De la séparation
Ce qu’elle
Ce que tu ne ressentais plus pour lui
Ou peut-être
Ce qu’elle
Ce que tu n’avais jamais vraiment ressenti pour lui
Ou tout simplement la vie
Celle dont tu rêvais était ailleurs
Avec un autre que lui
Comment lui annoncer ton départ sans le blesser
Sans le percer
Sans le transpercer
Car au fond
D’elle
De toi
T’éprouvais de l’affection pour lui
Natalia en était là avec Simon
Chapitre six
“Rien n’est jamais écrit d’avance” (1)
Natalia
Là
Dans ses réflexions
Là
Dans ses confusions
Là
Dans ses persuasions
Là
Dans ses questions
Là
Dans ses intuitions
Là
Natalia
Lasse
Simon
T’allais t’endormir avec Natalia dans ta tête
Son point d’interrogation dans ton cœur
Comment dire les mots
Ou ne pas les dire
Juste les faire comprendre d’un signe
Ces mots qu’on signe
Peut-être d’un geste
D’un regard
D’un reproche
D’une envie
Juste l’envie d’être ailleurs
Natalia
Comment dire tes maux
Cette histoire qui te réveillait au milieu de ta nuit
Quand tu culpabilisais de le quitter
Quand t’avais pourtant besoin de ta liberté
Vivre pleinement ta vie
T’épanouir
Jouir librement
Ne pas avoir à dépendre de lui
Voler de tes propres ailes
Lui
Simon
Il avait su t’abriter au moment où t’en avais vraiment besoin
Être ton nid douillet rassurant
Trois mois écoulés
T’avais repris des forces
Tu pouvais t’envoler vers ta destinée
La grande ville qui te faisait rêver
Fuire cette province trop calme à ton goût
Où tu ne voyais aucun avenir
Aucun tremplin pour te réaliser
Qu’une routine où t’enfoncer
Une campagne où rien ne se passait
Qu’un vol d’hirondelles
Il resterait toujours pourtant lui
Dans ton cœur
Ton ami
Ton confident
Simon
Pouvait-il le comprendre
Sans se sentir abandonné
Sans se sentir trahi
Ou utilisé par toi
Natalia
Pouvait-il t’aimer jusque là et après
Pause autour d’une bière
Il est des êtres
Sur terre
A vocation
De passeurs migrateurs
Crois-tu qu’ils connaissent le bonheur
La joie d’offrir
Sans rien attendre en retour
Reprise du récit
Simon te répondrait-t-il dans l’heure
Ou
Se protègerait-il pour ne plus souffrir
Ne plus espérer être aimé
Comme on aime sa moitié
Simon
Natalia
Combien d’ils comme lui
Construisaient des murs
Pour oublier
Dans la routine
La femme tant aimée
Combien de Simon
Puisaient dans leur travail
Dans une détente planifiée
Un emploi du temps bien orchestré
Des lieux bien identifiés
Leur survie
On pouvait passer toute une vie seul
Au milieu des autres
N’être qu’une série de missions programmées
Naître
Vivre
Et mourir
Connaissais-tu toi les larmes des temps gelés
Simon espérait toujours
Voulait ramener la femme qu’il aimait vers lui
Natalia
Elle avait besoin de vivre simplement sa vie
Le comprenait-il
L’amour était-il appartenance
Ou
Délivrance
Comment dire les mots sans qu’ils blessent
Dire que c’est fini
Que t’as dit le mot de trop
Dire que c’est fini
Que tu n’as pas dit le mot qu’elle attendait
Peut-on tracer un trait définitif
Pour une histoire de mots
Effacer les effusions de tendresse au bord de l’eau
Les sourires et les rires
Les instants de complicité
Les étreintes fusionnelles sur un banc
New York avec toi
Comment dire les mots de la séparation
Comment dire les mots de la réconciliation
Comment dire
Comment te dire
Comment tout te dire
Natalia à Simon
Je suis loin de toi à présent
Le temps s’est écoulé
Je traverse l’océan
Quand toi t’es encore au bord d’une rivière
Quand toi t’es encore au bord d’une rivière
Simon
Fin du chapitre six
Thierry Rousse
Nantes, vendredi 4 octobre 2024
“Une vie parmi des milliards”
(1) “Rien n'est jamais écrit d'avance” Daniel Bercheux, éditions Maïa