Parler d’la mort
C’est p’t-être bien parler d’la vie
Quand as-tu su qu’t’allais mourir
A quel âge tu t’souviens
Qui t’l’a dit
Comment l’as-tu appris
Est-elle innée ou acquise
La conscience de la mort
Qu’est-ce que ça t’a fait de savoir
Qu’t’allais mourir
A l’âge où tu l’as su
Que pouvais-tu en dire
Pouvais-tu au-moins en parler
Pouvais-tu seulement y réfléchir
Non j’pense pas
Peut-être que ça s’est logé
Dans la mémoire d’ton corps
Peut-être t’a-t-il dit alors ton corps
Faut qu’tu vives
Jusqu’à cet instant qu’tu ignores
Cet instant où ton corps sera mort
Faut qu’tu vives le plus heureux possible
Qu’tu prennes soin d’ton corps et d’ton âme
Faut qu’tu aimes
Qu’tu les aimes
Ton corps et ton âme
Et tous les autres corps
Et toutes les autres âmes
Parler d’la mort
C’est p’t-être bien parler d’la vie
Et que fais-tu des corps qui sont morts
Chéris-tu leur âme encore
Avec qui vis-tu
Que connais-tu des origines de la vie
Et de cet infini de l’univers
N’es-tu que poussière d’étoile
Qui se pose sur la terre
Emportée par les ressacs de la mer
Parler d’la mort
C’est p’t-être bien parler d’la vie
Honores-tu les morts chaque jour
Au même titre que les vivants
Vis-tu avec eux
Penses-tu à eux
Comme un dieu éternel
Au-delà des murs des cimetières
Ta pensée fidèle éviterait bien tant de guerres
Parler d’la mort
C’est p’t-être bien parler d’la vie
Combien en as-tu tué d’êtres vivants pour vivre
Combien en as-tu sauvés
A qui t’as donné vraiment la vie
T’es-tu nourri seulement de la vie
Parler d’la mort
C’est p’t’être bien parler d’la vie
Thierry Rousse
Nantes, mercredi 9 octobre 2024
“Une vie parmi des milliards”