Des p’tits coeurs de bohême

Madame Moijeuveutout

Sait ce qu’elle veut

Madame Moijeuveutout

Veut la première place

Madame Moijeuveutout

Exige qu’tu lui cèdes ta place

Madame Moijeuveutout

S’en fout des règles

Madame Moijeuveutout

Se dit être la règle

Madame Moijeuveutout

Sait ce qu’elle veut

Madame Moijeuveutout

Prétend tout savoir sur tout

Madame Moijeuveutout

A vraiment fait tout

Madame Moijeuveutout

Veut tout savoir sur tout

Madame Moijeuveutout

Vraiment de toi s’en fout

Madame Moijeuveutout

N’vit que pour ses ailes

Madame Moijeuveutout

Se croit avoir des ailes

Madame Moijeuveutout

S’intéresse à qui tu es

Madame Moijeuveutout

Seulement pour ses intérêts

Madame Moijeuveutout

Sait ce qu’elle veut

Madame Moijeuveutout

Veut quitter Paris

Et vivre ici

Avec ses us hors de prix

Madame Moijeuveutout

Pense que sa beauté

L’autorise à dominer

Un mâle soumis à ses volontés

Madame Moijeuveutout

S’est bien gardée

De tout son égo

Derrière ses jolis mots

Madame Moijeuveutout

A cru le camoufler

Madame Moijeuveutout

Vit sur son nuage

Madame Moijeuveutout

N’est que de passage

Madame Moijeuveutout

Sait ce qu’elle veut

Madame Moijeuveutout

Est déterminée

Madame Moijeuveutout

Ne veut plus travailler

Madame Moijeuveutout

Veut son bien-aimé

Et ajoute-t-elle bien fortuné

Madame Moijeuveutout

Est honnête

Madame Moijeuveutout

Dévoile tout son plan dans sa tête

Madame Moijeuveutout

Veut juste être entretenue

Équitable récompense de son offrande

Le calice de son corps nu

Tout entier livré au mâle dévolu

Madame Moijeuveutout

Donne ses rendez-vous

Malheur à celui qui cède à tout

Madame Moijeuveutout

Use de belles proses

Pour défendre sa cause

Madame Moijeuveutout

A trouvé sa cachette

Un monsieur Jeutachète

Madame Moijeuveutout

Joue avec son feu

Madame Moijeuveutout

Étale son jeu

Madame Moijeuveutout

Dans les pièces dispersées

Madame Moijeuveutout

Cherche son

Je

Au milieu des étoiles

Est prête à tout pour cette toile

Monsieur Jeutachète

Sait ce qu’il veut

Monsieur Jeutachète

Une belle dame pour combler sa solitude

Monsieur Jeutachète

Cédera à tous ses caprices

Monsieur Jeutachète

Pourvu que Madame cède au lit

Monsieur Jeutachète

Rampera comme un toutou pour sa belle

Monsieur Jeutachète

Jouera le jeu du couple uni

Monsieur Jeutachète

Un brin romantique

Monsieur Jeutachète

Fier en société d’être si bien accompagné

Monsieur Jeutachète

La renommée s’achète

Monsieur Jeutachète

Fermera les yeux sur les mille amants de Madame

Monsieur Jeutachète

Jouera son jeu cruel

Monsieur Jeutachète

Entretiendra son égo

Monsieur Jeutachète

A deux se sentira plus beau

Monsieur Jeutachète

Au jeu de madame Moijeuveutout

Madame Moijeuveutout

Au jeu de monsieur Jeutachète

Ce jeu ne me plaît guère

Et puis fauché comme les blés

J’ peux que ma liberté acheter

Une promenade à travers les coquelicots

Et puis si on s’aime

Des ronds dans l’eau

C’est vraiment pour nos êtres qu’on sème

Toi et moi

Sans rien avoir

Que le désir de nous aimer

Nous offrir l’un à l’autre la tendresse

Nos erreurs nos faiblesses

L’amitié n’est pas chose qui s’achète

Ni se vend

L’amitié est graine au vent

Deux sourires qui rient

De leurs fragilités

Deux coeurs qui se pardonnent

Deux cœurs qui se donnent

Alors

Ni madame Moijeuveutout

Ni monsieur Jeutachète

On veut

Nous

C’qu’on veut être

C’est juste être

Des p’tits cœurs de bohême

Thierry Rousse
Nantes, mardi 10 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"

Un p’tit pont d’espoir entre toi et moi

Tu n’disais mot Lola

Qu’en avais-tu pensé

Lola

Tu n’disais mot

Et quand tu n’disais mot

J’me disais

C’qu’t’en as pensé

D’nos éventails

Peut-être pas grand chose

C’que tu n’oses me dire

Qu’un brin de paille

Alors j’rangeais mes questions

Sous mes réflexions

Avant qu’j’m’en aille

Aurais-je fait un bide

Dans tes yeux livides

Tu m’parlais des autres

Et j’me sentais invisible

Transpercé

Par tes pensées

J’ai le cœur qui pleut

J’me sens malheureux

Sur ton oreiller

J’te promets Lola

J’ferais mieux la prochaine fois

Sur tes lèvres embrassées

J’serais l’roi des mots

Dis tu m’crois cette fois

Quand j’écris sur tes bras

L’estuaire de mes rêves

Lola

Dis-toi

J’suis plus en trêve

Quoi

Tu n’disais mot Lola

Au bras d’fer

Tu m’as vaincu

Au bras d’cœur

J’ai d’la rancoeur

Et je pleure

Et tu n’disais mot Lola

Pourtant tous les copains d’abord

Etaient bien là au Ripaillon

Le grand Jacques en avant

Ouvrant le chemin

Forçant le destin

A chaque carrefour

Il était suivi de près

Par les deux belles paires

Les deux Charles

Et les deux Georges

On y parlait jardins de bohème

Et d’amourettes dans leurs poèmes

C’était l’Montmartre des plaisirs

Le retour des beaux jours

Des escapades champêtres

Avec le grand Jacquot

Une nouvelle paire s’abattait

Les deux Jacques

Y’avait l’Bobby aussi

Plus solitaire

Qui pointait son nez

De Pézenas à Paris

Avec sa bicyclette

La tête sur le guidon

Les deux pieds en l’air

Pour nous distraire sous la pluie

De sa ribambelle de jeux de mots

Tiens v’là madame La Fée

Qui fait l’beau temps dès mai

Mais tu n’disais rien Lola

Et même Bourvil

Semblait étranger au bal de ta ville

A croire qu’nos devinettes

N’avaient point fait recettes ce soir

Même l’autre monde d’Aubert

N’avait eu raison des guerres

Car tu n’disais mot Lola

Existais-je pour toi

Et toutes ces voix

Qui brassaient l’air de la campagne

Au son d’l’accordéon

J’finirais dans ta corbeille

Disparu

Oublié

Lola s’était tue

Et moi j’avais l’air d’un chien battu

On ne gagne pas à tous les coups

Au grand Casino de la vie

Et puis qu’importe ce qu’dit Lola

Toi et moi

On y croit à notre aventure

Et puis j’t’avoue

Lola elle n’existe pas

J’l’imagine seulement

Quand l’public repart

Sans dire un mot

J’écris

Dans l’obscurité d’une rue

Retourne-toi Lola

Et parle-moi

Dis-moi un mot

Rien qu’un mot

Que j’écrive le second

Sur la scène

De retour au Ripaillon

Que j’tisse un p’tit pont

D’espoir

Entre toi et moi

Un p’tit pont

D’espoir

Entre toi et moi

Thierry Rousse
Nantes, lundi 9 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"

Force aimante

Forcément

Quand

T’as vécu

Ton adolescence

A encaisser des reproches

Quand rien de ce que tu faisais

A ses yeux n’était bien

Forcément

Quand tu prenais

En plein visage des insultes

Ou des moqueries

Forcément

Quand tu t’enfermais dans ta chambre

A écouter de la musique ou à lire

Pour ne plus entendre ses cris

Forcément

Quand un jour

T’arrives à en guérir

Cueillir quelques compliments

Ou une poignée d’encouragements

Forcément

Ça te fait du bien au-dedans

Forcément

Et quand reviennent un jour les reproches

Quand ils se font de plus en plus fréquents

Insistants

Forcément

C’est à nouveau un couteau qu’on te plante

Forcément

Et ça saigne au-dedans

Forcément

Quand tu fais tout pour faire bien

Et que le compliment

N’est encore qu’un reproche

Forcément

Un jour c’est le mot de trop qui déborde

Et t’exploses

T’es K.O.

Et la page se tourne

Et il faudra à nouveau tout reconstruire

Retrouver pas après pas la confiance d’un sourire

Forcément

Ça prend du temps

Et tu tournes la page

Fermes à nouveau la porte de ta chambre

Et pardonnes à l’être qui t’a fait ces reproches

Forcément

Tu cherches un refuge

A travers les livres

Un monde de douceurs

Forcément

Tu peux pas te déployer

Dans un regard qui t’enfonce

Forcément

Tu ne peux être heureux

Que dans un regard qui t’élève

Forcément

Tu ne peux être heureux

Que dans un regard qui t’aime

Forcément

Tu ne peux être ravi

Quand dans un regard qui te sourit

Forcément

Alors

Dans ta solitude

Essuie tes pleurs

Et abreuve-toi de mots câlins

La gentillesse est une force aimante

Thierry Rousse
Nantes, dimanche 8 septembre 2024
"Une vie parmi des milliards"

O lune

PLENA MOON Poème de Thierry Rousse

O lune

Combien de nuits me faudrait-il

Parcourir avant d’atteindre ton île

O lune

Toi que je contemple en ma solitude

Me consolant de tant d’incertitudes

O lune

T’as étincelé sur ma mer obscure

Ouvrant un ch’min d’espoir entre mes murs

O lune

Sans toi la terre ne tournerait pas

Ni l’soleil et ma vie serait trépas

O lune

Car sans toi comment aurais-je pu naître

Car sans toi comment aurais-je pu être

O lune

Ce Pierrot marchant à côté du monde

Dans le jour cherchant sa source profonde

O lune

Es-tu l’ultime espoir quand tout s’effondre

Quand notre planète avons laissé fondre

O lune

Encore vierge de tout sévice

A l’abri éloignée de tous nos vices

O lune

Qu’on avait pourtant voulu conquérir

Coloniser comme un nouvel empire

O lune

Tu t’es montrée hostile aux conquérants

Et douce et chaude et belle aux coeurs aimant

O lune

T’es le lampadaire des solitaires

Tes songes se reflètent sur la terre

O lune

Pour les amoureuses les amoureux

Tu es un lit de miel langoureux

O lune

J’adore m’endormir sous ton soleil

Songer à chacune de tes merveilles

O lune

Ces coeurs à qui t’as redonné l’espoir

Montré une nouvelle trajectoire

O lune

Sous ton regard avec vous j’prends ma plume

Pour disperser dans l’vent toutes nos brumes

O lune

Radieuse j’me blottis en tes seins

Tu es mon plus beau dessin mon destin

O lune

Accueille ici-bas mes mots maladroits

Ce soir j’voulais juste écrire pour toi

O lune

Toi qui vois entends ma lune est ma muse

Réunis sur les places on s’amuse

O lune

Lune de soeurs

T’es mon bonheur

O lune

Lune de frères

T’es mon repaire

O lune

Universelle

T’es la plus belle

O lune

De toutes lunes

T’es ma commune

O lune

Tes bras ouverts

Je vis sur terre

O lune

O lune

O lune

O ma lune assieds-toi près de moi

Et tous tes maux tous tes mots confie-moi

O lune

O lune

O lune

Ma lune j’en ferai notre maison

Comme une orange sous toute saison

O lune

O lune

O lune

Je partagerai tous tes quartiers

Aux vagabonds des rêves oubliés

O lune

O lune

O lune

O mon abri o nid chéri que j’aime

Je t’offre en cette nuit mon poème

Thierry Rousse
Nantes, vendredi 6 septembre 2024
“Une vie parmi des milliards”

A Missak Manouchian

Une vie parmi des milliards

Dans le fourgon

Te menant

Au Mont-Valérien

Toi et tes camarades de la Libération

Aux yeux de l’occupant

Etiez perçus comme des vauriens

Vous avez été torturés

Pour balancer vos pairs

Et toi tu n’as rien dit

Roué de coups

Le corps ensanglanté

Sur le quai de ton martyre

Entre les barreaux de votre fourgon

Tu voyais deux bouches s’unir

Dans ce Paris insouciant

Le long d’une Seine romantique

Sous des lampions aveugles et sourds

Des lèvres chantaient avec légèreté

Y’a de joie

Voulait-on nous faire croire

A cette douce félicité

A ces pluies de baisers

Quand dans les fours crématoires

Périssaient enfants et parents

Au nom de leurs origines

Au nom de leurs croyances

Quel être digne aligné au ciel

Pouvait se soumettre à de telles lois

Tourner les regards

Vers ces guinguettes

Vers ces divertissements

Quand on rasait

Dans l’indifférence

Les têtes des innocents

Quand on faisait couler impunément

Leur sève

Dans les sous-sols et les camps

Missak

Toi à l’âme intègre

T’avais quitté la poésie

Pour un juste combat

“Ivre d’un grand rêve de liberté”

Mais t’avait-t-elle au fond vraiment quitté

La liberté

Cette muse de toute beauté

Les saveurs de tes rimes

Exprimaient tes plus intimes désirs

La poésie les avait gravés sur ton cœur

Les saveurs de ces hymnes

Exprimaient tes plus profonds désirs

Tes mots avaient été publiées sur tous les murs

Et ta mémoire

Au Panthéon

Enfin avait été enfin honorée

En cette “Douce nuit d’été”

Reste ton livre

Je voudrais m’abreuver

De chacun de tes mots

Les parfums de tes origines

Me ravissent

Me délivrent

Le bonheur n’appartient pas à la haine

Le bonheur n’appartient pas à la haine

C’est ma croyance

Et tes mots offerts me sont présence

Dans le train de l’absence

La lecture de chacun de tes poèmes

Mérite à chaque instant mon attention

Un flottement au-dessus du temps

Goûter du bout des lèvres tes pensées

Avant d’y revenir

M’y plonger tout entier

L’éveil de mon désir

Un dimanche

Une matinée d’été

Attendait

Ton retour

Sur le quai d’une gare

Quelque part

Je retourne à ton combat

Pure exaltation de la beauté des sentiments

Qui peut nous assurer

Que l’horreur n’arrivera plus

Que la démocratie sera toujours bien protégée

Que les silences toujours seront brisés

Que la poésie ne finira pas en fumée

En rivières de sang

Oubliée

Thierry Rousse
Nantes, juillet 2024 et jeudi 5 septembre 2024
« Une vie parmi des milliards »
Missak Manouchian, "Ivre d'un grand rêve de liberté", Points Poésie

Le voyou des mots (5)

Une vie parmi des milliards

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait Fille du geôlier

Qui n’avait point les mains liées

Tu voulus palper ses talents

Criant partout j’suis brigand

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Pressé jusqu’aux prisons de Nantes

T’allas voler ta chère amante

La Bretonne sur l’pont-levis

T’dit c’est pas ici l’paradis

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Vous vous trompez de marchandise

Vous n’êtes point homme à sa guise

C’est que j’pourrais bien vous pendre

Pour votre élan un peu trop tendre

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Tu rentras nu dans l’lit d’ta blonde

Trop tard y’avait déjà du monde

Tu repartis l’cœur en linceul

Qui batifole finit seul

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Thierry Rousse
Nantes, lundi 2 septembre 2024
D’après La route aux quatre chansons de Georges Brassens
"Une vie parmi des milliards"

Le voyou des mots (4)

Une vie parmi des milliards

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y avait la belle ingénue

Qui s’baignait au ru toute nue

Le vent jeta au loin sa robe

D’une rose t’en fis son aube

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

C’est ainsi qu’elle fut vêtue

Toute parfumée t’apparût

Sous les pétales de tes mots

Pria qu’le vent souffle à nouveau

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait notre joueur d’flûteau

Enchantant l’roi en son château

Au point qu’il reçut un blason

De la beauté de ses chansons

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Que faire d’ce noble trophée

Si c’est pour perdre mon aimée

Au village avoir plus ma place

Qu’mener une vie de palaces

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

J’veux encore les vaches traire

Non des dorures m’satisfaire

J’veux danser avec les oiseaux

Les charmer des airs d’mon flûteau

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

L’joueur du château franchit l’pont

Au garde rendit son blason

Courra en sabots voir sa Marie

C’est toi ma douce ma vraie vie

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait l’p’tit radeau des copains

C’bateau en jalousait plus d’un

Tu rêvais d’embarquer à bord

Plein cap l’amitié d’abord

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Thierry Rousse
Nantes, lundi 2 septembre 2024
D’après les chansons de Georges Brassens

Voyage à Sète

Une vie parmi des milliards

Lundi 22 juillet 2024

Quarante heure vingt cinq du matin

Et encore la nuit

Deux corps sous une pile de duvets dorment devant la gare

Ouverture des portes

L’horaire de ton train est bien affiché

4h50

Montpellier Sud de France

Te voici rassuré

Pas encore le numéro de la voie

Attendre

Il s’affiche

Rassuré

Tu

Descends sur la voie indiquée

Cherches sur le quai

Ta voiture dans le train grande vitesse

Voiture sept

N’est-ce pas inouï

Place 26

Côté couloir

Tu penses être côté fenêtre

Alors tu triches

Tu prends la place 27

Elle est vide

La voyageuse du numéro 27 monte à Angers

Ne dit mot

Prend ta place 26 vide

Met son casque

Écoute de la musique

Et descend à Massy

T’es soulagé

Petit ou grand désagrément

Prise de conscience subite

Tu fais dos à ta destination

Il te faut un certain temps pour réaliser

Au bout de la nuit

Que

Ça

T’aimes pas

Faire dos à ta destination

Ne voir que ce que tu laisses derrière toi

Que ce qui dès lors appartient à ton passé

Chaque seconde révolue

Défilement des paysages

Des gens et du temps

Défilement des pensées

Des sensations

Des sentiments

Regarder ce qui ne sera plus

Ne pas voir où tu vas

Ce qui t’attend

Ne pouvoir que l’imaginer

T’en faire une idée ou pas

Te laisser aller au rêve

Être heureux impatient

Et puis non

Tu pourrais être déçu

Si c’que tu imagines en rien tu n’le retrouves

Tu ne veux pas être déçu

Tu ne penses plus à ce qui est devant

Tu vis l’instant présent

Point fixe dans un train

Oui

Go à toute allure sur les rails

Tu remontes ton store

Le jour se pointe

Quelles regards de-ci de-là sur le monde

Des tristes plaines de la Brie à ses jolies collines

Barbara descend

Il pleut sur Lyon

Les nuages ont noirci de gris le bleu du ciel

Laurent est le conducteur du train

T’entends sa voix

Laurent te dit que vous êtes à 295 km heure

Puis c’est au tour de Serge

Le gars du bar

En voiture 4

Là aussi t’entends sa voix

Serge t’attend au bar

Et te dit que pour le moment

Il n’y a pas d’attente

Trois euros le café

T’as pas trop envie de revoir Serge

La nouvelle voyageuse 7 est montée à Lyon

Elle non plus ne dit mot

Elle regarde par la fenêtre

Tu culpabilises

T’occupes sa place

Le sait-elle

Connaît-elle sa place

T’as fini de lire Omar

Omar te dit

Il faut s’enivrer et aimer

Aimer le bon vin et les jolies femmes

Vivre l’instant présent

Car l’avenir est néant

Être heureux

Avant tout

Qu’en est-il des autres

Es-tu beau

Le soleil revient

Le voyageur du siège devant baisse le store

Un store pour deux

Comment vous mettre d’accord

T’oses rien lui dire

C’est toi qui l’avait relevé

Sans rien lui demander

Tu vois plus rien du paysage côté fenêtre

Rien

Qu’une infime ouverture

Tu t’tords ton cou pour apercevoir un brin d’herbe

T’es dépité

T’ouvres un nouveau livre

“Ivre d’un grand rêve de liberté”

Missiac Manouchian

Quelques lignes

Et tu tombes soudain entre les mains du marchand de rêve

T’as beau lutter

T’accrocher aux mots

Le livre t’échappe

Les mots aussi

Absence à toi-même

Combien de temps

T’ouvres les yeux

Le ciel est bleu

La chaleur envahit ton compartiment

Ta voisine numéro 27 dort toujours

T’oses pas la déranger

Te lever pour aller aux toilettes

Tu t’retiens

Le Rhône a remplacé la Loire

Des montagnes ont poussé entre les vignes

Le sol est aride

Tes pensées s’égarent

Au bord du Gard

Lointains souvenirs

Au loin le Lubéron

T’étais jeune

T’étais beau

Grimpais aux cimes

Jusqu’à l’horizon

Nîmes te traverse

N’oubliez rien en quittant votre place

Cela peut coûter cher à son propriétaire

Et générer du retard

T’oublie rien

T’écris pour laisser une trace à ta place

Des mots se dessinent

Sète

Ton terminus

Te voici sur l’quai avec ta valise à roulettes

Brassens t’attend

Te fait signe

Lundi 22 juillet 2024

12h57

Thierry Rousse
Dans le train de Nantes à Sète, lundi 22 juillet 2024
Nantes, Brasserie “Le Molière”, samedi 31 août 2024
"Une vie parmi des milliards"

Le p’tit chaton et sa fée

Une vie parmi des milliards

A Chloé et Verveine,

P’tit chaton

Jeté sur l’bord d’la route juste près du pont

P’tit chaton t’es maintenant sans toit ni maison

P’tit chaton

Y’avait trop d’chatons tu fus celui de trop

P’tit chaton perdu faut qu’tu trouves un peu d’eau

P’tit chaton

T’es réfugié dans les ronces apeuré

Voilà de quoi est capable l’humanité

P’tit chaton

Fus arraché à ta maman sans ton avis

Et livré en terre inconnue à ta survie

P’tit chaton

T’as rencontré au fond d’ce jardin une fée

Sans condition dans ses bras t’a hébergé

P’tit chaton

Toi et ta fée avez appris à vous connaître

Vous approchant millimètre par millimètre

P’tit chaton

Toi et ta fée vous vous êtes apprivoisés

T’es senti près d’ses ailes en sécurité

P’tit chaton

Et ta fée t’a nourri et ta fée t’a soigné

De toutes ces puces qui voulaient t’dévorer

P’tit chaton

Ta fée depuis longtemps était affaiblie

Mais pour toi elle s’est battu pour cette vie

P’tit chaton

Pour trouver pour vous deux sur terre un beau logis

Calme et caché où vous serez enfin guéris

P’tit chaton

Guéris de tous les maux du monde du mépris

Du rejet d’l’ignorance des mauvais esprits

P’tit chaton

Dans cet exil forcé t’as eu beaucoup de veine

T’as maintenant ta maman et un nom Verveine

P’tit chaton

Toi et elle aimez vous retrouver pour jouer

Vous riez vous consolez dormez enlacés

P’tit chaton

Il n’est pas de plus belle amitié sur terre

Que deux coeurs unis qui ont vu leur vie renaître

P’tit chaton et sa fée

Un beau matin sauvés

Thierry Rousse
Nantes, vendredi 30 août 2024
"Une vie parmi des milliards"

Le voyou des mots (3)

Une vie parmi des milliards

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait Ninette qu’un soûlaud

Au comptoir d’un vieux bistrot

T’avait vendu trois francs six sous

T’effeuillas vite ses d’ssous

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Surpris tu vis ses côtelettes

Non vraiment désolé Ninette

Alors donne-moi à manger

C’est ainsi qu’tu t’mis à l’aimer

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait Jeanne et sa douce auberge

Ouverte à tous ceux qui gambergent

Où s’blottir d’amour près d’un feu

Goûte donc à mon pote-au-feu

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Une porte toujours ouverte

Où il f’sait bon faire causette

La Jeanne s’payait en baisers

De tous ses p’tits plats mijotés

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait la révolution

Et toi en génuflexion

Tu poussais la chanson

Coquine jusqu’à son balcon

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Fais-moi voir ma mie ton chaton

Blotti entre tes deux melons

Qu’sous ma main agile il ronronne

De tes caresses ma mignonne

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Thierry Rousse
Nantes, jeudi 29 août 2024
D'après les chansons de George Brassens
"Une vie parmi des milliards"