L’heure du rassemblement amoureux

“Et toi qu’es-tu venu

Faire en ce monde ?” (1)

Nous demande le poète Omar Khayyâm

Ce libre penseur qui a observé

Jusqu’aux confins du désert

Toute sa vie durant

L’univers

Et ses feuilles se multipliant sans fin

Oui

Qu’es-tu venu faire en ce monde

Oeil curieux

T’en émerveiller

Découvrir toute l’étendue

De ses courbes nues

Tous les recoins de sa beauté

Le parcourir pour y rencontrer

Dans sa diversité

Toute l’humanité

Tisser des liens

Échanger

Mettre en commun

Ce qui nous est commun

Toi et moi

Essentiel

Dans le ciel de nos quartiers

De lune

Accueillir

Jouer

Sourire

Créer

Retrouver notre âme libre créatrice

Enfants du monde

Être toujours de leur côté

Quoiqu’il arrive

Car

Les enfants du monde

Ne connaissent pas de frontières

Les enfants du monde se mélangent

Et s’enrichissent de leurs échanges

Leur arbre

Au milieu de la cour de leur école

Est un arbre à palabres majestueux

Une piste vers les étoiles d’où l’on décolle

Un oasis

Où tous les pays se rassemblent

Où tous les esprits dignes de paix

Sont unis d’une même sève

La grande vie intemporelle et universelle

Car

Les enfants du monde cultivent leur jardin

Chacune de ses parcelles

Et savent en prendre soin

Arroser ce que leurs mains ont planté

Cueillir l’offrande de la nature

La récompense de leurs efforts

Car

Les enfants du monde

Savent partager

Chaque midi

Ses fruits

Même si les temps sont durs

Leur générosité perdure

Car

Les enfants du monde chantent

Jouent des tambours et des cymbales

Libres comme des libellules

Dans l’air

Déambulent

Ensemble on est plus fort

Notre vie est un bal ouvert

Alors

Un trente juin

Quand l’oeil malin entre dans leur jardin

S’apprête à couper leur arbre originel

Pour les diviser les opposer les classer

Leurs cœurs à fond les décibels

D’un même chœur répondent

Qu’es-tu venu faire en ce monde

Toi l’oeil à l’âme du mépris

Regarde-nous

T’as perdu

Le soleil brille

Dans nos cœurs

Et danse

En chœur

Sur toutes les musiques du monde

Se balance d’une rive à l’autre

Et cet amour-ci

Puissant

Est de toutes les couleurs

Comme les fanions que nous nouons

Un à un

A la toile des araignées étincelante

Il n’a pas de frontières

Il est infini

Comme une lance invisible

Alors

Oeil malin

Change ton regard extrême à droite

Si tu ne veux pas être transpercé

Choisis un autre oeil

Notre château est le plus beau

Il est de sable de perles et d’eau

Il n’a pas de murailles

Il se débarrasse de tout attirail

Il est éventail de rires et de tendresse

Tout le monde est invité à sa fête

Il n’a pas de stratagème

N’appelle pas à voter pour son ennemi

Il est loyal et ses pas sont droits

Seul l’amour est sa loi

Et son pont-levis

Élève nos vies

Et ses douves

Dans l’intimité des lits

De nos rivières

Ne connaissent point de guerres

Ses cloches sonnent chaque matin

Chaque nuit

L’heure du rassemblement

Sous des cieux

Amoureux

“On ne voit bien qu’avec le cœur” (2)

Signe l’aviateur poète libérateur

Et tous deux

Antoine comme Omar

Comme chaque voix de tout genre

Interroge notre bon sens

Aiguise notre conscience

Par cette douce révélation

Cette profonde libération

“Et toi qu’es-tu venu

Faire en ce monde ?”

Thierry Rousse
Nantes, lundi 1er juillet 2024
"Une vie parmi des milliards"
(1) Omar Khayyâm, "Vivre te soit bonheur !", éditions Gallimard Folio sagesses
(2) Antoine de Saint-Exupéry, "Le petit prince", éditions Gallimard

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