D’une ville lumières aux villes portuaires

Une vie parmi des milliards

Parce que t’es devenue trop grande pour moi

Parce que toutes les lumières aujourd’hui de tes gratte-ciel

Me font peur

Parce que je suis resté un enfant de la terre

Ville lumières

Parce que j’me crois atterri sur un satellite

Quand je reviens vers toi

P’tit Prince

Au milieu de l’univers

Ton aviateur est en panne

Ville lumières

Parce que

Quand je pénètre

Confiné

Dans le dédale de tes boulevards

Ville lumières

Parce que

Quand tu surgis

Derrière la vitre de mon bus vert

Ville lumières

Parce que

Quand je glisse à travers lui

Au fond d’la grotte routière de Bercy

Ville lumières

Parce que

Quand je sors de ma bulle en verre

Ville lumières

T’as beau être une reine

Ville lumières

J’ai peur

Peur d’être ici

Ville lumières

Peur de tout ce monde qui se croise

Peur de tout ce monde qui erre

Peur de tout ce monde qui attend

Peur de tout ce monde qui hurle

Peur de tous ces écrans

Peur de tous ces haut-parleurs

Peur de tous ces bruits de balles

Peur de toutes ces directions

Peur de toutes ces informations

J’ai peur

Peur de ta misère

Ville lumières

J’ai peur

Peur de tous ces visages fatigués

Éprouvés

Peur de toutes ces lamentations répétées

Peur de toutes ces mains tendues

Quémandant quelques pièces de lumière

Ville sous terre

Parce que

Quand t’as voulu un été porter ce nom ville d’Olympe

Je n’ai pas vu tes dieux

Les aurais-tu chassés avec les mendiants

A la périphérie de ton cœur

Ville lumières

Toi qui te perds dans les obscurités de tes ambitions

Toi qui te crois éclatante

Cultivée

Centre nombril de l’hexagone

Tu caches ta misère dans les recoins sombres de tes vitrines

Ville lumières

Sur ton quai

Mes dents se resserrent

Mon estomac se crispe

Ville lumières

J’ai mal

Et déjà j’ai hâte de m’enfuir

Et j’me trompe d’orientation

Bercy Châtelet-les-halles

C’est par où qu’on sort de ton enfer

Ville lumières

Aux néons aveuglants sous la terre

Retour en arrière

Bibliothèque Mitterrand

Des marches au-dessus de ma tête

Et des milliards de mots pesants

RER C

Comme

Contenu

Contingent

Confinement

Tout le monde a les yeux rivés sur son écran

Je m’évade dans le mien

J’écris mes peurs

Ville lumières

Pour me rassurer

J’entre dans tes banlieues bleues

Les villes défilent

Juvisy

Savigny

M’échapper

Au loin

Retrouver la vie

Brétigny

Un peu de vert

Pardonne-moi

Ville lumières

J’voulais juste retrouver un peu d’humanité

Décoller

La tranquillité semble revenir

Un instant

A contre-sens contre une masse de gens

Me frayer un sentier dans la foule

Jusqu’en terre de Vendée

Tout près de l’océan

Sous une lune blanche scintillante

Minuit approche

Au matin

J’éplucherai des légumes

Au matin

J’ferai la plonge

Au matin

J’cesserai de songer à mes peurs

A ce qui me fait souffrir

Ville lumières

Derniers soupirs

Sentiment d’avoir tout raté

Déjà presque à la fin

D’une panoplie d’écorces

Que me reste-t-il

A l’aube

Pour me vêtir

J’fêterai l’humanité pour me consoler

Avec Tiken Jah Fakoly

Et Louise Attaque

J’sortirai de l’ordinaire pour retrouver mes repères

J’quitterai la ville lumières

Pour

Le repos d’une ville portuaire

Et ce qu’elle a d’extraordinaire

Devant un marché désert

Au Lancelot

Un samedi matin

Au p’tit café tranquille

D’un ciel maussade

J’entrerai dans les feuilles de l’automne

Premier jour

Abondance de larmes

Tout ce que les nuages

Avaient retenu dans leurs rêves

Se déversent

De Nantes à Saint-Nazaire

La pluie calme les esprits

Un répit sous la couette

Salutaire

Hier

Présent

Sortir prendre l’air

Réveiller mon corps assoupi

Aller découvrir le matrimoine

Accompagner mes pieds

Me confondre aux gens solitaires

Promenant leurs misères et leurs prières

Est-ce un temps pour prendre la mer

Est-ce un temps pour prendre la mer

Ou la terre sous un autre ciel

Ou un autre ciel sous d’autres anneaux

Jeter à l’eau mes mots

Sous le regard de Julo

Pousser la lourde porte de la Hab Galerie

Occuper ma solitude

Qu’y-a-t-il à comprendre du béton

Que veux-tu me signifier Caroline

A travers ces silhouettes métalliques

Ce tonneau vertical

Ces traces de mains

Dans l’immensité d’un espace sans issue

J’me perds dans ton regard

J’cherche en vain une réponse

Dans ton intention

Quelle est la vocation de ton art

Conter le chaos

Ou nous distraire

Le carnaval des animaux

Des robinets aux larmes d’or

Poser le décor

La place des humains

Et m’endormir

D’une ville lumières aux villes portuaires

Réinventer les échanges entre nos genres

La ville n’est lumières portuaires

Que des rayons d’une lune de tendresse

La ville naît de lumières portuaires

Que des rayons d’une lune de tendresse

Thierry Rousse
Nantes, samedi 21 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"
Caroline Mesquita, “Cuco et co”, Hab Galerie, Nantes

Le voyou des mots (7)

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait dans ta vie ta maîtresse

Avec ou sans délicatesse

Qui t’enseignait par cœur la vie

A coups de leçons t’es puni

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Si tu triches ou si tu dors

C’est toi au coin ou toi dehors

J’affirme faut bien sévir

C’est vrai pour qu’t’apprennes à lire

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait en rêve ta maîtresse

Qui fut un matin de paresse

Étourdie perdant sa leçon

Elle s’mit en maillot de bain

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

L’premier aura un baiser

De moi j’le promets sur la bouche

Sa leçon l’avons récitée

Par cœur sans en paraître louches

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Derniers étaient premiers

Tous couronnés de lauriers

C’est qu’on apprend bien mieux

Là aux septièmes cieux

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Thierry Rousse
Dans le bus de Nantes à Paris, vendredi 13 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"
D'après la chanson de Georges Brassens « La maîtresse d’école »

Le voyou des mots (6)

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait la nonne au soir venue

Devant Dieu se m’irait nue

O Père m’avez modelée

Aussi bien que vous m’aimez

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Les enfants d’choeur étaient ravis

La chapelle quel paradis

Là la nonne enseignait l’amour

Aux débutants chacun leur tour

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Et les anges criaient encore

Tenant en main leur bougie d’or

L’Saint-Esprit éteignit leur flamme

Apaisant d’un Amen leur âme

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Religieuse chocolat

Devant tous ces yeux béats

L’histoire en resta à l’amour

Platonique que tous savourent

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Thierry Rousse
Nantes, vendredi 20 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"
D’après la chanson de Georges Brassens La religieuse

A Georges Brassens

Une vie parmi des milliards

Brassens avec douceur

Tu m’distrais en chemin

Quand dans mon cœur

Y’a plein de chagrin

Y’a tant d’amourettes

Quand je te lis

Tant de sourires qui

M’font la causette

Tu sais si bien faire

Vibrer mes cordes d’airs

De plaisirs coquins

Aux doigts taquins

T’es pas né à Sète

Pour de rien

Toi le poète

Toi le voyou

Aux pas si fous

Qui des monts de la vie

Avait des yeux si faim

Voulant d’un tas d’p’tits riens

En écrire tonnes de poésie

Tu détournais l’regard

Sur l’quai des filles

Vers ta douce guitare

Sous la lune qui frétille

Sur le port tu leur jouais

Ce qu’elles voulaient

Croquer aux fruits défendus

Contre leurs mœurs plutôt tendues

Tu passais à l’oeil des maris

Comme leur pire ennemi

Un collectionneur d’amantes

A l’arme nonchalante

Ta musique n’était pas rock

Pourtant frémissaient-elles sur ton roc

Se dandinant toutes cambrées

Sur ton cheval fougueux de liberté

Le vent marin

N’était pas loin

De ces sirènes

Que tu fis reines

Brassens avec chaleur

Tu m’distrais en chemin

Quand dans mon cœur

Me vint ce refrain

On t’avait envoyé à Paris

Comme un enfant maudit

On t’avait envoyé à Paris

Comme un enfant puni

C’est l’Auvergnat qui t’avait accueilli

Quand du monde tu fus refroidi

Lui qui t’donnait trois bouts de bois

Quand dans ton âme t’avais froid

Sa Jeanne te prit dans ses bras

Toi l’exilé fit son pacha

Tu la comblais de tant d’caresses

De toutes tes rimes

De tes vers d’tendresse

Elle s’enivrait jusqu’aux cimes

C’est drôle

Comme tout l’monde

A présent

Rigole

A tes poèmes

Frais comme des champs

Y’a rien d’immonde

Que des souvenirs qu’on sème

Des bêtises de jeunesse

Des p’tits tours de prouesses

Brassens avec bonheur

Tu m’distrais en chemin

Quand dans mon coeur

Y’a plus rien qu’un chagrin

P’t’être bien qu’les dieux

Sont tombés dans ton pieux

Le premier est Cupidon

A aimer tes rebonds

Toi le poète toi le sportif

De l’amour sur les récifs

Le verbe haut audacieux

J’ai trouvé ton lit licencieux

Peuplant mes nuits blanches de Félicie

De Fernande et d’Éléonore aussi

Décrétant aux solitaires

Endurcis célibataires

La bandaison

Est déclarée ouverte à toute saison

Bien que des polissons de la chanson

Y’en ait plus dans nos maisons

Leurs mots sont tous confinés dans des ordonnances

Des envies passées sous silence

Les maris n’ont plus de toi

Maintenant à se soucier guère

Maintenant qu’ton glaive adroit

Est au repos couché au cimetière

Y’a qu’les mâles des vers

Sous terre qui vivent l’enfer

Quand tu pousses dans l’noir

Ta chansonnette

Ma belle mon espoir

Ma mignonnette

Brassens avec candeur

Tu m’distrais en chemin

Quand dans mon cœur

J’écris mes parchemins

A tous ces amours

Que je n’ai pas eus

A tous ces yeux au jour

De pluie qui m’ont plu

Je tente des quatrains

Plein d’ampoules

P’t’être en vain

Sans pieds sans formalités

Juste pour m’délivrer

Dans ma tête des vents de la houle

Écarter les barreaux

De l’étreinte de mes mots

Voir au bout d’ma lorgnette

Saperlipopette

Ce ‘p’tit oiseau

Trouvant le monde tout beau

Avec toi Brassens

C’est presque toujours la fête

D’un prince

Des taudis

Qui en aimait

Sacré nom de dieu

De tous ses vœux pieux

La vie

Thierry Rousse
Nantes, jeudi 19 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"

J’ai rendez-vous avec la lune

Une vie parmi des milliards

J’ai rendez-vous avec la lune

Et le soleil ne le sait pas

Pour elle j’me suis fait beau

Blanc et noir

Le coeur rempli d’espoir

J’ai rendez-vous avec la lune

Un mercredi

J’ai oublié tout mon sac de rimes

Et puis tant pis

J’ai laissé couler mon coeur dans ses yeux

Et la lune m’a souri

Je vois ta terre

Si bleue

Je t’envie

Moi si blanche

Et si froide

Tu ne pourrais vivre près de moi

Tu m’abandonnerais c’est sûr

Tu reviendrais vers elle

Et tu planterais en me quittant

Un drapeau de ta raison

Dans mon sein

Croyant m’avoir conquise

Bien qu’en rien

Je ne te serais acquise

Je suis la lune qui t’aime

Tu es la terre que tu détruis

Tout en me contemplant

Tu crois une nuit m’avoir toute à toi

Comme un dernier espoir

Pour combler ton désespoir

Que ferais-tu de moi

Un autre corps

Ton patrimoine

Qu’une nouvelle proie

J’ai rendez-vous avec la lune

Et le soleil ne le sait pas

Pour elle je me suis fait beau

Noir et blanc

Le coeur transparent

Je lui ai confié toutes mes envies

Tout ce qui va de travers dans ma vie

La lune m’a écouté

Patiemment

Elle m’a pardonné

Et renvoyé seul à ma réalité

Je ne serai jamais ta terre

Entre donc bien cette vérité dans ta tête

Tu n’as qu’une seule mère

Alors prends soin d’elle

Comme la plus belle

Des planètes

Il n’y en a qu’une dans l’univers

Ma sœur la terre

J’ai rendez-vous avec la lune

Et le soleil ne le sait pas

Pour elle je me suis fait tout petit

Comme un croissant

De plumes

Écrivant mes confidences

Dans le silence de la nuit

Sur mes larmes

La lune a déposé

Son baiser

Argenté

On se reverra

Toi et moi

On se reverra

Ne m’oublie pas

Pense à moi

Pense à moi

Et à toi

Et à toi

Thierry Rousse
Nantes, mardi 17 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"

La lune des amis

Une vie parmi des milliards

Quand on perd un ami

C’est comme une vie qui s’finit

Tout un monde s’anéantit

Et le ciel s’obscurcit

Tout un vide de rimes en i

Où tu n’trouves plus ton nid

Un voyage interminable

Un paysage que tu trouves minable

Qu’as-tu fait qu’as-tu pas fait

Juste demander son respect

Tu voulais qu’ton ami t’anoblisse

Qu’à ses yeux tu sois que délices

De la vie t’avait pas tout compris

Ta leçon t’avais pas bien appris

A ses yeux t’avais commis des erreurs

Sur sa route t’étais pas l’bon chauffeur

Dans sa maison t’étais pas l’bon cuisinier

De tous ses paradis ses mets espérés

Quand on perd un ami

C’est comme une vie qui s’finit

Tout un monde s’anéantit

Et le ciel s’obscurcit

Tu voudrais changer les rimes en i

En une douce et tendre vie

Qu’tu sois reconnu pour qui tu es

Que l’handicap soit pas ce toi qu’on hait

Que ta fragilité rime avec sensibilité

Qu’à vous deux soyez force unifiée

Soyez un chemin vers le paradis

Une source jamais qui ne se tarit

Tous les deux chat et souris

Prenant l’un et l’autre soin de sa vie

Quand on perd un ami

C’est comme une vie qui s’finit

Tout un monde s’anéantit

Et le ciel s’obscurcit

Tu rentres dans ce bus de nuit

Sous l’manteau de l’ennui

T’avais pas compté les pieds

De ta douleur t’étais trop fatigué

Tu t’disais j’serai toujours un handicapé

Aux yeux des podiums de cette société

Ça n’sert à rien après tout d’insister

Vouloir toujours prouver ses capacités

T’avais choisi alors les rimes en é

Ce pied de nez de la facilité

Juste pour te coucher plus tôt

En jetant ici-bas tes derniers mots

Quand on perd un ami

C’est comme une vie qui s’finit

Tout un monde s’anéantit

Et le ciel s’obscurcit

T’as juste écrit ces mots à l’oreille

Avant d’basculer dans ton sommeil

Juste le pire essayer d’oublier

Comment dissoudre donc ce qui était lié

Tu t’perds dans tes pensées

Tu réinventes votre amitié

Sans vos mots qui se sont affrontés

Sur le ring de toutes vos fragilités

Et puis tu t’demandes c’est quoi être amis

Si c’n’est vos tempêtes les affronter aussi

On reconnaît l’capitaine pas à sa casquette

Mais au cap des étoiles qui est sa quête

Quand on trouve un ami

C’est comme une vie qui commence

Tout un monde qui danse

Et le ciel s’agrandit

C’est la lune des amis

C’est la lune des amis

Retrouvée dans le ciel un mercredi

C’est la lune des amis

C’est la lune des amis

Qui nous regarde émue réunis

De ses larmes argentées qui nous sourit

On s’est tenu les coudes toi et moi et on y a cru

Qu’on pouvait ensemble re-fleurir ici-bas nos rues

On s’est pardonné toutes nos blessures

Et on a déconstruit un à un tous nos murs

Sous la lune de la vie

Sous la lune de la vie

Thierry Rousse
Nantes, mardi 17 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"

Enfant d’la lune

Une vie parmi des milliards

C’est donc qu’il t’en faudra du temps

Pour quelques lettres de noblesse

C’est donc qu’il t’en faudra du temps

Avant que la vie ne te laisse

Et peut-être ou bien jamais

Personne n’a vu qui tu es

Hé tu t’dis comment se fait-il

Qu’être amis est si difficile

Tu vois tous ces gens réunis

Tu les envies tu leur souris

C’est donc qu’il t’en faudra du temps

Pour quelques lettres de noblesse

C’est donc qu’il t’en faudra du temps

Avant que la vie ne te laisse

Les années ont bien passé

Comme elles avaient commencé

Depuis ton adolescence

Bientôt ton obsolescence

Ta chambre est donc restée la même

Tes compagnons sont tes poèmes

C’est donc qu’il t’en faudra du temps

Pour quelques lettres de noblesse

C’est donc qu’il t’en faudra du temps

Avant que la vie ne te laisse

Tu t’demandes c’qui a raté

C’qu’au profond de toi t’a manqué

T’interrogeant pourquoi pas moi

T’as jamais su vraiment pourquoi

On t’a vu comme être lunaire

A mille années de lumières

C’est donc qu’il t’en faudra du temps

Pour quelques lettres de noblesse

C’est donc qu’il t’en faudra du temps

Avant que la vie ne te laisse

On t’a laissé dans l’univers

Disant t’as pas pieds sur terre

T’avais pas le mode d’emploi

Pour relier cet autre à toi

Pas la mode pour être aimé

Ou t’as pas su comment aimer

C’est donc qu’il t’en faudra du temps

Pour quelques lettres de noblesse

C’est donc qu’il t’en faudra du temps

Avant que la vie ne te laisse

Restant un gosse sur la plage

A contempler ses paysages

Avec cette idée fort ancrée

Qu’t’étais pas l’poisson désiré

Blotti sous l’eau à t’protéger

Des fois qu’on voudrait te croquer

C’est donc qu’il t’en faudra du temps

Pour quelques lettres de noblesse

C’est donc qu’il t’en faudra du temps

Avant que la vie ne te laisse

Enfant d’la lune m’a souri

Tes rêves j’ai vite compris

Tu voulais qu’je rentre chez toi

Qu’j’apprenne ton mode d’emploi

Et moi j’suis resté chez moi

Construisant une paroi

C’est donc qu’il m’en faudra du temps

Pour quelques lettres de tendresse

C’est donc qu’il m’en faudra du temps

Avant qu’dans ton cœur je renaisse

Par une nuit de pleine lune

J’apprendrai ton monde

Par une nuit de pleine lune

Toi et moi on fera une ronde

L’handicap chacun l’a présent

Quelque part au fond de soi

Quand se fait de nos vies absent

Le regard qui nous remplit de joie

Thierry Rousse
Nantes, septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"

O toi le poète

Une vie parmi des milliards

Ton cœur s’embrase

S’enflamme

A ses regards

Ton cœur s’embrase

S’enflamme

A ses délicates attentions

Ton cœur voit

Déjà

Dans ses messages

Votre union

Un ciel bleu

Pétillant de joie

Ton cœur s’embrase

S’enflamme

Alors

Sur les flammes

De ton cœur

Répands donc

L’eau douce des rivières

Alors

Sur les flammes de ton cœur

Répands donc

L’eau salée des mers

Pourvu qu’il s’apaise

Quand un mot après l’autre

T’en fais déjà une nouvelle

Sur les vagues des vignes

O toi le poète

Ton gouvernail est sensible

Et tes mésaventures

Te rappellent à la raison

A la saison des vendanges

O toi le poète

Tu lis les poètes

En eux tu te confonds

D’un je au tu

Missac Manouchian

En fus l’un

A qui tu t’adresses

Également épris tu fus

De tendres sentiments

Tu célèbrais la beauté de la femme publique

L’amour que tu lui devais

Entre les ressacs

De ta mélancolie

O toi le poète

T’écrivais pour elle

La femme de la rue

Ta consolatrice

Ton initiatrice

O toi le poète

T’écrivais pour toutes celles

Pour tous ceux

Qui méritaient dignité

O toi le poète

T’écrivais à ta bien-aimée

A son cœur tu resteras toujours fidèle

O toi le poète

T’aurais pu te satisfaire de ce bonheur

O toi le poète

T’aurais pu te taire

Rester caché sous tes vers

Mais à voir autour de toi

Autant d’humanité bafouée

Humiliée

Déportée

Exterminée

Tu n’pouvais que défendre les êtres opprimés

O toi le poète

T’avais dû quitter ta terre d’Arménie

Après avoir vu ton peuple anéanti

La douleur enfante la révolte

O toi le poète

T’étais accueilli en notre belle France

Le pays des droits de l’homme

Soulagement éphémère

Avant que le peuple français

Ne fut soumis au silence

Complicité aveugle

Contre une menace pointée

Le fascisme disait nous protéger du communisme

O toi le poète

Tu n’t’es pas plié à ce conformisme

T’as choisi la résistance

Quitté ta plume

Quand t’as vu ce qu’on faisait aux coeurs innocents

T’en as payé ta vie

Fusillé sur le mont de Suresnes

T’es mort pour tes idées

Mais t’as jamais perdu ta bien-aimée

Ni la force de ta vérité

O toi le poète

Contre ce joug odieux

Protecteur et menteur

O toi le poète

Tes ailes aujourd’hui couronnent le ciel

Thierry Rousse
Nantes, été 2024 / vendredi 13 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"

Les exploits de Verveine

A Verveine et Chloé

Verveine bondit

C’est qu’elle en a haut de l’élan Verveine

De sa puissance elle en est certaine

Pour choper d’un saut autant de moustiques

C’est qu’elle veut pas vraiment qu’ils te piquent

Verveine a pour toi le cœur élastique

Championne d’amour aux jeux olympiques

Verveine sourit

C’est qu’elle veille sur tes nuits

Elle avec toi jamais ne s’ennuie

Et à minuit sa chasse accomplie

A tes pieds comme un bébé se blottit

N’oublie pas toi Marraine t’es sa fée

Votre territoire est bien gardé

Verveine s’endort

Votre chambre dorée est un royaume

Où se répand le plus doux des arômes

Sous votre fenêtre est un paradis

Fleuri de tous vos songes réunis

Où t’es son trésor

Thierry Rousse
Nantes, jeudi 12 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"

Qui suis-je

Tous ces rôles qu’t’avais imités

Pour exister en société

Parce qu’tu n’savais pas comment

Exister autrement

Parce qu’tu n’savais pas comment

Simplement toi tu pouvais exister

Aux yeux d’ces gens

Parce qu’toi

C’était la grande question

De qui t’étais

Au-moins toi tu t’l’étais posée

Cette question

Impossible de cerner ce grand vide

Qui t’angoissait

L’infini de l’univers

Les origines de la vie

T’avais besoin de repères

Tout détailler tout écrire

Ton seul moyen de vivre

Et quand une chose n’était pas faite

Comme c’était écrit

Alors là venaient tes cris

Face aux spectres mouvants de l’inconnu

Parce que l’monde devait être parfait

Pour exister

Etait-ce cette réponse qu’on avait apportée à ta question

La perfection pour exister

La perfection pour qu’t’existes

Le mode d’emploi décomposé

Chronométré

La perfection d’la conduite

La perfection d’la cuisson

La perfection du geste

Tout un tableau organisé

Pour exister

Comment vivre autrement

J’m’efforçais bien d’y répondre

Tout c’qu’on avait inventé

A l’appart’ager

Pour que t’sentes exister

Tout était clair organisé

Ce p’tit monde hors de la réalité

Qu’il te faudrait bien un jour affronter

Ou rester confiné dans un nid protégé

On n’était pas tous outillés

A affronter l’instabilité

L’imperfection

Qui nous renvoyait à nos questions

Pourtant dans le vide

Tu pouvais être toi aussi

Un enfant

J’ne pouvais pas toujours t’offrir la perfection

Qui le pouvait vraiment

Avais-tu rencontré ces êtres

Qu’on appellait les clowns

J’suis pas trop sûr qu’ils appartenaient à la terre

Il y avait cet abîme

Ce vertige

L’immensité de l’infini

Ce seul vide

En eux

Qui leur permettait d’accueillir le monde

Les clowns étaient comme des éponges

Le monde pénétrait en leur corps

Ils jouaient ses personnages

Et entre deux

Revenait en eux cette question

Qui suis-je

Qui est mon corps

Un être malade à soigner

Etait-ce cette vérité qu’on avait voulu t’enseigner

Inapte au monde adulte

Immature

Ces mots t’avaient enterré de murs

Diagnostic médical

Qui te jugeait bancal

Quand tu n’étais simplement qu’un ange

Tombé sur terre

Et que c’était bien toi

Qu’on devait accueillir

Dans tes fragilités

Pour apprendre à vivre

Et surtout pas te persuader

Que la perfection

Etait le seul moyen d’exister

Ton être m’intéressait bien plus

Que les répliques qu’il fallait interpréter

Pour être bien en société

On peut pas vivre toute sa vie camouflé

Dans une camisole de rôles même bien joués

C’est ce théâtre qui laisse place à ton être

Qui me plaît

Pas celui qui veut nous formater

L’illusion est pleine de compromissions

La comédie

La vraie

Est la vie

Qui se joue

Aux places debout

Shakespeare l’avait compris

On ne peut pas grandir

Dans un regard qui nous oblige

On ne peut pas grandir

Dans un regard qui toujours a à nous redire

On ne peut pas grandir

Dans un regard qui toujours

Nous prend de haut

On ne peut vivre

Que dans un face à face

Où la parole se dit

Qui suis-je

Thierry Rousse
Nantes, mercredi 11 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"