Un autre monde se dessinait sous mes doigts
Imagine que nous nous aimions
Que toute la Terre n’était qu’un grand paradis
En avions-nous vraiment envie
Quand l’éducation nous encourageait à être le plus fort
A conquérir un territoire toujours plus vaste
Je te disais les mots bleus
Traversant les yeux
Ceux qui rendaient les gens heureux
Depuis mon adolescence
J’avais rêvé de cette maison
San Francisco quelque part
Où il faisait bon se retrouver
Echanger
Jouer et chanter
Bien boire et bien manger
Là où la cheminée toujours crépitait
La maison du bonheur
Un oeil sur la mer
L’autre blotti sur ton coeur
Un nid où renaître
Au pied de la montagne
Des chênes ou des séquoïas centenaires
Petite philosophie du soir
Je laissais le soin à Catherine Rambert de conclure
Juste un instant
« Pour réussir sa vie
Il faut trouver l’audace de vivre
A la mesure de ses talents
A la hauteur de ses possibilités » (1)
Quand la mélancolie nous gagnait
Toi et moi
Thierry Rousse
Nantes, dimanche 17 décembre 2023
« Une vie parmi des milliards »
(1) « Petite philosophie du soir », Catherine Rambert ( édition Le Livre de Poche )