Douze autres autres soleils et lunes

Une vie parmi des milliards

1

L’univers est bien trop vaste pour être contenu dans une église

2

De tout lieu

Fais-en un champ sacré

Par la seule présence de l’univers

Qui t’a vu naître

3

Quand le fleuve se tarit

L’urgence est de revenir à sa source

4

L’être ignorant ou asservi

A durci la terre

Les perles du ciel

Cherchent aujourd’hui ses fissures

Pour la pénétrer

5

La source est offerte à chaque être

Qui veut la partager

Non la posséder

6

La source est une lune

Un soleil

7

Devant Toi

J’ai vu

L’intensité d’une lumière

Embrassant tout mon corps

8

J’ai saisi ta force

Ta douceur

Dans l’instant d’un présent

9

Soleil

Et

Lune

Couple uni

J’ai fait de vous mes amis

Pour la vie

Rythmant mes jours et mes nuits

10

Note au seuil de ta nuit

Un

Ne pas confondre les étoiles aux satellites

Te connecter à l’univers avant internet

Toujours commencer par le début

Ou la fin

Un

11

Pensais-tu vivre

En coupant ce lien

A ta véritable source

12

Cette pelle

Et ce seau

T’attendaient au soir sur une plage

Au bas de ses marches

Toi qui devais te procurer du sable

Pour une performance

L’âme du calligraphe

Tu t’inquiétais durant tout ton chemin

Longeant la côte au crépuscule

De Saint-Gilles à Saint-Hilaire

Comment remplir entier un sac

Seulement de mes mains nues

Tu t’arrêtais là par hasard

Devant une crique discrète

Ignorant la présence

Sur ses grains d’or

De ces précieux instruments

Une pelle et un seau

Délicatement étaient posés

Au bas des marches

S’offrant immédiatement à ton regard

La lune avait entendu tes inquiétudes

Depuis longtemps

Elle t’avait précédé

Avant que tu ne sois né

Nu

Issu du ventre de l’univers

Sur la route de toi-même

O toi mon cher enfant

O toi mon Petit Prince

Constate simplement les coïncidences de ta vie

Comme une évidence

Tous ces signes de l’univers

Te révèlent son entière présence

Douze autres autres soleils et lunes

Font sur tes pages cette fois-ci la une

Thierry Rousse
Nantes, mardi 28 mai 2024
"Une vie parmi des milliards"
Sur la route de Soi

Douze autres soleils et lunes

Une vie parmi des milliards

1

Tu es tombée dans la grâce

Comme le thé tombe dans la tasse

2

Ta peau est divine

Comme un thé à la menthe

3

Ton parfum s’écoule sur mes lèvres

Indéfiniment

4

Dans ton jardin

La grâce m’invite

Me souffle les mots du cœur aimant

5

Dans ton dernier souffle

Tu m’embaumes de ton parfum divin

6

Je me promène dans la roseraie de ton cœur

Toutes les roses me rappellent à toi

7

Si je t’ai perdue

C’est que je t’ai oubliée

8

Si je me suis enivré de vin

C’était pour retrouver cette nuit

L’éclat de ton sourire

Le joli chemin

De ta main

9

Les lettres de ton amour

Ont dansé toute la nuit sur mes yeux

Comme des flammes

Comme des braises

Comme une cendre ravivée

Par le souffle de la vie

10

Au milieu d’une allée

Dans l’obscurité

Je suis tombé

Et ta tendresse infinie

De mes pas trébuchants

Hésitants

De sa toute puissance

M’a relevé

11

Tu as retenu mon corps prêt à s’élancer

Je n’avais pas vu cette voiture arriver

12

Si aujourd’hui je suis en vie

C’est grâce à toi mon amie

O Toi ma lune

O Toi le soleil de mes nuits

Thierry Rousse
Nantes, lundi 27 mai 2024
"Une vie parmi des milliards"

Douze soleils et lunes

Une vie parmi des milliards

1

Si tu veux te réconcilier avec la terre

Épouse l’univers

2

Si tu veux sauver la terre

Relie ton âme au ciel

3

Si tu veux grandir

Fais de l’amour ton plus grand désir

4

Si tu veux le bonheur

Accueille le malheur

5

Si tu veux te protéger

Ouvre tes bras au nouveau-né

6

Si tu veux voir le soleil

Laisse-toi guider par la lune

7

Si tu veux fuire tes nuits obscures

Accroche ton cœur à la lune

8

Si tu veux connaître l’éternité

Laisse jaillir en toi le verbe aimer

9

Si tu veux te connaître

Invite en ton cœur le soleil et la lune

10

Si tu veux être toi

Sois le soleil et la lune

11

Si tu veux continuer

Apprends toujours à aimer

12

Si tu veux

De ces douze soleils et lunes

L’univers t’invite avec tendresse

Dans son plus beau jardin

La terre

Thierry Rousse
Nantes, lundi 27 mai 2024
"Une vie parmi des milliards"

Papillon Poème

Une vie parmi des milliards

Papillon t’es de passage

T’as plié tes papiers

Enroulé ton parchemin

Sous la pluie Papillon tu prends du poids

T’aurais bien aimé avoir un parapluie Papillon

Un parapluie pour protéger tes pétales

Papillon sous la pluie t’es en perdition

Des prairies t’en prends plus aucun plaisir

Papillon tu ressembles à présent à une patate

On pourrait te presser comme un pamplemousse

Papillon papier journal pourri

T’apparais tout petit trempé sous la pluie

C’est pas un temps pour toi Papillon

Purée de vie péripéties

Papillon pomme de terre collé sur un parterre de pâquerettes

Pétales pressées et compressées

Papillon pendentif

Tu n’es plus qu’un poème Papillon

Thierry Rousse
Nantes, 26 mai 2024
Atelier d'écriture avec Mélanie Leblanc, 25 mai 1024, Festival Les mots à la bouche, Nantes

Blue Street

Une vie parmi des milliards

Blue Street

Du migrant

Blue Street

Face au vent

Tu lâches prise

En temps de crise

T’insistes plus

Tu y as cru

T’as espéré

Trop compliqué

T’as tout compris

T’es pas d’ici

T’es un migrant

Partout errant

Tu as écrit

Dans ton esprit

La tête en l’air

Je veux la mer

Bye pour de bon

Château-Landon

A Château d’Anne

Au pas des ânes

Longeant la Loire

Gonflé d’espoir

Blue Street

Du migrant

Blue Street

Face au vent

Marcel

Tu es l’immigré en terre bretonne

Deux ailes

Au fond des douves les cloches on sonne

Que viens-tu faire là

Avec ton air d’apparat

Toi le parigo de la région du Loing

Raconte-nous ta vie dis-nous tous tes besoins

Viens-tu voler le travail des habitants

Ceux qui vivent au pays depuis longtemps

Tu sais qu’on rêve tous du même métier

Ton nom est sur liste d’attente oublié

Catégorie métiers les moins désirés

Main d’oeuvre non qualifiée et peu payée

Blue Street

Du migrant

Blue Street

Face au vent

Hé toi Marcel qui as voulu venir chez nous

Devant nous commence par te mettre à genoux

Hé toi Marcel du vrai travail on va t’en trouver

Hé toi Marcel le blanc migrant le réfugié

Ne compte plus tes pieds

Et marche ici à pied

Tes compétences

Tes diplômes

Tes expériences

On n’en veut pas

On les a déjà

Ou faut vraiment que tu sois exceptionnel

Que tu brilles d’excellence

Toi l’artiste étranger

Inconnu

Poussière dans la rue

Transparent

Que tu nous fasses décoller au septième ciel

Au-moins ton exil aura un sens

Il te reste à chanter

Un pied dans le vide

En toute liberté

Le Blue Street

Du migrant

Le Blue Street

Face au vent

Tu lâches prise

En temps de crise

T’insistes plus

Tu y as cru

T’as espéré

Trop compliqué

T’as tout compris

T’es pas d’ici

Tu marches dans la nuit

Sous les lampadaires

Les étoiles de naguère

Tu t’imagines Petit Prince

Ta ville est un désert

Jadis était la guerre

Et forcément une rose t’attend

Noble migrant au coeur pur

Au-moins

Tu as fait deux heureux

Un samedi midi au miroir d’eau

Roméo tient la main de sa Juliette

Et tous deux s’aiment

Du plus beau

Du plus tendre amour

Pour toi

La voix fêlée

Tantôt aimée

Tantôt rejetée

Qui vient à toi

T’adresser une parole

Y’a le fossé des générations dit-on

Qui parfois retient la conversation

Toujours le Blues Street du migrant

Depuis longtemps

Tes larmes se sont envolées avec le vent

Tu descends l’étroite rue pavée

Tu te prends pour un saltimbanque

Au Moyen-âge

Il y avait une auberge bleu

Porte close de tous les désirs

Jouissances des corps ravis

Ton jazz ce soir a le blues

T’as juste envie de vivre

Être heureux

Est-ce la couleur bleu le bonheur

Tu poursuis ton chemin

Vers la sainteté

Tu croises le vieux Mathelin

Le dos courbé

Trente six ans à bâtir sa cathédrale et son château

Lui aussi était un migrant

D’un peu moins long

Ce Bon Maistre masson

Il venait de Tours

Il était corps et âme

Dévoué au son Duc le cinquième Jean de Bretagne

Jusqu’à soixante dix ans dans les tours

Les pigeons le voyaient affairé sur les chantiers

Ce brave Rodier Mathelin

Un marin en terre bretonne

Dans les douves on sonne les cloches

T’aimerais bien en être une

Main agile

Construire de tes mains

Le Chef d’oeuvre dont on se souvient

Une cathédrale de mots

Fragiles

Un château de sable fin

Petit Prince

Pour ta rose

Ta Duchesse

Tu lui offres

Une cour de tendresse

Tu oses

Enfin

Saisir sa main

Elle te sort de l’eau

Tu lui confies tes mots

Le Blues Street

Du migrant

Le Blue Street

Face au vent

Thierry Rousse
Nantes, samedi 25 mai 2024
#unevieparmidesmilliards

Pourquoi Gengis Khan (2)

Une vie parmi des milliards

Pourquoi

Tu n’en avais pas fini de Gengis Khan

En ce mois de février

Tu ne l’avais pas oublié

Malgré la maladie qui t’affaiblissait

Tu avais besoin de comprendre

Tous ces drapeaux majestueux qui flottaient

Sous les cieux

Marcel

Avoir le fin mot de cette affaire d’Etat

Pourquoi avions-nous toujours abordé l’histoire

Les richesses de son patrimoine

Sous l’oeil de ses conquérants

Et jamais avec les yeux des coeurs

Des femmes et des hommes aimant

Ces êtres qui avaient contribué de tout temps

A l’entente

Au partage

Au respect

Au pardon

A l’entraide

Pourquoi rendions-nous à ces âmes de paix

Si peu hommage dans les musées nationaux

Tu avais besoin de comprendre d’où venait l’eau

Marcel

Tu avais besoin de tout comprendre

Tout comprendre de la terre

Avant de rejoindre le ciel

Sur un banc

Tu te disais

Par ton écriture

Que tu pourrais changer le cours de l’histoire

Pour l’avenir de ces enfants

La tâche était ambitieuse

Utile

Tu croyais aux mots

Futiles

Le verbe s’était fait chair

Sur une croix

Marcel

Tu voulais comprendre

Comprendre la soif de conquête de Gengis Khan

L’hiver venu

Sur les fleuves et les lacs gelés

Rien que prononcer son nom brisait la glace

La crainte pouvait rassembler les gens

S’unir pour résister

S’enfuir

Ou s’allier

Quel camp choisirais-tu

Marcel

Le clan mongol

Oligarchique

Tyrannique

Ou l’autre

Son père avait été assassiné

Enfant fut-il

Ôté de sa tribu

Reclu

Sa promise lui avait été enlevée

Les siens étaient dès lors sous la coupe de leur ennemi

Le jeune Gengis engrangeait

Ses souffrances subies

En silence nourrissait son appétit de vengeance

Déchirements sans fin

Il préparait secrètement sa stratégie

Autoproclamé par le ciel défenseur d’une noblesse bafouée

Le temps fit sa conquête

Sa réputation engendrerait la soumission

Gengis Khan devenait le chef que les tribus craignaient et respectaient

Il rassemblaIt sous ses ordres ses ennemis

Ses futurs alliés

Son ambition

Être le chef suprême des Mongols

Il irait jusqu’à affronter son frère

Le vaincre

Et atteindre

Le trône

Souverain universel

Son empire était né

Qui osait parmi vous me faire croire

Qu’au final il était le bon apôtre de l’union

Le réconciliateur des religions

L’homme de paix par excellence

Non

Le dix mai était venu

Et le soleil enfin ou presque

Tu restais avec tes questions

Marcel

Arpentant les rues de Nantes

Sous une pluie battante

Pourquoi Gengis Khan

Pourquoi Gengis Khan

Pourquoi Gengis Khan

En mai

Fais donc ce qu’il te plaît

La danse revient aux jardins

Le vieil empereur est parti

Dans sa valise chargée de regrets

Le pont-levis s’est levé

Une mère protège la vie

Pourquoi Gengis Khan

Mon enfant

Thierry Rousse
Nantes, vendredi 24 mai 2024
"Une vie parmi des milliards"

Slam Party Deux

Une vie parmi des milliards

Sonne la fin de la première partie

Déjà la moitié du public est partie

Les grands champions en douce ont filé aussi

Toi t’attends assis la deuxième partie

Fin d’un show époustouflant chaque fois unique

Les mots des coeurs gagnants ont vibré sans musique

Les thèmes se sont mêlés aux fleurs du houblon

Dans l’assemblée se sont affrontés les plus bons

De leurs sons leurs voix ont arrêté notre temps

Des pseudos Rouge restent gravés pour longtemps

Nono Nos on n’est pas prêts de les oublier

A leur souffle leurs voix nous ont tous relié

La sueur dans les cœurs on dit qu’c’est du bonheur

Sur les scènes slam on aime tous la chaleur

Break l’heure n’est plus à la compétition

Mecs meufs la pinte est aux congratulations

Pause méritée des âmes mises à nu

Prendre son trophée d’or dans l’air de l’avenue

Dehors trop de gens tu cherches à qui parler

Besoin de digérer tout seul les coups portés

De l’amour des vies de toutes leurs voies vécues

Le slam c’est la littérature de la rue

Au coin révise ton articulation

Commande ton demi avant l’audition

Petit tu es sur la touche des remplaçants

Peut-être dans dix ou vingt ans des futurs grands

Les motivés sont à la ligne de départ

Près au combat même s’il est déjà trop tard

Trois héros se sont glissés le ton est donné

Sur la scène slam Deux des premières fois

Débutant tu te souviens de ton émoi

A compter tes pieds

Raccourcis allongés

Tes lames de vie

T’ont donné l’envie

Le micro était devant toi

Haut il était ton porte-voix

Dans les vestiaires de ta feuille

Tu tremblais comme ton beau recueil

Au présent

Un instant

T’affûtes ton stylo

Tu tiens ton propos

Joues avec les mots

Zorro ou héros

Libre oublie tes pieds

N’en sois pas prisonnier

Trouve le bon tempo

Qui glisse sur ta peau

Le flow qui coule

C’est de la houle

Le langage cru

Ne se tarit plus

Perds pas ton sujet

Ton meilleur objet

Cesse de compter

Prends ta liberté

Tes mots entrent dans ton corps

Tu deviens chercheur d’or

Tu les apprends

D’un regard

D’une posture

D’un jeu de main

De bassin

L’écriture

Se déhanche

Tu lâches ses lettres

De tout ton être

Les yeux ont des oreilles

Tu les tiens en éveil

Tu uses de toutes les techniques

Pour conquérir ton public

Qui sait un jour

Ce sera l’amour

Tu te laisseras fasciner

Comme un nouveau-né

Par la compétition

Par cette douce émulation

Tu n’auras pour ambition

Que d’atteindre ta légitimité

A la sueur de tes mots délivrés

Ce que tu recevras de plus beau

Les bravos encore et encore les bravos

Applaudi

Tu te sentiras grandi

Par ce tu dis

Et tu reviendras là

Encore et encore

Une autre fois pour exister

Être un instant aimé

Avoir ta place dans la société

Que cette scène slam a créée

Les poètes sont sortis du terrier

Les derniers seront premiers

Les lapins sont agiles

Leur vie est fragile

On en prend soin

Pour demain

De Nantes à Marseille

De Marseille à Paris

De Paris jusqu’à Lille

Toutes ces îles vous attendent

Même jusqu’en Amérique

De vous à nous

On commandera un cargo

Elan vers Chicago

Smith nous dira Welcom

Alors Go on met la gomme

Sur la troisième partie

C’est le début de la vie

Uniques

Ni musique

Slam Party Deux

On se prend tous pour des dieux

Thierry Rousse
Nantes, jeudi 24 mai 2024
"Une vie parmi des milliards"

Nu devant ta glace

Une vie parmi des milliards

Au petit matin ce que tu vois dans ta glace

Ton corps ton visage ridé le temps qui passe

Quels sont ces poils en pagaille des araignées

En déambulation sur l’bout de ton nez

Ou cette désertification flagrante

A la triste cime de ton crâne affligeante

Ou des deux côtés ces belles poignées d’amour

Qui n’ont rien vraiment plus rien de glamour

Ou ce dodu ce gros cet imposant bidon

Bébé bières pâtes pizzas saucissons

Formes indécentes déformé ton miroir

Éteins donc tu es si raffiné dans le noir

Il n’y a dans les vignes que deux parts d’yeux

Qui se prennent toutes deux pour de beaux dieux

Avec ce croquis de face es-tu en accord

Confesse tes premières réactions

Dessine ses traits vois comment change ton corps

De ta longue vue sois son évolution

Scrute ses changements en bien ou en mal

Qu’est-ce que le bien le contraire du mal

Adam Eve sur la balance des pesées

Serpents éloignés souvenirs de leur beauté

Tentations affaissement de tant d’années

A tout croquer d’envies des fleurs leur liberté

Va sur les plages naturistes en été

Joue donc un peu le touriste décomplexé

De quelle façon veux-tu modeler ton corps

Toi sculpteur qu’aimerais-tu changer au dehors

Quelle facette de toi-même pour te plaire

Quel avantage quel atout pour lui plaire

Te plaire et lui plaire l’un va pas sans l’autre

De tous les modèles sois ton meilleur apôtre

A tous ces regards croisés comment peux-tu plaire

Si tu oublies de faire rayonner ton être

Si tu ne te plais pas nu déjà à toi-même

Si tu fais pas de ton corps ton plus beau poème

Muscle tes pensées déploie-toi et perds du poids

Joue avec les mots cours sur la route de toi

Ne te juge plus accouche de cette graisse

D’idées conçues qui te tiennent comme une laisse

Sur les plus beaux monts sois un génie peintre grec

Mange ces olives laisse ces sandwich mec

Ouvre ton intérieur ta joie ta chaleur

Souris ton soleil se voit à l’extérieur

De tout temps mise sur son éclat rayonnant

A tous les vents offre ton plus beau cœur aimant

Élancé vois les regards éblouis d’émoi

Ou constate cette évidence autour de toi

Aucun de ces corps ne t’invitent à leur danse

Au musée des Beaux-Arts tes mots sont en errance

Tu sors des cadres tu n’entres pas dans les codes

De l’homme ou la femme qui en écrit son ode

Nu devant ta glace au soir les années te pèsent

Tu as beau devant les feux la jouer balaise

Diane ou bel Apollon ne sont plus que braises

Tu construis un autre monde sans miroir

Couleur après couleur tu remplis ton grimoire

Tu trouves ton ancrage en l’ancre que tu lèves

Entre tes rides coule le ru d’une sève

Au petit matin ce que tu vois dans ta glace

Ton corps ton visage apaisé le temps qui passe

Thierry Rousse
Nantes, mercredi 23 mai 2024
"Une vie parmi des milliards"
Des Kilos de Soi

Que deviens-tu

Une vie parmi des milliards

Tu venais de recevoir sur Messenger

Ce samedi dix huit mai deux mille vingt quatre

A une heure cinquante précise de ta nuit

Ce message d’une amie

Que tu n’avais pas vue

Depuis au-moins quatre ans

Que deviens-tu

La question était simple

Directe

Concrète

Concise

Trois mots et un tiret

Que deviens-tu

Tu aurais pu lui répondre instantanément

Je deviens un géant

Et signer

A la fin

Bises

A une heure cinquante et une précise de ta nuit

Ton corps en effet

Etait

A cette heure tardive ou matinale

Encore éveillé

Mais tes idées

Après minuit

N’étaient pas vraiment fixées

Pas vraiment définies

Pas vraiment certaines de leurs mots

Tu ne pouvais que lui répondre

Cette pirouette

Ou ce genre de phrases si banales

Je deviens vieux chauve et gros

Alors

Tu reportais

Au lever du soleil

Ta réponse

Ce que tu deviens

Ce que tu deviens

Cogitant

Ressassant en boucle

Tout le reste de ta nuit

Cette question

Que deviens-tu

Rien

Rien qu’une étoile

Que l’obscurité

Le silence

Sous des perles de pluie

Déjà vues

Je deviens un point

Sous

Un

Soleil

Cyclique

Je deviens

Un temps qui s’est écoulé

Comme un élastique usé

Entre illusions et désillusions

Depuis pas mal d’années

De pas foulés

Ce que je deviens

Quels autres mots répondre à cette amie

Tu ne savais pas trop

Quels mots vraiment lui écrire en fait

Comment répondre simplement

De manière honnête à sa question

Sans mentir

Sans rougir

Que deviens-tu

Le champ était vaste

Sous quel angle te présenter

Quel profil

Quelle perspective

Un verre à moitié plein

Ou un verre à moitié vide

Tout dépendait de ton regard

Que deviens-tu

Dire

Ce qu’elle attendait de toi

Dire

L’être que tu voulais être à ses yeux

Dire

La vérité

Toute la vérité

Rien que la vérité

Je le jure

Ou une vérité arrangée

Ou le parfait mensonge

Ou l’illusion

Ta vie rêvée

Tes mille et un songes

Tes secondes de gloire

Ce qui brille de toi dans le noir

Un verre de Champagne à la main

Que deviens-tu

Genre réponse rapide

Superficielle

Abrégée

Vite faite bien faite

Miroir renversé

Ça va

Je poursuis ma route

Et toi

Genre temporalité

Ce que je deviens la nuit

Ou ce que je deviens le jour

Ce n’est pas vraiment la même chose

Tu sais

Voire pas du tout la même chose

Mais pas du tout la même chose

Ou genre bien ciblé

Catégorie professionnelle

Ou sentimentale

Ou sanitaire

Ou financière

Ou réponse genre un peu plus poussé

Plus développé

Plus détaillé

Genre dissertation

J’ai bien appris ma leçon

Introduction

Thèse

Antithèse

Synthèse

Conclusion

Et déjà là

Ça te demandait des jours de réflexion

Ce que tu deviens

Non

Quand même pas le pion de Napoléon

Quand même pas

Ou genre philosophique

Objectivement

Ou

Subjectivement

L’objet de moi que je décris face à moi

Ou le sujet qui le voit traversé d’un tas d’émotions et de sentiments

Lui poser d’emblée ta problématique

Comment capturer ma vie

Ou mes vies

A quel moment

Sur quelles cimes

Dans quels creux

De mon être

Oscillant à chaque instant

Ce que je deviens est toujours un mouvement

L’esquisse d’un portrait

Une succession de faits

Jamais finis

Jamais finis

Une succession de poids

Que je trimballe

Un peu comme des croix

L’aveu d’un jeu entier d’échecs

Semé de quelques réussites

Le fou du roi

Les cailloux dans ses souliers

Qui me poussaient à vivre

A jouer

Encore un peu

Encore beaucoup

A la folie

Passionnément

Jusqu’à Lorient

Chercher une île perdue

Au soleil couchant

Ce que je deviens

Genre poétique

Chrysalide et papillon

Je tourne un peu en rond

Je fais des bonds de la terre au ciel

Petits cailloux sur l’eau

Ce que je deviens

Tu pourrais aussi lui dire

A tes heures saugrenues

Je suis derviche tourneur

Juste pour la surprendre

L’éblouir

Juste pour t’élever jusqu’à ses yeux

Dans un bain de douceurs

Lui répondre dans le jardin clos des poésies

Ton autre vie

Ton cantique imaginaire

Un palmier

Ou une rose

Sous les cieux

Ce que tu deviens

Un champ de vin

Un air divin

Un reporter sans frontières

En lévitation au-dessus de la Terre

Ou

Plus terre à terre

Un amoureux de mots

Un Cyrano à Clisson

Un polisson

Un joueur de sons

Ou plus terre à terre encore

Un atterrissage forcé

Le bout du nez cassé

Dans les camps de la réalité

A l’aube des grisailles

Et des cisailles

Vaille que vaille

Ce que tu deviens

Un animateur

Parfois conteur

Parfois comédien

Dans la peau de quelques personnages

Des fragments d’histoires

Ce que tu deviens

Un écrivant

Un récitant

Une voix derrière un micro

Un poème soufi

Quelques fois

Plusieurs fois

Chaleureusement applaudi

Suffit

A tes yeux

Tes oreilles

Pour leur donner vie

Ce que tu deviens

Un collectionneur de sonorités

Un aligneur de mots semés

Ce que tu deviens

Un migrant

Une ombre sur le trottoir

Ce message que tu venais de recevoir sur Messenger

Ce samedi dix huit mai deux mille vingt quatre

A une heure cinquante précise de ta nuit

Que deviens-tu

Une interrogation

Au bord de l’océan

Un miroir d’eau

Un coeur refoulé

Désiré

Vagabond

Ce que tu deviens

Des contradictions

Des chaussures trouées

Prenant l’eau des dérèglements

Dis-moi si je mens

Ce que je deviens

Je deviens moi

Qui me regarde

Un inventaire d’observations

De définitions

D’estimations sur la balance

Ce que tu deviens

Ce que je deviens

Une confusion

L’autre

Je deviens l’autre

Un prénom

Marcel

Le héros d’un roman en devenir

Un prix Goncourt

C’est un peu court

Jeune homme

Ce que tu deviens

Ce que tu as toujours été

Une vie parmi des milliards

A l’entrée d’une écluse

Attendue

Miroitée

Rejetée

A la rue

Ce que tu deviens

Une utopie dans la dèche

Ce que tu deviens

Des chaussettes qui sèchent

Un livre à cœur ouvert

Que deviens-tu

Que deviens-tu

Une fleur

Un lotus

Ce que je deviens

Ce que je deviens

Tout et rien

Rien que pour toi

Rien que pour toi

Cette lettre

Thierry Rousse
Nantes, mardi 21 mai 2024
"Une vie parmi des milliards"

Sur la route de moi à toi

Une vie parmi des milliards

Sur la route de moi à toi

Il y a cet invisible qu’on sème

Il y a l’intérieur d’une graine

Sur la route de toi à moi

Il y a ce que nous ne pouvons voir

Il y a notre désir de savoir

Sur la route de moi à toi

Il y a ce qui nous a été dit

Il y a, des chercheurs, tous leurs écrits

Sur la route de toi à moi

Il y a des schémas qu’on lit à peine

Il y a ce qui naîtra de la graine

Sur la route de moi à toi

Il y a la vie qui se cache encore

Il y a cette force que j’ignore

Sur la route de toi à moi

Il y a mon rêve, un dattier, toi

Il y a tes fruits qui sont pour moi

Sur la route de moi à toi

Il y a tous ces goûts de nos sens ivres

De goûter ensemble à la joie de vivre

Sur la route de toi à moi

Il y a notre havre, le sommeil

Nos yeux qui se ferment au soleil

Sur la route de moi à toi

Il y a, et la lune, et les étoiles

Et l’univers flottant comme une voile

Sur la route de toi à moi

Il y a ce que les chercheurs doués

De leurs voyages, ne pourront percer

Sur la route de moi à toi

Il y a mille constellations

Entre le vide de nos questions

Sur la route de toi à moi

Dis-moi, le vide existe-t-il vraiment

Je me sens attiré comme un aimant

Sur la route de moi à toi

Il y a ce qu’on nomme ton absence

Dans nos vies, le plus vide des silences

Sur la route de toi à moi

Ton grand vide n’est-il pas mon absence

Ton ignorance, mon indifférence

Sur la route de moi à toi

Il y a ces invisibles “je t’aime”

Sur la route, toute graine qu’on sème

Sur la route de toi à moi

Il y a notre terre, et sous la terre

La graine tombée du ciel par terre

Sous la route de moi à toi

Il y a cet invisible qu’on sème

Il y a l’intérieur d’une graine.

Thierry Rousse
Nantes, dimanche 20 mai 2024
"Une vie parmi des milliards"
Texte pour "Sur la route de Soi"