Minuit

Une vie parmi des milliards

Minuit

Oscillations des aiguilles

Heure des décisions

En rester là

Minuit

Superposition des aiguilles

Heure

Raison

Poser

Stylo

Fermer

Ordinateur

Paupières

Calmer

Pensées

Peurs

Minuit

Immobilisation des aiguilles

Heure

Me ranger

Heure

Me glisser

Sous la couette

Minuit

La grande cache la petite

Heure

Ne pas penser à demain

Heure

Ne pas penser à mon labeur

Heure

Corbeille

Vider

Tête

Attirer

Sommeil

Heure

Balayer

Corps

Désirs

Faire disparaître tous ces êtres de ma conscience

Minuit

Heure

Absence

Minuit

Heure de mon absence

Je ne suis plus ici dans ce lit où tu me lis

J’ignore où je suis

Minuit toujours

Dans quels mondes je navigue

Pilotage automatique

Minuit encore

Heure des galaxies

Trêve dans ma vie

Un port pour mon âme

Minuit

Silence

Un ange passe

M’emporte avec lui

Me conduit dans sa nuit

Où le silence luit

Minuit

Rien

Tout

S’arrête

Disparaît

Dans ma tête

Trou noir

Béance

Page blanche

Où tout pourrait s’écrire

Vide impossible

A combler

Minuit

Oscillations

Superposition

Immobilisation

Heure des décisions

Heure

Ma décision

Continuer

Ecrire

Minuit

Heure

Déraison

Tenir

Stylo

Yeux

Ouverts

Laisser

Songes

Me traverser

S’emparer de mon corps

Interroger mes peurs

Minuit

Heure

Danser

Heure

Sonder les mots

Sur la pointe de tes rochers

Trinquer avec les dieux

Minuit

La Lune est pleine

Enfante mes rêves

Tourbillon

Ascensionnel

Minuit

Heure d’une horloge qui me déloge

Errance

Exil

Mes yeux occupent de nouveaux territoires dans cet espace noir

Mots perdus sous la couette

Songent à l’instant présent

Mondes parallèles

Renversement du temps

Heure des épanchements

Heure des étirements

Heure de ta présence

Heure

Pleine conscience

Minuit

Je suis pleinement ici

Je crée le pays où je suis

Je crée le pays où je grandis

J’habite la nuit

Je flirte avec la Lune

Minuit

Je tisse des liens entre les mondes

Je donne un sens à mon inconscience

Pilotage automatique

Minuit

Heure des galaxies

Fête dans ma tête

Artifices

La voile de mon âme

Minuit

Une araignée passe

M’emporte avec elle

Me conduit

Dans sa nuit étoilée

Minuit

Tous les mots se tissent

Rien ne s’arrête

Je déambule

Sur des fils d’or

Minuit

Et le monde s’endort

Minuit

Et j’observe la nuit et ses couleurs

Minuit

A mille lieux de nuits

Minuit

Echapper à l’ennui

Rien n’est fini

Thierry Rousse
Sète, Festival des Voix Méditerranéennes, Juillet 2024
Suite à un atelier d’écriture animé par Marcel Camill’
"Une vie parmi des milliards"

L’entreprise de l’écriture

Une vie parmi des milliards

L’écriture

Est-elle un travail

Ou un non-travail

Me demande Moni

Et je me dis

Et j’écris

Sur cette place ombragée

A l’ombre d’un lycée

L’écriture

Est-elle un travail

Ou un non-travail

Dis-moi Marguerite 

Et cette question tournoie dans ma tête

Sous le soleil estival de Sète

Et je me dis

Quand martèlent les marteaux-piqueurs

Dans la chaleur des rues accablante de l’été

Quand mes pensées sont en vacances

Dans un ciel bleu sans nuage 

Sans réfléchir

J’écris

A quelle heure j’embauche pour prendre mon stylo ma feuille

A quelle heure j’embauche mon corps à écrire à se dire

A quelle heure je suis déjà en retard et je cours

A quelle heure les bruits assourdissants de la ville

A quelle heure je ne les entendrai plus pour me glisser dans l’imaginaire d’une page blanche

A quelle heure 

Quel est le sujet du jour

Patron quel est le sujet du jour

Il n’y a plus de patron

Ni d’heures 

Et seul je me retrouve devant ma page

A ne plus savoir quoi écrire

Je suis perdu en retard à mon travail

La chaise de la table du bistrot du coin

La place que je m’étais créée soudain

Cette place dans la société à l’heure où tout s’était arrêté

La fonction que je m’étais donnée

Aux yeux des gens et de moi-même

Ecrire le monde du point de vue de mes yeux

On dit que les yeux est la seule partie du corps qui ne vieillit pas

Je m’allonge

La page est bleue comme la mer

Ecrire

Travail ou non-travail

Des mots perçant mon cerveau

J’aspire au repos

J’aspire au silence

A la vacance d’une page blanche

M’oublier pour un temps

Me glisser entre les lignes invisibles des sentiments

Aimer

Ecrire comme on tombe en amour foudroyé

Ecrire ce que tu me dis

Noter

Observer

M’imprégner d’un monde agité

Remuer le fracas l’ordonner 

Comme les mains sculptent la matière à l’état brut

Chercher la beauté ou la vérité

Me laisser traverser

Mourir pour vivre

Ecrire

Rêver d’une autre vie

Enfin le théâtre de la Méditerranée s’invite en mon coeur

As-tu vu ses mots comme des oiseaux qui s’invitent sur les bateaux

Des mots dorés assoupis au soleil se languissent

Forcément la guitare de Brassens n’est pas loin

Je les laisse advenir

Plonger

Ces petits bouts de riens

Echappés

Sur le bout d’une mangue

Saveurs d’une langue 

Ces petits bouts de rien en grève

Marguerite 

J’ai quitté l’entreprise de l’écriture

Tôt le matin 

Pour cueillir tes mots en errance

L’écriture

Un travail en vacances

Son emprise sur ma vie n’est que délices 

Thierry Rousse
Mercredi 24 juillet 2024, Sète
Atelier d'écriture animé par Moni Gréco "Festival Les voix vives de Méditerranée en Méditerranée"
"Une vie parmi des milliards"

Dé départ

Une vie parmi des milliards

Départ

Changer 

Emploi

Changer d’emploi 

Ici rien 

Plus rien 

Quand y’a plus rien 

T’es plus rien 

Plus rien 

Dé 

Départ 

Qu’un corps sur un banc

Plus rien 

Attendre 

Attendre quoi

Plus rien 

A l’ombre

Plus rien 

La terre 

Dure

Trop dure la terre 

T’es rien 

Plus rien 

Dé 

Départ 

Pousse

Plus rien 

Ne pousse

Qu’une terre morcelée 

T’es rien 

Âme fissurée

Changer

Emploi

Dé 

Départ 

Soleil

De l’autre côté 

Traverser

Le soleil t’attire 

En haut de la colline 

Le soleil 

Les fleurs 

Les palmiers 

Les palmiers 

Au-dessus 

Et les fleurs

Et le soleil des palmiers 

Dé 

Départ 

Arroser le soleil 

Et les fleurs 

Et les palmiers 

Jardinier 

Dé 

Départ 

Car ici 

Sur ta terre

Plus rien ne pousse 

Rêves brisés 

Amour rompu

Les graines meurent 

Sur la terre dure

Et tes désirs aussi 

Dé 

Départ 

Partir

Te lever 

Soulever ton corps de ce banc

Partir

Arracher le banc de la terre 

Bancal

Dé 

Départ 

Ton corps bancal nagera

Au fond des cales

L’océan 

Traverser l’océan 

Le soleil t’attire 

Traverser le néant 

Viser le haut de la colline 

Dé 

Départ 

Un oasis t’attend 

Changer 

Emploi 

Mode d’emploi 

Modèle ton âme 

Au temps nouveau 

Dé 

Départ 

Dans la fraîcheur des coeurs

Sème la beauté des fleurs 

Sur des terres fertiles 

Jette ton dé 

Destin 

Sur une île 

T’es arrivé au bout de ta nuit 

Part de toi-même 

A bout portant 

Tire ton corps avachi 

Soleil

Fleurs 

Palmiers 

Colline

Jardinier 

Au bord de la mer 

Dé 

Départ 

Qui t’attendra

La voix d’une poétesse 

Rien 

Plus rien 

T’es plus rien 

Qu’un banc

Sur l’océan 

Flottant 

De minuscules bêtes te dévorent

Es-tu déjà mort

Corps perdu 

Dure ton voyage 

Tu as dépassé l’âge 

Dé 

Départ 

Qu’es-tu venu faire ici 

Dans ce jardin public à Sète 

Tu ne sais plus 

Je ne sais plus 

On est tous un peu exilé quelque part 

T’attends un arrosoir 

Pour exister

Arroser les fleurs 

Les palmiers 

Et le soleil 

Trop brûlant 

Brûle tes yeux 

Dé 

Départ 

Y-a-t-il un emploi pour tes mains nues

Au temps dans la fraîcheur des coeurs émus 

Enracine ton existence 

Je sèmerai pour ton corps des pétales 

Je sais 

Tu ne sais plus quoi faire 

Les bêtes s’accrochent à toi 

Les voix s’élèvent 

Les dés sont tombés 

Et ordonnent ta vie 

Tu n’as pas respecté les frontières 

Tu t’es perdu dans ce jeu de guerres

Changer

Emploi 

Changer d’emploi 

T’as voulu exister ailleurs 

Avec le langage d’ici

T’as voulu dire je

J’existe avec mes origines 

Jardinier 

Qui te tendra l’arrosoir

Pour arroser

Les cœurs asséchés 

T’es rien 

Plus rien 

Sous le soleil des grillons grillés 

Tu n’oses plus dire je

A ton âme réfugiée

A tes idées décédées

Jette le dé de ton enfance 

Et renais

Jette le dé de ton enfance 

Et grandis

Ample loi de l’univers 

T’es un dé 

Désiré 

Dé 

Départ 

Dé 

Départ 

Thierry Rousse
Sète, Festival Les voix vives méditerranéennes 
Écrit à l'Atelier slam animé par Marcel Camill' 
Mercredi 24 juillet 2024
"Une voix parmi des milliards"

Libération

Une vie parmi des milliards

Tu as voulu me cul… cul…butée… culpabiliser

Tu as voulu m’u… m’u… muet… m’utiliser 

Tu as voulu me com… com … complice… comparer

Tu as voulu me ran… rang …  rendez-vous…

Je me suis rangé 

Tu as voulu me des… des … des … destin… déstabiliser 

Je me suis dé…dé … désar…çonné…désarmé

Tu m’as i…ignard… ignoré 

Tu m’as ca … ca… cabossé…cassé… casé 

Dans les tire…tirelires…tire-bouchons… tire-fesses … tiroirs de ta volonté 

Tu m’as volé 

Vol… vol honteux… voltige…

Euh… j’ai a… a… admis… applaudi… accepté 

De… me… meuh… refléter 

Terrassé…de me taire dans ton… ton territoire… dans ton… ton miroir…

Je suis entré dans ta… ta casse… cage que tu m’as fabriquée

J’ai pli…plissure… fissures… please… plié mes ailes 

Parce que j’ai cru que sans toi 

Je ne pourrais m’envoler

Parce que je t’ai …  place… placé là-haut 

Parce que je t’ai placé si haut 

Parce que je t’ai rangé au-dessus de moi 

J’ai fait de toi

Le toit qui me protégerait de ma fragilité 

Parce que je me croyais fragile 

Si fragile 

Et toi fort 

Si fort

Bien plus fort que ma réalité 

Je me suis nié… renié à ma vérité 

Je me suis a… aligné… aliéné

Et je suis resté dans la poussière 

A ramper sur la terre

Et je suis resté à te contempler 

Comme un poète regarde sa fée 

Et se dit infortuné 

Inaccessible à toute sa beauté 

Et je suis resté à te contempler 

Comme un saltimbanque imbécile… incliné 

Au service de sa majesté 

Parce que j’ai placé le soleil 

Bien plus haut que mes nuages 

Parce que j’ai placé le soleil 

Bien plus haut que mes nuages 

Je me suis noyé 

Irradié de sa puissance 

J’ai vécu dans l’errance… l’erreur de mes larmes 

J’ai enfermé mes maux

Dans la page de l’oubli 

J’ai joué les rôles qui te plaisaient

Tantôt cour tantôt jardin 

Je me suis transfiguré… transformé 

Caméléon désespéré 

Dans le costume du bouffon 

Aujourd’hui je t’ai quitté roi

Aujourd’hui je me suis déshabillé 

Les barrages de ta cage

Les barreaux de ta cage

Je les ai écartés

Aujourd’hui 

J’ai grandi à mon coeur 

Sans rancoeur 

Aujourd’hui 

J’ai grandi à mon coeur 

Dans la confiance à moi-même 

J’ai balbutié 

Sous la pleine lune 

Quelques poèmes 

Je les ai murmurés aux oreilles des étoiles 

J’ai quitté mon poste … mon corps 

J’ai rencontré un ange

Au bout de mes yeux 

Qui m’a dit

Je ne veux rien que t’aimer

Libre envole-toi dans l’univers 

Fais-en ta plus belle mer

As-tu vu des bateaux au fond de l’océan 

As-tu vu des barreaux au fond de l’océan 

Tu es ni butée

Ni muet

Ni complice

Des tyrans 

Thierry Rousse
Sète, Festival Les voix vives méditerranéennes 
Écrit à l’Atelier slam avec Marcel Camill' 
26 Juillet 2024

Visage effleuré d’une reine au Mali

Une vie parmi des milliards

Élégance d’un regard 

Parcourir le monde

Voir le monde 

Le beau monde aux yeux d’enfant 

Et sourire 

Élégance d’une vie 

Cette vie

Cette vie

T’aurais aimé la vivre

Cette vie

Élégance d’un voyage 

Délicatement l’approcher

Ce visage 

Ce doux visage 

Ce regard 

Ce monde

Ce beau monde aux yeux d’enfant 

Cette vie extraordinaire 

Cette élégance de délicatesses

Dévisager est violence

Visage qui raconte tant de vies

Déchirures et beautés 

Visage d’une reine au Mali

Regards ébahis

Courent jusqu’à sa robe noire 

Dérobent son cœur 

Voudraient l’enfermer dans un temple

Mais la reine est libre 

De tout jugement 

Ses semelles embrassent

Les perles du vent 

Ses mains façonnent 

Des pluies d’or

Des grains de sable doré 

Des écoles de libertés 

Dans les déserts 

Abandonnés

Caresse d’un regard 

Découvrir le monde

Toucher le monde 

Le beau monde aux yeux d’enfant 

Et rire aux éclats 

Et danser au pays de Brassens 

Rochers des révolutions 

Rues de tous les horizons 

Dévisager est violence 

Lances possessives

La reine les brise

Écrin subtil

Sieste à Sète 

Des mots de tendresse 

Dorment dans les cales 

Des bateaux au repos 

Élégance nomade

Crique de tous les exils

Des voix vives ont remplacé 

Les marteaux piqueurs de mon coeur

Apaisent mes maux

Me tendent un fil pour survivre 

Me dévoilent au monde

La reine du Mali

Navigue sur toutes les barques perdues 

Leur montre la direction 

Écoute les mots qui nagent 

Dévisager est violence 

Chaque visage est fragile 

Des langues claquent 

A l’heure du sommeil 

D’un vent frais 

Brise puissante des nuages 

Se croisent tant de chemins sur son visage 

Des doigts voudraient l’effleurer

La reine est noble d’esprit 

Et sa fille étoile au firmament 

Guide les pas

Passagers du temps 

Élégance d’un regard 

Parcourir le monde 

Voir le monde 

Je me sens si humble à contempler sa grandeur 

Comme un enfant 

A la quête de ses origines 

Dévisager est violence 

Le verbe est souffle 

Et te déplace au pied de l’arbre 

Ses yeux ne sont plus que souvenirs 

Dans ton âme 

Paysage d’un jardin 

Où dans chaque fleur

Tu retrouves son visage 

La beauté du cœur est éternelle 

La beauté du cœur est éternelle 

Tu voudrais la graver sur les bancs

Pour les cœurs fatigués 

Car les feuilles s’envolent 

Car les feuilles 

Sans volte-face

Au vent 

Clament leur existence 

La beauté du cœur est éternelle 

La beauté du cœur est éternelle 

Reine du Mali 

Ombre discrète à Sète 

Ta douce sieste 

Est combat aux confins de la terre 

Robe rouge

Du désir

Élégance d’un regard 

Visage effleuré 

D’une reine 

De la vie

Soupire

En silences

Thierry Rousse
Sète, samedi 27 juillet 2024
Suite d’un atelier d'écriture animé par Marcel Camill' , Festival Les voix vives méditerranéennes 
"Une vie parmi des milliards"

Train de nuit

Une vie parmi des milliards

Sète 

Tu lui écrivais 

Elle te répondait

Tu lui répondais

Elle te répondait à nouveau 

Tu lui répondais de nouveau 

Et chaque jour 

L’habitude était prise

De vous correspondre 

Sans stylo

Sans emprise 

Toi et elle 

Elle et toi

A vous répondre 

Librement 

Et chaque jour 

Vous appreniez à vous connaître 

La conversation était plaisante 

Remplie d’humour 

Et de poésie 

Chaque jour s’écrivait la page d’un roman 

Vous y preniez goût 

Et de mot en mot

Délicatement 

Vous vous dévoiliez 

L’un à l’autre 

Feuille après feuille 

Sur écran interposé 

Le bleu et le jaune

Se mélangeaient 

Mais pas trop vite 

Mais pas trop vite 

Tu apprenais à te contrôler 

Si tu lui disais tout de toi

Elle n’aurait plus la curiosité

De découvrir chaque détail 

Chaque couleur 

Chaque recoin

De tes trésors cachés 

Alors tu ralentissais le flot de tes mots 

Même si tu voulais

Qu’ils ressemblent à des flèches sur les rails 

A des vagues de douceurs en son coeur 

Tu te censurais

Débordant d’une envie secrète

Être son ami pour la vie

T’attendais ses mots

Elle attendait les tiens 

Elle n’avait vu que ton visage grimé 

Un treize avril deux mille treize

L’horrible maître Gorgibus

Tu venais de jouer le père 

D’une précieuse ridicule

Elle était spectatrice 

Elle avait adoré votre comédie 

Elle avait bien ri

Tu lui avais souri 

Dédicacé une affiche dans le hall 

Signant le petit jardinier

Tu la trouvais exquise

Son visage 

Aux yeux verts

Un ange riant aux éclats 

Et vos mots à présent 

Toi au sud

Elle au nord

De la Seine-et-Marne 

Étaient de plus en plus féconds 

Le jour ne suffisait plus

A remplir vos heures 

Vous vous écriviez la nuit 

Sur vos écrans 

A toute heure 

Qui

D’elle ou de toi

S’afficherait le dernier mot

Vous en faisiez un jeu 

Le film le plus long 

Et la nuit était blanche habitée

D’une avalanche de mots étoilés 

Jusqu’au petit débarquement ensoleillé 

Vos stylos invisibles épuisés

A chaque gare arrêtés 

Elle recopiait tous vos SMS échangés 

Sur de grands cahiers à carreaux 

Dès fois que vos téléphones débordés 

Eurent voulu les noyer

Au fond de l’eau salée 

Mais déjà Montpellier 

.T’éprouvais l’heureuse sensation

De sortir enfin de ta solitude 

Cette épreuve si rude

Tu te sentais exister pour elle 

Elle t’écoutait

Tu l’écoutais 

Elle te comprenait

Tu la comprenais

Elle était attentive à toi

Tu étais attentive à elle 

Elle prenait de tes nouvelles 

Tu prenais de ses nouvelles 

Elle recevait de tes nouvelles 

Tu recevais de ses nouvelles 

Elle t’encourageait

Tu l’encourageais 

Elle te félicitait

Tu la félicitais 

Votre correspondance

Au gré des marées 

Rimait avec constance

Fidélité sécurité 

Mais déjà Nimes 

Le train filait à travers

L’obscurité des cimes 

Etait tombée

Quand soudain une lumière apparut

Ton cœur s’emportait 

Et déjà tu te voyais amoureux 

A Pâques tu remerciais

A genoux 

Ton Dieu sur la croix 

De ce miracle inespéré 

De cet amour fou 

Ressuscité 

Tu pensais avoir trouvé ta moitié 

A la sortie d’un théâtre 

A Courtry 

Seule ta lampe était allumée 

Que faisaient les autres passagers endormis 

Vers où filait ce train du paradis 

Quel serait le nouveau chapitre de votre roman

Vous en ignoriez encore le titre

L’heure était-elle venue 

De fermer déjà ce chapitre 

Les yeux en larmes

Éteindre le feu 

Qui avait existé 

Entre vous deux 

Le train à toute allure traçait 

Impatient d’oublier 

T’éteignais un temps

Ta lampe 

Dans la nuit de l’océan 

La mer à Sète était bleue 

T’aurais voulu qu’elle dure tout le temps 

Au bord des rochers

Un berceau tendre et mouvant

De ses yeux brillant

Un ralentissement 

Éblouissant 

L’ange inconnu 

S’apprêtait à te rencontrer 

Faisait la route 

Faisait des bonds

Et apercevait ton visage nu

Non plus ce Gorgibus autoritaire 

Sous ses mots enflammés

Mais ce jardinier

Perdu

Au bout du monde 

Au goût d’ailleurs

Cultivant

A Château-Landon 

Un petit chaton 

L’ange souriait 

T’avais préparé 

A la divine fée du nord

Le plus succulent des festins 

C’était le plus grand jour de ta vie

Sur le bord de la rivière 

Étincelante de perles d’or

Pour digérer vos mots 

Vous vous êtes promenés 

Votre romance avait bien commencé 

Au printemps 

Jusqu’au début de l’été 

Vous vous êtes vus

Et revus 

Vous couvrant de caresses 

D’arabesques de tendresse 

Mais soudain le train freinait

Était-ce une gare

Ou une embûche sur la voie

Quel était ton émoi 

Ce week-end 

Sur le chapiteau bleu

Le jaune s’effaçait 

T’avais la réponse à ta question 

Désolé je t’aime comme un frère 

Désolé si je t’ai fait croire autre chose 

Tu perdais au matin tous tes mots

Jardinier de ta tite fée 

Il était temps de te reposer 

Poser ton stylo 

Au fond de l’eau glaciale 

Marin solitaire 

Ose 

Tu songeais à une autre terre 

Il n’y avait pas de gare

Que l’océan de tes larmes

Sète était déjà loin de toi

Et ses joutes poétiques 

T’avais perdu ta demie

Sur la crique de tes rêves 

Le Christ saignait d’impuissance 

A unir les anges

T’avais froid dans le cœur 

Tu regardais les paquebots 

Tu rêvais d’Orient 

Fuyant l’Occident

Tu sauvais votre amitié 

Rejoignais dans le ciel 

L’amour spirituel 

Mais en cette nuit d’ivresse 

Se levait le vent d’une terrible bourrasque 

Quelle était cette gare au milieu de nulle part 

Saint-Peray du désert 

Valence ville 

Trouverais-tu ton île 

Tu voulais tout détruire 

Dans un cri d’errance 

Tu lui écrivais ces fleurs du mal 

Je veux en finir 

Déchire et jette à l’océan tous mes mots 

Elle prit peur aussitôt 

Te réclamant une trêve 

Tu ne cessais de lui écrire 

Te confondant d’excuses

Ne respectant pas sa requête 

De crainte de la perdre 

Tu finissais par la perdre 

Tu finissais par te perdre

 Train de nuit 

Train d’ennui

La solitude te gagnait dans les bois profonds

Tu touchais le fond du Morvan 

Tu louchais le fond du vent mort

Quelle serait la prochaine gare

Quel serait le prochain départ 

A quoi servent les phares 

Train de nuit 

Place assise 

Le sommeil te gagnait 

Lyon et puis la nuit de l’oubli 

Une nouvelle histoire s’écrit 

Pose tes mots

Au coeur des étoiles 

Quand ton cœur s’émoit

S’emballe 

Veut y croire

Encore une fois 

Elle le ressent 

Prend ses distances 

Délicatement 

Choisit ses mots

Les corriges

Et si cela ne suffit 

Pour éteindre les braises de ton coeur emballé

Elle espace ses messages 

Se durcit

Te met les points sur les i

Avec fermeté s’il le faut 

Et si cela ne suffit 

Si tu t’accroches encore à ses fleurs 

Elle décide de couper ses branches 

De te rejeter

Sur le sable des épines 

Et si cela ne te suffit encore 

Elle déballe son cœur de mots tranchants

Pointus comme des couteaux 

Dans la chair de tes sentiments 

Et tu ne reconnais plus son visage souriant

Et tu n’es plus le titi poète de son jardin 

Qu’un intrus qu’elle renvoie 

Au bout de l’océan 

La voix aiguë te réveille 

Paris Austerlitz 

N’a plus rien de romantique 

Que des jeux olympiques 

L’instant d’un café amer 

Déjà dans un autre train 

De la Méditerranée 

A l’Atlantique 

Se croisaient les courants 

Les souvenirs 

Les impressions 

Une compétition 

Dans le train du présent 

Un soleil aveuglant

Allez

Go

Se répéterait-elle la vie

Train de mots

A l’encre bleue 

Et jaune

Rajeunie

Train de nuits 

Fugaces

Fais-moi encore une place 

Près de toi

Thierry Rousse
Dans le train de nuit , de Sète à Paris
27 et 28 juillet 2024
"Une vie parmi des milliards"

Combien d’entre nous ce dimanche sept juillet

Une vie parmi des milliards

Combien d’entre nous entreront pour écouter

Cette chanteuse ce guitariste ce batteur

C’est pourtant l’heure

Annoncée

Vingt heure trente

Claire et voyante

Affiche à l’entrée

Combien resteront d’entre nous sur la terrasse à discuter

Combien voudront profiter des premiers rayons de l’été

La chaleur de cet astre

Qui nous a tant manqué

Depuis huit mois écoulés

Et une flopée de désastres

Quand sous les lampions

D’une énième révolution

Le révolté trio

Amorce avec brio

Son show

Et décroche ses mots

Le plancher vibre à l’intérieur

La chanteuse donne tout son meilleur

Et sans mot dire

Sans nous trahir

Le trio joue même si presque la plupart d’entre nous dehors sont restés

Le trio joue même si nous sommes dedans que dix dispersés

Et trois à danser

Rien que trois à danser

Passionnément

Naturellement

Le trio continue

Qu’impliquent les rumeurs de la rue

Le trio se donne à fond

Donne corps à ses chansons

Qu’importe si nous sommes dix dispersés

Ou trois à danser

Le trio joue comme si nous étions dix mille

Petits pains dorés dans un fournil

De sa présence il remplit l’air

Le renouvelle lui donne sens et repair

Sa musique s’oppose à l’ignorance

Dérange toutes les indifférences

Et ce dimanche sept juillet

Nous serons dix mille à danser

Et ce dimanche sept juillet

Nous serons dix mille à chanter

Et ce dimanche sept juillet

Nous nous unirons

Et ce dimanche sept juillet

Nous unirons

Nos voix

Le cœur en joie

Au nom de la fraternité

Au nom de la sororité

Et toutes ces chansons

Nous appeleront à voter

Un hymne de liberté

Thierry Rousse
Nantes, samedi 6 juillet 2024
"Une vie parmi des milliards"

C’est d’amour dont nous avons besoin

Une vie parmi des milliards

C’est d’amour dont nous avons besoin

Et tout ira bien

Pas ces discours

Qui tombent à l’eau

Ces mots du mépris

Arrogants

Cultivant les egos

C’est de ces fêtes d’enfants dont nous avons besoin

Révélant dans toutes les langues

Devant leurs parents

Avec fierté

Leurs talents

Tous les trésors de leur château

Pas ces discours

Nous perdant dans les contradictions

L’appel à voter pour celui qui nous châtie

Afin de faire barrage à son pair aussi maudit

C’est de toutes ces couleurs dont nous avons besoin

Pour nous sentir appartenir au monde

Nous réjouir de ses millions d’arc-en-ciel

Pas d’une couleur unique

Si triste à mourir

C’est de cohérence dont nous avons besoin

Pour donner sens à nos chemins

Pas de ces confusions

Ni de ces stratégies

Bassement politiques

C’est d’union dont nous avons besoin

Pour apprendre à nous élever dans la danse de Rumi

Non de l’oeil malin

Attisant dans ses tranchées orageuses

Toutes les divisions de la faucheuse

C’est du juste partage des biens

Dont nous avons besoin

Nullement du désir de possession

Élargissant que notre pouvoir

C’est d’un arbre de tous les pays dont nous avons besoin

Des origines tracées à la craie

Pour apprendre à nous connaître

Et faire grandir audacieuse notre vie terrestre

C’est de ces sourires dont nous avons besoin

La luxuriante vallée d’une rivière

De tous ces animaux à l’aguet

L’oie veillant sur la chèvre

Veillant sur la poule

C’est de la nature elle-même dont nous avons besoin

Tisser entre nous

L’harmonieuse harmonie

Thierry Rousse
Nantes, mardi 2 juillet 2024
"Une vie parmi des milliards"

C’est d’amour dont nous avons besoin

Une vie parmi des milliards

C’est d’amour dont nous avons besoin

Et tout ira bien

Pas ces discours

Qui tombent à l’eau

Ces mots du mépris

Arrogants

Cultivant les egos

C’est de ces fêtes d’enfants dont nous avons besoin

Révélant dans toutes les langues

Devant leurs parents

Avec fierté

Leurs talents

Tous les trésors de leur château

Pas ces discours

Nous perdant dans les contradictions

L’appel à voter pour celui qui nous châtie

Afin de faire barrage à son pair aussi maudit

C’est de toutes ces couleurs dont nous avons besoin

Pour nous sentir appartenir au monde

Nous réjouir de ses millions d’arc-en-ciel

Pas d’une couleur unique

Si triste à mourir

C’est de cohérence dont nous avons besoin

Pour donner sens à nos chemins

Pas de ces confusions

Ni de ces stratégies

Bassement politiques

C’est d’union dont nous avons besoin

Pour apprendre à nous élever dans la danse de Rumi

Non de l’oeil malin

Attisant dans ses tranchées orageuses

Toutes les divisions de la faucheuse

C’est du juste partage des biens

Dont nous avons besoin

Nullement du désir de possession

Élargissant que notre pouvoir

C’est d’un arbre de tous les pays dont nous avons besoin

Des origines tracées à la craie

Pour apprendre à nous connaître

Et faire grandir audacieuse notre vie terrestre

C’est de ces sourires dont nous avons besoin

La luxuriante vallée d’une rivière

De tous ces animaux à l’aguet

L’oie veillant sur la chèvre

Veillant sur la poule

C’est de la nature elle-même dont nous avons besoin

Tisser entre nous

L’harmonieuse harmonie

Thierry Rousse
Lundi 2 juillet 2024
"Une vie parmi des milliards

L’heure du rassemblement amoureux

Une vie parmi des milliards

“Et toi qu’es-tu venu

Faire en ce monde ?” (1)

Nous demande le poète Omar Khayyâm

Ce libre penseur qui a observé

Jusqu’aux confins du désert

Toute sa vie durant

L’univers

Et ses feuilles se multipliant sans fin

Oui

Qu’es-tu venu faire en ce monde

Oeil curieux

T’en émerveiller

Découvrir toute l’étendue

De ses courbes nues

Tous les recoins de sa beauté

Le parcourir pour y rencontrer

Dans sa diversité

Toute l’humanité

Tisser des liens

Échanger

Mettre en commun

Ce qui nous est commun

Toi et moi

Essentiel

Dans le ciel de nos quartiers

De lune

Accueillir

Jouer

Sourire

Créer

Retrouver notre âme libre créatrice

Enfants du monde

Être toujours de leur côté

Quoiqu’il arrive

Car

Les enfants du monde

Ne connaissent pas de frontières

Les enfants du monde se mélangent

Et s’enrichissent de leurs échanges

Leur arbre

Au milieu de la cour de leur école

Est un arbre à palabres majestueux

Une piste vers les étoiles d’où l’on décolle

Un oasis

Où tous les pays se rassemblent

Où tous les esprits dignes de paix

Sont unis d’une même sève

La grande vie intemporelle et universelle

Car

Les enfants du monde cultivent leur jardin

Chacune de ses parcelles

Et savent en prendre soin

Arroser ce que leurs mains ont planté

Cueillir l’offrande de la nature

La récompense de leurs efforts

Car

Les enfants du monde

Savent partager

Chaque midi

Ses fruits

Même si les temps sont durs

Leur générosité perdure

Car

Les enfants du monde chantent

Jouent des tambours et des cymbales

Libres comme des libellules

Dans l’air

Déambulent

Ensemble on est plus fort

Notre vie est un bal ouvert

Alors

Un trente juin

Quand l’oeil malin entre dans leur jardin

S’apprête à couper leur arbre originel

Pour les diviser les opposer les classer

Leurs cœurs à fond les décibels

D’un même chœur répondent

Qu’es-tu venu faire en ce monde

Toi l’oeil à l’âme du mépris

Regarde-nous

T’as perdu

Le soleil brille

Dans nos cœurs

Et danse

En chœur

Sur toutes les musiques du monde

Se balance d’une rive à l’autre

Et cet amour-ci

Puissant

Est de toutes les couleurs

Comme les fanions que nous nouons

Un à un

A la toile des araignées étincelante

Il n’a pas de frontières

Il est infini

Comme une lance invisible

Alors

Oeil malin

Change ton regard extrême à droite

Si tu ne veux pas être transpercé

Choisis un autre oeil

Notre château est le plus beau

Il est de sable de perles et d’eau

Il n’a pas de murailles

Il se débarrasse de tout attirail

Il est éventail de rires et de tendresse

Tout le monde est invité à sa fête

Il n’a pas de stratagème

N’appelle pas à voter pour son ennemi

Il est loyal et ses pas sont droits

Seul l’amour est sa loi

Et son pont-levis

Élève nos vies

Et ses douves

Dans l’intimité des lits

De nos rivières

Ne connaissent point de guerres

Ses cloches sonnent chaque matin

Chaque nuit

L’heure du rassemblement

Sous des cieux

Amoureux

“On ne voit bien qu’avec le cœur” (2)

Signe l’aviateur poète libérateur

Et tous deux

Antoine comme Omar

Comme chaque voix de tout genre

Interroge notre bon sens

Aiguise notre conscience

Par cette douce révélation

Cette profonde libération

“Et toi qu’es-tu venu

Faire en ce monde ?”

Thierry Rousse
Nantes, lundi 1er juillet 2024
"Une vie parmi des milliards"
(1) Omar Khayyâm, "Vivre te soit bonheur !", éditions Gallimard Folio sagesses
(2) Antoine de Saint-Exupéry, "Le petit prince", éditions Gallimard