Oassis

Une vie parmi des milliards

Creuse ton terrier

Dans un lieu secret

Enfouis-y tes perles

Repose ton esprit

Il t’faudra bien de la force

Te ressourcer pour résister

Surfer sur la vague déferlante

Du repli des coeurs

Déclarer à la vie ton bonheur

Trouver la chaleur dans vos bras enlacés

Vous éblouir de la grandeur des arbres

Trouver vos rimes à l’intérieur des phrases

Ici c’est le calme

Le doux ruisseau d’une âme

La preuve que le ciel parle

Les oiseaux transportent vos pensées

Comme autant de baisers embrasés

Aux yeux du monde entier

De tes lectures de poésie

Tu éclaireras ton esprit

Dans ton cœur l’ivresse soufie

Il y aura plein d’animaux

Pour te dire que le monde est beau

Qu’il t’attendait juste pour l’aimer

Ici dans cet oasis

Vous apprendrez à vous connaître

De vos fragilités simplement à être

Deux amants de Vérone sur la terre

Vous servir l’un à l’autre

Ce que vous avez besoin l’un de l’autre

Un regard une écoute et du silence

Du silence

Tu peux entendre

La voix de l’univers

Et la lune murmurer à tes pieds

Tu te reposeras de tous tes combats

Dans la nuit des voyages tu écriras

Sur les jeunes graines tu veilleras

Tu observeras la vie s’élever

De ces noyaux de dattes dans un pot

De longues tiges se déployer

Tu penseras à la ville

Aux lieux que t’as quittés

Aux êtres que t ‘y as croisés

Tu laisseras défiler

Le cinéma de vos pensées

Tout ce vous avez désiré

L’obscurité réveillera vos étoiles

Vous peindrez la plus belle des toiles

Sur le tableau noir des missions de vos journées

Vous serez votre propre journal

Vous imprimerez vos actes

Vos sensations vos réjouissances

‘Le vous aura fait place au nous

Noués de tendresse de bienveillance

Entre vos deux cœurs éblouis

Tu seras maintenant

Que voter est important

Que tout se jouera au tout ou rien

La ville

Encore un instant

Te retient dans ses urnes

Nous sommes les mains

De nos lendemains

Les papiers dépliés

De nos désirs cachés

De Pol’N à Wattignies

La résistance est déjà commencée

Le front des méprisants est déjà tombé

Nantes regorge tellement de talents

Et d’événements exaltants

Qu’il n’y a point de place pour les aigris fascisants

Allez vote

Et vote bien

Ton oassis

Petit lapin

En dépend bel et bien

Thierry Rousse
Nantes, samedi 29 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"

La cervoise du Bon Gaulois

Une vie parmi des milliards

J’ai vu

L’oeil blond

Malin

Un dimanche de fin juin

Se réjouir

D’arriver

Enfin

A ses fins

Là où son père borgne

Avait échoué

Quand toi

Bon Gaulois

Accoudé à ton PMU préféré

Le regard scotché

A ton écran de télé

Naïf ou complètement abruti

Tu as gobé sur BFMTV toutes ses paroles

Comme un mouche

T’ as cru

A cet ange aux yeux bleus

Qui t’sauverait

De ta misère

Tu as cru

A sa générosité diabolique

A sa théorie de comptoir

A son argument à deux balles

L’étranger coupable

De tous tes maux pourris

O Bon Gaulois

Toi qui te délectes

Chaque midi

De délicieux couscous

Toi qui loues les merveilles du Maroc

Les sourires si généreux de leurs hôtes

Toi qui t’enivres des musiques d’Orient à la lune descendue

Toi qui invites la danseuse du ventre nu dans le lit de tes yeux avides

Et qui méprises tous les maghrébins de ton quartier

Les rangeant tous au rang de délinquants

Dealers de faciès

O toi Bon Gaulois

Rempli d’ivresse

Tu prends de la graisse

Saute un peu du pont

Tu seras un peu moins rond

O Bon Gaulois

Tu te justifies

Le fascisme d’hier

N’a rien à voir avec le rassemblement féodal d’aujourd’hui

Pourtant

Dans ses techniques de raccolages

Le rien à foutre néant prend semblable chemin

Et très vite tu déchanteras de ses lendemains prometteurs

Marcher au pas

Et surtout par toi-même

Ne jamais réfléchir

Cocher la bonne case de sortie

Feront le pire de tous tes malheurs

O toi Bon Gaulois

Finis donc ton bon couscous c’est le dernier

Et ta danseuse nue et son joli nombril

Des milles et une nuits

Tu peux vite l’oublier mouillée dans tes mouchoirs

Tu deviendras vite toi aussi un étranger

Si tu ne montres pas l’échine courbée

Ou la main levée à toutes les lois de ta belle sirène

A ses déclarations solennelles

Tu finirais bien dans ses poubelles

O toi le Bon Gaulois

Qui boit bien beaucoup trop de Boulaouane

A la fête des olivettes

Ou dans les bains interdits

Et

Et puis

Quelles sont tes origines d’ailleurs

Tu ne viens pas de notre ville

De notre quartier

Avoue

Bon Gaulois

Tu n’es pas breton

Pourquoi as-tu traversé notre rue de la Gloriette

Pourquoi viens-tu piquer notre pain quotidien

Et puis on n’te voit pas souvent

A la messe de la Madelaine

Le dimanche Bon Gaulois

Plutôt au bistrot du coin

Va falloir corriger tout ça

Et raser ta moustache

Tu troubles l’ordre public

Avec ton pif d’alcoolique

T’es vraiment pas comme nous

Ni la couleur de tes cheveux ni la couleur de tes yeux

T’es même complètement fou

Et puis

On n’voit jamais ton épouse

Et tes mômes

Gaulois

Quoi

T’es célibataire à ton âge

Tu veux voler nos filles

C’est pour ça que t’es là

Ou alors t’es un putain de gay

T’as rien à faire sur notre terre

Dégage de notre paysage

T’as compris

On n’fait pas un dessin

On n’te veut pas de toi même de passage

Ou bien travaille

Va au laminoir

Astique nos rails

Sois notre esclave

Puis rentre dans ton enclave

Et mouche-toi

C’est nous qui faisons la loi

Gaulois

L’oeil veille sur ton minois

Mine d’abruti

Ta vie est en sursaut

J’ai entendu parler cette nouvelle France

Qui s’adressait au vieux Gaulois

Et j’ai vu

L’oeil bleu

Un matin

Se mirer

Dans son miroir

L’autre était crevé

L’enfer l’avait mangé

La nation gauloise fière

N’était plus qu’une cervoise amère

Je l’aurais bien jetée à la mer

Penses-tu que les requins auraient voulu d’elle

Trop de nerfs

Dans son cœur aigri

En son maigre esprit

Dis-moi mon amie que j’ai fait un cauchemar

Quand j’ai lu tous mes écrits

Sur le parvis d’une église

Personne n’a mot dit

Étais-je maudit

Rentré chez moi

Un virus dans mon ordinateur

S’était introduit

Frère c’est l’heure

M’ a dit une voix

Il faut que tu fuis

Alors je lui répondu

L’oeil blond a fondu

Le soleil brille à cette heure

L’amour est aujourd’hui vainqueur

Dans l’urne ce matin

J’ai glissé mon cœur

Remplacé des cendres

Par des braises

Pour éclairer nos âmes goulues

De bons Gaulois

Et pardonne-moi

Si toi ici au PMU

Par mon poème

Je t’ai bousculé

Quand t’as craché ton mépris

Sur l’étranger là venu

C’est juste un enfant en toi que t’as tué

C’est juste la haine que t’as semée

C’est juste un je t’aime

Qu’il t’ faut maintenant retrouver

La cervoise du bon Gaulois

Va au Wattignies

Et bois à une autre vie

Aime

Ca t’changera l’esprit

Ici on chante

Ici on danse

On répare les vélos

On repart de plus beau

On s’rhabille

On s’refait un look

On achète pour pas cher

Ce qui nous fait plaisir

On recycle tout

Rien ne se jette

On sauve même les plantes

Ici le monde on réinvente

Ici tout est bon

Pour rebondir

On a le sourire

Et l’étranger

Est notre meilleur.e ami.e

Alors

A la tienne

Gaulois

Il était une foi

Thierry Rousse
Nantes, vendredi 28 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"

Ouvrir les cercles

Une vie parmi des milliards

Dis-moi toi qui étudies pourquoi les chercheurs

Dans leurs mémoires à la quête du bonheur

Usent de mots si compliqués

Dans leurs études avancées

Les réponses sont connues

Mais leurs propos si confus

A croire qu’la solution

Est dans leur dissertation

Que nous autres ignorants n’y pouvons rien

Qu’la vérité absolue leur appartient

Même les cercles des poètes

Pleins d’sensations dans leur tête

Perchés dans ces instituts renommés

Dans leurs vers se mettent à employer

Toujours plus de complexité

Voulant acquérir notoriété

Causant notre perplexité

A croire qu’il est bien vu

De chercher à être connu

Dans ces érudits luxueux salons

En cultivant l’incompréhension

L’inaccessibilité du langage

Se hisse tout en haut de ces étages

De fiers pompeux pouvoirs politiques

Trônent sur les terrasses étatiques

En ce jour nous reprenons le contrôle

De nos mots et nous jouons notre rôle

Leurs voix oratoires n’sont plus uniques

Sur scène nous leur donnons la réplique

Nous n’ basculons pas pour autant

Dans tous ces discours méprisants

Dans la simplicité d’esprit

De croire qu’ici l’étranger

Est la cause de nos soucis

Qu’un queer pervertit nos enfants

Qu’il est l’heure de les chasser

Non nous autres cultivons la tendresse

Du monde la folie de sa sagesse

Nous ouvrons les cercles de la beauté

Des yeux du vivant qui nous subliment

Miroirs firmaments d’invisibles cimes

Cercles ouverts

Cercles de verre

Si fragiles

Et sensibles

Le cercle

N’est cercle

Que ses rayons transparents

Vers son centre convergeant

Qu’offre le mépris comme axe

Qu’un vaste vide abyssal

Vacuité des coeurs

Aigris de leurs malheurs

Écoute Bel Ami

N’inspire que dépit

La fille des Plaines

Q’une triste peine

Alors dans les urnes fais le bon choix

Avant que l’horreur n’remplace ta joie

Thierry Rousse
Nantes, jeudi 28 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"

Manifeste de résistance

Une vie parmi des milliards

Non ce n’est pas un été pour un astre noir

Non nous n’allons pas rejouer cette histoire

Sur cette terre qui est l’étranger de qui

Qui fuit ses origines et les renie

Les premiers humains qu’on a vu apparaître

Ne sont-ils pas d’Éthiopie nos chers ancêtres

N’étions-nous pas nés pour être des cueilleurs

Nomades voyageurs destinés au bonheur

Qui a décidé de tracer des frontières

S’accaparer la terre hospitalière

Qui a décidé de séparer les esprits

De leur corps et leur âme jusqu’alors unis

Non ce n’est pas un été pour un astre noir

Non nous n’allons pas rejouer cette histoire

Sur la terre qui a le droit de voyager

Et de refuser à l’autre sa liberté

Au nom de quoi tu juges ton frère et ta sœur

Qu’choisir son genre n’est pas le cri de son coeur

Au nom de quoi tu penses être vérité

Quand dans le mépris tu voudrais nous rassembler

Non ce n’est pas un été pour un astre noir

Non nous n’allons pas rejouer cette histoire

Tendrement dans la mer nous allons nous aimer

Eaux douces et salées savent se mélanger

De toutes montagnes les ruisseaux convergent

Toi moi drapeaux résistants sur la même berge

Non ce n’est pas un été pour un astre noir

Non nous ne voudrons jamais de votre mouroir

Nous voulons à ce jour retrouver nos ancêtres

Les sages nous enseignant la grandeur de l’être

Oui c’est un été pour un puissant soleil

Oui de nos silences le temps du réveil

Oui c’est un été pour un puissant éveil

Dans nos résistances notre temps est soleil

Thierry Rousse
Nantes, mercredi 26 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"

Aimons et l’avenir sera tellement bon

Une vie parmi des milliards

O Monsieur Bulle

Que vois-tu là-haut

O Monsieur Bulle

Dis-moi s’il fait beau

O Monsieur Bulle

Qui fait tant de bulles

Tu dialogues haut perché dans ton ciel

Avec les élus qui te sont essentiels

Et les autres d’en bas

Sont-ils vraiment si bas

Aussi vides insignifiants que tu crois

Ces gens du peuple que tu marques d’une croix

Sur ton écran noir à la rubrique Inconnus

C’est certain tu les as jamais vus dans ton avenue royale

Juste pour leurs voix t’as cette fois besoin d’eux normal

Alors regarde-les en face juste un peu

Et même ose le premier pas parle-leur

Tu verras les rencontrer c’est que du bonheur

Va demande-leur sincèrement qui ils sont

Entends tout ce chœur aussitôt qui te répond

Le temps s’arrêtera et tu seras surpris

De découvrir dans leur coeur tout un livre écrit

O Monsieur Bulle

Que vois-tu là-haut

O Monsieur Bulle

Dis-moi s’il fait beau

O Monsieur Bulle

Qui fait tant de bulles

J’abandonne ici mes pieds

Pour te parler avec mon coeur

Regarde donc combien ils sont au zénith

A écouter Grand Corps Malade

Non le monde n’est pas si malade que tu crois

Regarde

Combien ils sont à fêter l’humanité

Regarde

Combien ils sont à chanter à danser

A écrire à s’aimer

A vouloir toujours plus de fraternité et de sororité

Regarde

Combien ils sont à jardiner à partager et à se cultiver

Non

La majorité de l’extrême droite dans les urnes

Ne peut à elle seule représenter

Toutes les voix qui espèrent

Le retour à la terre à la justice à la paix

O Monsieur Bulle

Perce ta bulle

Laisse entrer dans ta forteresse la tendresse

O Monsieur vices

Descends de ta piste

Tu verras toute la beauté des gens d’en bas

Les gens d’en bas sont en haut

Tu trembles à écouter leurs mots

Tant de folles envies

De leurs langues se délient

Leur imparfait se conjugue au présent

Fragilité d’un instant

Ces écrivants amateurs

Lient l’écriture au bonheur

Sur un rafiot glissant

Sur les rivières du temps

Ils sont les écrivains professionnels

Qui nous rapportent les lettres du ciel

Leur cercle est une calligraphie infinie

Chaque mot est une vie

La scène ouverte vraiment à cette heure se réunit

Dans chaque voix qui se dit

La pomme du ciel

Qu’on dit belle

La pomme de terre

Qu’on dit ordinaire

Toutes les deux sont confondues

Dans ce même paysage à Pirmil

Sur les bords de la Sèvre

Leurs voix nous offrent leur passage et leurs rêves

Ici et ailleurs

Sur l’île du Ripaillon

Des grains de bonheur

Tellement uniques

Des airs de flonflon

Enlacements d’humanités

Un plancher de libertés

Gravis donc cette marche

N’écoute pas Monsieur Bulle

T’es vraiment surtout pas ridicule

Lui qui parle d’origines

D’où vient-il ?

Moi je sais au moins d’où je viens

Être poète c’est de toute façon

Être par essence un étranger

Venu tout droit de la lune

Qui songe de tisser des ponts

Entre les mondes perdus

Faire de toutes les frontières une ronde

Danser les rimes

Aux cœurs toujours on s’arrime

On se rapproche

Alors on ose être proche

Alors on ose chercher la lettre qui va

Se mettre complètement nu

D’en haut à en bas

D’en bas à en haut

Trouver le bon mouvement des mots

Le flow dans nos flots

Des tempêtes dans nos têtes

Et tes yeux verts derrière ce comptoir

Un chemin qui est beau

Un sourire un espoir

Et tout plein de pâtisseries d’Algérie

Comme une photographie

Ca sent bon le thé à la menthe

Plus jamais ici on se lamente

Marchons courons et tombons

Sur le bitume des cités

Tendons nos oreilles à chaque son

Y’ a toujours un coin d’herbe

Allongeons-nous ma Belle

La pelouse nous guérit de tous nos blues

Enivrons-nous des plus beaux verbes

Sous les lampions des guinguettes

Aimer est notre quête

Vagabonds

Conjuguons-le au Nous qui nous rassemble

Aimons

Et aimons encore

Et toujours

Et l’avenir

Mes ami.es

Sera

Tellement

Bon

Thierry Rousse
Nantes, lundi 24 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"

Résistance

Une vie parmi des milliards

Envie de ralentir ton retour

Jusqu’à ton appartement

Envie de prendre ton temps

L’orage a grondé

La pluie quelque part est tombée

Mais pas ici

Mais pas ici

Ici sur cette colline

Au-dessus de la ville

Le ciel s’est éclairci

Et même son azur a jailli

Ici l’on a partagé

Ici l’on a parlé

Des mondes souterrains

Des interdits qu’on franchit

Des exploits qu’on accomplit

Ici l’on s’est émerveillé

Des vers du monde sous la terre

Ces grottes que seuls les plus aventureux

Les plus audacieux verront

Ici l’on a voyagé dans les mots

Ici on a prolongé le temps

Au fond des catacombes

On a même ouvert leurs tombes

Puis

De jardin en jardin

Tu es rentré

Avec tous ces esprits dans tes pensées

Tu as longé

Les douceurs extraordinaires

De la chair éprise de la terre

Les jambes qui s’enlacent

Les yeux qui s’explorent

Les langues qui se caressent

Les poitrines qui s’offrent à l’élu.e

Quelques bancs d’été

Surplombant un foisonnement de plantes nues

Quand

Dans le creux d’un vallon

Flottant sur la Loire

La luxueuse croisière accostait

Ribambelle de lumières chantait

“Bob Morane

L’aventurier

Contre tout guerrier”

Contre tout guerrier

Dernier espoir

Mains et poings liés

T’imaginais la chaleur des corps

Chahutés à leur apogée

C’était le jour le plus long de la fête

Et au lointain des sihouettes

Pas un mot pourtant sur l’ombre qui nous guettait

Comme un sujet tabou

En cette fin du mois de juin

Où tous les cœurs usés des intempéries

Ne rêvaient que de se rouler dans le foin

Quai de la Fosse

Tu marchais sur les navires des armateurs

Honteux passé dans l’histoire de ton pays

Qui osait parler également du présent

Du principal à cette heure

T’armer d’un gilet pare-balles pour la noce

Ne garder que ce qui était régal

Marcher

Entre des parcelles de ciel bleu

Nager

Entre des nuages de Chantilly

C’est ici que commençait ta vie

L’envie de ralentir ton retour

Et de goûter au jour le plus long

Au jour le plus noble

Entrer en douce résistance

Au cœur du vignoble

Un dimanche ensoleillé

Une fleur au bout du fusil

Thierry Rousse
Nantes, dimanche 23 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"

Impressions d’été

Une vie parmi des milliards

Ôte à la musique

Toutes ses origines qui ne sont pas d’ici

Que te reste-t-il

Réduis la culture à un Puy du Fou

Et tombe dans son puits

D’histoires et de guerres

De conquêtes et de pouvoirs

D’oppressions bénies

Sous les faveurs d’une religion complice

Prône une France nationale

Traverse-la en diagonale

Pars à la quête de ta généalogie

Renierais-tu tes ancêtres

Ta famille

De l’autre côté des frontières

Remonte le cours du temps

Souffrirais-tu de l’oubli

Pousserais-tu jusqu’ici le vice

T’accaparer une terre qui n’est pas tienne

Déjà ta bouche tu musèles

Tu parles des orages dans le ciel

Et puis c’est tout

Même la fête des sons libérés

Se couvrent d’épais nuages

Le soleil et le ciel bleu d’été

Tout juste revenus

Sont subitement chassés

Par un vent de rafales polaires

Prédiction des sages

Il pleut des grenouilles

A travers les rues en pleurs

Mange ton plat de nouilles

Un arbre est tombé

Se languit de douleur

Sur les marches d’un opéra monumental

Temple des prélats

La nature pousse son ultime cri d’alerte

Fêlée

A l’éclair qui nous attend

Au-dessus de nos têtes

La menace du serpent

Serons-nous de nouveau

Les yeux clos

Collaborateurs du pire

Les instruments

Les voix et les corps

Se raréfient

Place aux DJ

Les rythmes virtuels

Rempliront cette nuit nos ciels

Cadences envoûtantes

Sommes-nous prêts pour la danse

Dans quel bistrot je poserai mes pieds

Pour t’écrire ces mots

Lire le journal de l’humanité

Et son flot de réalités

Dix neuf heures

Et c’est déjà l’heure de l’apéro

Et déjà l’atmosphère est sombre et glaciale

Et déjà ma joie est retombée

Et mon envie déjà est de rentrer

La police sillonne la ville

Encercle l’île

Elle me dit

Vos pensées

Je les range à l’établi

La perle se cache dans son huître

Le chat miaule sur les toits

Il y a le même élan de toi à moi

Nous inventer des personnages

Le long de souterrains secrets

Notre langage est fait de petits riens

Les seins des filles y sont jolis

Et les regards des garçons aussi

Les genres sont travestis

Ils pimentent cette vie

Vingt ans

A quoi aspirons-nous jeunesse

Aller jusqu’au bout de notre liesse

Nous débarrasser de toutes nos laisses

Vieux monde qui s’écroule sous ses contradictions

Que naîtra des oppositions

Je fais juste une supposition

La meilleure pour vivre encore

Avec le monde en accord

Redonne à la musique

Toutes ses origines qui ne sont pas d’ici

Joue DJ

La grandeur de l’univers

Les racines de la terre

Jusqu’à Place Royale

Mère Gaïa est notre reine

Descends rue de la Fosse

Glisse-toi dans le frémissement des os

Ravive la mémoire des oublié.es

L’esprit chante

Lost road

Les groupes se reforment

Jouent fort pour tenir tête à la tempête

Dans le quartier des armateurs

Tant pis pour les oreilles

Les pavés se colorent de pieds

De toutes les couleurs

Le ciel pleure de joie

Impressions d’été

Quelques mots griffonnés

Dans la rue

On danse la ferveur du Mexique

Dans la rue

On lève les poings bien haut

On ne veut pas du fascisme

On veut juste de la musique

Thierry Rousse
Nantes, vendredi 21 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"

Les yeux sur ton écran

Une vie parmi des milliards

T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur

Et tu m’demandes d’évaluer ma douleur

De un à dix pour voir jusqu’où je sais compter

Je te fais si peur que tu n’oses m’approcher

Ni me regarder ou simplement m’ausculter

Es-tu si fatigué que tu n’peux te lever

T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur

Tu veux que j’te dise d’où vient ma douleur

D’accord c’est à moi alors d’être le savant

J’peux juste te décrire ce que je ressens

Pour trouver la cause c’est toi le médecin

A moins que je ne sois un puissant devin

T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur

C’est ainsi qu’on t’apprend à être guérisseur

Es-tu au-moins touché par ma vive douleur

Est-ce qu’on t’apprend encore à avoir du coeur

Ou à t’protéger sous un discours formaté

Tes distances veille à bien les conserver

T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur

Et tu m’parles de ton savoir avec froideur

Penche-toi tout simplement observe mes dents

Plutôt qu’les marteler comme un mur de ciment

Plutôt qu’vouloir me prouver que je n’ai rien

Qu’je suis qu’un fabulateur comédien

T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur

Assis tu me juges de toute ta hauteur

Sur cette radio tu n’vois aucune cause

De ma douleur tu vas pouvoir prendre ta pause

T’ es soulagé ton ordinateur a parlé

J’repars aussi souffrant que j’suis arrivé

T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur

Et tu rêves sur ton île d’être ailleurs

Tiens-tu ce discours à tous tes patients

A trop vous voir j’vous trouve vraiment patients

A trop être pressé dicté par le système

Tu sais plus au fond si ton métier tu l’aimes

T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur

Et tu m’demandes d’évaluer ma douleur

Ma douleur de jour en nuit s’approfondit

D’un monde bancal avec si peu d’empathie

Dans ce labyrinthe médical je survis

J’voudrais tant rencontrer l’ange qui me sourit

T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur

Et gît devant toi la cause de ma douleur

Thierry Rousse
Nantes, jeudi 20 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"

L’inattendu Front d’Amour

Une vie parmi des milliards

Que pouvions-nous attendre du cow-boy solitaire

Parcourant le nouveau monde

A la quête de sensations d’ivresse

A l’affût de filles

De sexe

Et de petits boulots

Juste pour vagabonder

S’enivrer

Prendre du plaisir

Et se perdre

D’une expérience à une autre

Que pouvions-nous attendre de ce cow-boy errant

Qu’il veuille soudain donner

Un véritable sens à son existence

Dans un sursaut de conscience

Dans le ressac

Des vagues de sa mélancolie

Fuyant l’agitation des villes

La lourde pesanteur des temps

Un beau matin

Au sommet des montagnes

Jack Kerouac était parti

Garder les arbres

Prévenir des incendies

Se serait-il converti

A l’infini des cimes

Quel ange l’avait surpris

A s’éblouir ainsi de la vie

Quel ours avait-il trouvé comme ami

Dans la forêt d’une éclaircie

Enfin

Au bout de sa route

Tu avais trouvé son récit salvateur

Seul au-dessus des montagnes (1)

L’appel du grand air t’avait réconcilié avec ce cow-boy maudit

Son journal à la main

Tu proclamais au milieu des places publiques

Qui n’a jamais échoué

Et d’un regard

S’est élevé à la beauté

A la splendeur des paysages

Qui n’a jamais tout rejeté

S’est proclamé athée

Seul dans l’univers

A se dépatouiller de son éphémère corps

Pur fruit du hasard

Qui ne s’est jamais interrogé sur l’origine de l’univers

Sur ce qu’il y avait après et avant

Le mystère de tout ce présent

Et s’est découvert une nuit croyant

Quelle âme possède encore une conscience

Pour s’en servir et réfléchir

En ces temps d’intelligence artificielle

Mon cow-boy n’avait pas dit son dernier mot

Le peuple des cowboys égarés

Peut-être en ce début d’été

Prendrait le chemin de son prophète

Avec un gros coeur dans la tête

Le front des consciences

Vaincrait de l’amour sa vacance

Le journal L’humanité ce lundi (2)

Dévoilait son programme

D’une union retrouvée

L’inattendu se pointait à l’aube estivale

Quand sur le bleu d’azur

Se couvrait l’épaisseur d’une menace brumeuse

Le bonheur était à portée d’urne ou presque

Leurs intentions étaient porteuses d’espoir

Comme autant de fleurs rejaillissant des ruines des guerres dévastatrices

Désolation dans laquelle nous avait plongés notre cher Napoléon

Le Front Populaire annonçait ses promesses

Retourner au droit à la retraite à soixante ans

Stopper le démantèlement de l’assurance chômage

Revenir à la semaine de trente cinq heures

Et trente deux heures pour les métiers pénibles ou de nuit

Revaloriser l’allocation pour le logement

Construire deux cent mille logements publics par an

Plafonner les loyers

Faciliter l’accès au logement pour toustes celleux qui ne disposaient pas de garant

Réduire les effectifs en classe à moins de dix neuf élèves

Créer une école véritablement inclusive et gratuite

Titulariser les accompagnant.es d’élèves en situation de handicap

Mettre en place une allocation d’autonomie dès l’âge de dix huit ans pour les foyers et les étudiant.es sous le seuil de pauvreté

Recruter des professionnel.les du soin et du paramédical

Revaloriser les métiers et les salaires

Rétablir les permanences de soins dans les centres de santé

Remettre l’écologie au coeur des politiques publiques

Protéger les zones naturelles

Reconnaître le crime d’écocide

Fonder un tribunal de justice climatique

Cesser le financement des banques soutenant l’exploitation des énergies fossiles

Permettre aux personnes demandeuses d’asile de travailler, d’être accompagnées, de se loger et de s’intégrer

Faciliter l’accès aux visas

Lutter contre toute forme de racisme, d’antisémitisme et d’islamophobie

Stopper la répression policière

Réintroduire la police de proximité

Inventer une police qui protège

Promouvoir le vivre ensemble

Favoriser la paix dans le monde

Cesser de vendre des armes

Lever les brevets sur les vaccins

Exiger le cessez-le-feu immédiat à Gaza

Reconnaître l’Etat de Palestine aux côtés de l’Etat d’Israël

Faire respecter l’ordonnance de la cour internationale de justice

Tout ça donnait vraiment envie

Te rallier au Front Populaire

Leur donner ta voix

Respirer

Sur les bords de la Loire

Retrouver la douce vie

Belle et tendre

L’âme en toi

Qui savait

Accueillir

Partager

Cultiver

Danser

Chanter

Créer

Protéger

Soigner

Encourager

S’élever

Jusqu’à la cime des immenses montagnes

Partout

C’est dans la générosité qu’on gagne

A être soi

Et bien plus

L’inattendu Front d’Amour

Qui n’a que faire du pouvoir

Juste

Aimer

Juste

T’aimer

Thierry Rousse
Nantes, mardi 18 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"
(1) Jack Kerouac, "Seul au sommet d'une montagne" in "Le vagabond solitaire", Folio Gallimard
(2) Journal L'Humanité du 17 juin 2024

O les beaux jours à deux

Une vie parmi des milliards

Les nuages couvraient nos yeux

La pluie s’installait bel et bien

Rivale du soleil

Qui des deux gagnerait

En ce mois de juin où l’on espérait enfin l’été

Nous guettions la suspension des gouttes

La moindre ouverture du ciel

La brèche qui laisserait passer un rayon arc-en-ciel

O les beaux jours

On avait hâte de franchir le pont

Laisser tomber nos égos

Et nous unir dans un front poétique

Retrouver le vrai sens de la politique

Comment organiser ensemble la cité

Faire en sorte que chacune y ait sa place

S’y épanouisse libre et heureuse

S’y sente protégée

Soignée

Nourrie

Soutenue

Utile

O les belles âmes

O les beaux jours

A deux

Nous voulions y croire

Toi et moi

Rester sous la couette

N’était pas la finalité d’une vie

Ni la déchéance accoudée au comptoir

Kerouac l’avait un temps compris

Retrouver la solitude au sommet des montagnes

Le face à face avec toi-même

T’allonger dans l’herbe

Regarder les nuages

Quelle chose t’est essentielle

Reprendre ta vie au tout début

Le coeur qui t’accueille

Être gardien des forêts

Apprendre à marcher

Te tenir debout et parler

Quelle parole est juste

Alignée à la terre

O les beaux jours

De jours et de nuits

Ne crée pas ce qui nuit

Partage ce qui luit

Étoiles d’amour

Équilibre sur un fil

Danse

Tu as quinze jours pour réinventer

L’humanité

A deux mains

Ouvertes

Thierry Rousse
Nantes, dimanche 16 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"