Presque une journée parfaite

Cela aurait pu

Être

Presque une journée parfaite

Ce dimanche enfin gorgé d’un soleil de printemps

Presque une journée parfaite

Cette journée entre amis

A nous régaler d’huîtres

Dans le vignoble du Muscadet

Presque une journée parfaite

Dans cette grande villa provençale

Du vignoble nantais

Piscine et oliviers

Où des chevaux de toute beauté

Dans les prés retournés

Nous invitaient à la plus délicieuse liberté

Cap à l’ouest

Les pieds en éventail

Presque une journée parfaite

Si l’une des langues de ces amis

La langue de Diane

N’avait fourché

Comme une cisaille

A parler d’une absente

A dire ainsi qu’elle devait être bien heureuse sur son île

Que la vie était belle

Qu’elle en profitait bien

Cela aurait pu être presque une parole parfaite

Que du bien dit sur elle

S’il n’y avait sur le bout de ta langue

Diane

Cet air vilain

Tant de mépris

Pour mon amie

Tant d’ignorance

Pour sa maladie invisible

Si tu avais compris

Seulement

Diane

Qu’elle n’avait eu d’autres choix

Que de se retirer sur cette île

Au milieu de l’Océanie

Que rien en France

Ne l’avait vraiment soutenu

Pas même toi

Que la peur de tous ces gens

Se protégeant dans leur bulle de bien-être

La position parfaite d’un yoga déraciné

Cela aurait pu être

Autrement

Presque une journée parfaite

A savourer ce soleil radieux de l’amitié universelle

Presque

S’il n’y avait encore toutes ces guerres de mots déplacés sous les cieux

Cela aurait pu

Être

Presque la paix

Proclamée

La paix

Des lèvres des prophètes qui en brandissaient

Haut dans le ciel l’étendard

Presque un monde possible

A moins qu’il ne fut d’artifices bâti

Presque une journée de sourires

De petits princes et de renards

Si tu ne l’avais brisé

Diane

En mon coeur

Par tes jugements

A la légère

Attirant vers toi tout l’auditoire

A prononcer tes mots de vipère

Contre mon amie absente

Je suis parti

Chercher un autre paradis

Je me suis frayé un chemin entre les fougères

C’était presque une journée parfaite

Et j’ai marché

Tel un Robinson Crusoé

Au bord de la grande marée

Et j’ai trouvé ce village coloré

Bien caché

Et sur ce banc

Entre deux hôpitaux

Je me suis assis

Pour écrire ces mots

Et retrouver le repos

De mon âme

Près d’un renard

Qui m’a souri

Veux-tu être mon ami

Je te préviens

Je suis blessé

Nombre de chasseurs ont voulu me tuer petit prince

Renard

Lui ai-je répondu

Tes blessures sont les miennes

Veux-tu être mon ami

Et tous deux

Sommes repartis

Dans notre tanière

Au milieu de la mer

C’était presque un monde parfait

S’il n’y avait encore

Autour de nos corps

Tous ces tirs

Sans sourire

Et ces derniers soupirs

Criant

Je veux vivre

Le sursaut des étoiles

A cette heure

M’a réveillé

C’était presque une nuit parfaite

Thierry Rousse
Nantes, lundi 11 mars 2024
"Une vie parmi des milliards"

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