Voyage à Sète

Une vie parmi des milliards

Lundi 22 juillet 2024

Quarante heure vingt cinq du matin

Et encore la nuit

Deux corps sous une pile de duvets dorment devant la gare

Ouverture des portes

L’horaire de ton train est bien affiché

4h50

Montpellier Sud de France

Te voici rassuré

Pas encore le numéro de la voie

Attendre

Il s’affiche

Rassuré

Tu

Descends sur la voie indiquée

Cherches sur le quai

Ta voiture dans le train grande vitesse

Voiture sept

N’est-ce pas inouï

Place 26

Côté couloir

Tu penses être côté fenêtre

Alors tu triches

Tu prends la place 27

Elle est vide

La voyageuse du numéro 27 monte à Angers

Ne dit mot

Prend ta place 26 vide

Met son casque

Écoute de la musique

Et descend à Massy

T’es soulagé

Petit ou grand désagrément

Prise de conscience subite

Tu fais dos à ta destination

Il te faut un certain temps pour réaliser

Au bout de la nuit

Que

Ça

T’aimes pas

Faire dos à ta destination

Ne voir que ce que tu laisses derrière toi

Que ce qui dès lors appartient à ton passé

Chaque seconde révolue

Défilement des paysages

Des gens et du temps

Défilement des pensées

Des sensations

Des sentiments

Regarder ce qui ne sera plus

Ne pas voir où tu vas

Ce qui t’attend

Ne pouvoir que l’imaginer

T’en faire une idée ou pas

Te laisser aller au rêve

Être heureux impatient

Et puis non

Tu pourrais être déçu

Si c’que tu imagines en rien tu n’le retrouves

Tu ne veux pas être déçu

Tu ne penses plus à ce qui est devant

Tu vis l’instant présent

Point fixe dans un train

Oui

Go à toute allure sur les rails

Tu remontes ton store

Le jour se pointe

Quelles regards de-ci de-là sur le monde

Des tristes plaines de la Brie à ses jolies collines

Barbara descend

Il pleut sur Lyon

Les nuages ont noirci de gris le bleu du ciel

Laurent est le conducteur du train

T’entends sa voix

Laurent te dit que vous êtes à 295 km heure

Puis c’est au tour de Serge

Le gars du bar

En voiture 4

Là aussi t’entends sa voix

Serge t’attend au bar

Et te dit que pour le moment

Il n’y a pas d’attente

Trois euros le café

T’as pas trop envie de revoir Serge

La nouvelle voyageuse 7 est montée à Lyon

Elle non plus ne dit mot

Elle regarde par la fenêtre

Tu culpabilises

T’occupes sa place

Le sait-elle

Connaît-elle sa place

T’as fini de lire Omar

Omar te dit

Il faut s’enivrer et aimer

Aimer le bon vin et les jolies femmes

Vivre l’instant présent

Car l’avenir est néant

Être heureux

Avant tout

Qu’en est-il des autres

Es-tu beau

Le soleil revient

Le voyageur du siège devant baisse le store

Un store pour deux

Comment vous mettre d’accord

T’oses rien lui dire

C’est toi qui l’avait relevé

Sans rien lui demander

Tu vois plus rien du paysage côté fenêtre

Rien

Qu’une infime ouverture

Tu t’tords ton cou pour apercevoir un brin d’herbe

T’es dépité

T’ouvres un nouveau livre

“Ivre d’un grand rêve de liberté”

Missiac Manouchian

Quelques lignes

Et tu tombes soudain entre les mains du marchand de rêve

T’as beau lutter

T’accrocher aux mots

Le livre t’échappe

Les mots aussi

Absence à toi-même

Combien de temps

T’ouvres les yeux

Le ciel est bleu

La chaleur envahit ton compartiment

Ta voisine numéro 27 dort toujours

T’oses pas la déranger

Te lever pour aller aux toilettes

Tu t’retiens

Le Rhône a remplacé la Loire

Des montagnes ont poussé entre les vignes

Le sol est aride

Tes pensées s’égarent

Au bord du Gard

Lointains souvenirs

Au loin le Lubéron

T’étais jeune

T’étais beau

Grimpais aux cimes

Jusqu’à l’horizon

Nîmes te traverse

N’oubliez rien en quittant votre place

Cela peut coûter cher à son propriétaire

Et générer du retard

T’oublie rien

T’écris pour laisser une trace à ta place

Des mots se dessinent

Sète

Ton terminus

Te voici sur l’quai avec ta valise à roulettes

Brassens t’attend

Te fait signe

Lundi 22 juillet 2024

12h57

Thierry Rousse
Dans le train de Nantes à Sète, lundi 22 juillet 2024
Nantes, Brasserie “Le Molière”, samedi 31 août 2024
"Une vie parmi des milliards"

Le p’tit chaton et sa fée

Une vie parmi des milliards

A Chloé et Verveine,

P’tit chaton

Jeté sur l’bord d’la route juste près du pont

P’tit chaton t’es maintenant sans toit ni maison

P’tit chaton

Y’avait trop d’chatons tu fus celui de trop

P’tit chaton perdu faut qu’tu trouves un peu d’eau

P’tit chaton

T’es réfugié dans les ronces apeuré

Voilà de quoi est capable l’humanité

P’tit chaton

Fus arraché à ta maman sans ton avis

Et livré en terre inconnue à ta survie

P’tit chaton

T’as rencontré au fond d’ce jardin une fée

Sans condition dans ses bras t’a hébergé

P’tit chaton

Toi et ta fée avez appris à vous connaître

Vous approchant millimètre par millimètre

P’tit chaton

Toi et ta fée vous vous êtes apprivoisés

T’es senti près d’ses ailes en sécurité

P’tit chaton

Et ta fée t’a nourri et ta fée t’a soigné

De toutes ces puces qui voulaient t’dévorer

P’tit chaton

Ta fée depuis longtemps était affaiblie

Mais pour toi elle s’est battu pour cette vie

P’tit chaton

Pour trouver pour vous deux sur terre un beau logis

Calme et caché où vous serez enfin guéris

P’tit chaton

Guéris de tous les maux du monde du mépris

Du rejet d’l’ignorance des mauvais esprits

P’tit chaton

Dans cet exil forcé t’as eu beaucoup de veine

T’as maintenant ta maman et un nom Verveine

P’tit chaton

Toi et elle aimez vous retrouver pour jouer

Vous riez vous consolez dormez enlacés

P’tit chaton

Il n’est pas de plus belle amitié sur terre

Que deux coeurs unis qui ont vu leur vie renaître

P’tit chaton et sa fée

Un beau matin sauvés

Thierry Rousse
Nantes, vendredi 30 août 2024
"Une vie parmi des milliards"

Le voyou des mots (3)

Une vie parmi des milliards

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait Ninette qu’un soûlaud

Au comptoir d’un vieux bistrot

T’avait vendu trois francs six sous

T’effeuillas vite ses d’ssous

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Surpris tu vis ses côtelettes

Non vraiment désolé Ninette

Alors donne-moi à manger

C’est ainsi qu’tu t’mis à l’aimer

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait Jeanne et sa douce auberge

Ouverte à tous ceux qui gambergent

Où s’blottir d’amour près d’un feu

Goûte donc à mon pote-au-feu

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Une porte toujours ouverte

Où il f’sait bon faire causette

La Jeanne s’payait en baisers

De tous ses p’tits plats mijotés

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y’avait la révolution

Et toi en génuflexion

Tu poussais la chanson

Coquine jusqu’à son balcon

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Fais-moi voir ma mie ton chaton

Blotti entre tes deux melons

Qu’sous ma main agile il ronronne

De tes caresses ma mignonne

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Thierry Rousse
Nantes, jeudi 29 août 2024
D'après les chansons de George Brassens
"Une vie parmi des milliards"

Y’a d’la joie Charles

Une vie parmi des milliards

Y’a de la joie en mille neuf centre trente sept

Qui pouvait deviner ce qui se tramait dans l’ombre

Qui voyait fil après fil

La toile d’araignée sombre

Couvrir l’Europe de pénombre

Qui

Toi

Charles

Tu nous faisais voir

Dans le ciel

Par dessus les toits

La joie

Comme dans un miroir

Mais

De tout ce qu’il y avait sous les toits

Tu fis silence

C’est vrai que j’te connaissais à peine

Charles

C’est vrai qu’j’avais presque rien lu de ta plume

Charles

Que les mots qui m’apportaient

Des boum boum dans mon foyer

Et me tenaient chaud

C’était cette joie dont j’avais besoin

Ta joie

Charles

Au petit matin

En ouvrant ma fenêtre

Pousser ta chansonnette

Bonjour les hirondelles

Y’a d’la joie

Bonjour les hirondelles

Y’a d’la joie

Du soleil qui ruisselle dans mes ruelles

Du pain perdu sur le bord de ma fenêtre

Hé mais qu’y avait-il sous les toits

Des ruisseaux de lumière

Et sur les boulevards

Un avant-goût de la guerre

On ne savait quel orage approchait

Quels pas résonnaient

Dans le labyrinthe des catacombes

Et toi

Charles

Réfugié

Dans ton jardin extraordinaire

Tout le jour

Ton cœur battait

Chavirait

Chancelait

Et la nuit

Quels cauchemars

Ou quels rêves

Te réveillaient en sursaut

Hé dis-moi Charles

C’est l’amour qui venait et tu ne savais quoi

Au-dessus de ta tête

Bonjour les demoiselles

Y’a d’la joie

Bonjour les demoiselles

Y’a d’la joie

Et bien bonjour

Hé bonjour

J’ai un bon jour à vous souhaiter

Pour bien commencer votre journée

Y’a d’la joie

Partout sur tous les toits

Y’a d’la joie

Partout la joie se répand dans vos yeux

Comme un parachute

Au-dessus des toits

Dans les rues et les jardins

Y’a d’la joie

Y’a d’la joie

Ma joie de vivre

Mais quelle joie

Était-ce

De l’ignorance

De l’indifférence

De l’insouciance

Une douce romance naïve

Ou un acte de résistance

Dans ce monde

Quatre vingt sept ans après

Entre les guerres

Les incendies

Les maladies

Le réchauffement climatique

Ou le manque d’eau

J’entendais encore ta voix fredonner au balcon

Y’a d’la joie

Y’a d’la joie

Parce qu’il fallait bien un peu de joie

Pour trouver un sens à nos vies

Un peu de joie

Pour trouver un sens à nos actions

Un peu de joie

Pour trouver un sens à notre instant présent

Parce que la joie était plus qu’une émotion

La joie était un sentiment

La joie parfaite ne pouvait émaner que de ton soleil intérieur

Bonjour bonjour les hirondelles

Bonjour bonjour les demoiselles

Y’a d’la joie qui déborde de mon coeur

Et si cette joie était simplement

De savoir l’entretenir

A toute heure

Comme une source intarissable

Comme ton plus bel avenir

Comme ton plus douillet nichoir

Comme un coquillage de sable sur ta poitrine

Même dans les pires heures de l’histoire

Y’a d’la joie

Même dans les ciels gris de l’histoire

Y’a d’la joie

D’aimer

Thierry Rousse
Nantes, jeudi 29 août 2024
D’après la chanson de Charles Trenet “Y’a de la joie”
"Une vie parmi des milliards"

Le voyou des mots (2)

Une vie parmi des milliards

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y avait la femme esseulée

Devant le tonnerre affolée

Son mari partant installer

Un paratonnerre aux foyers

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Le poète prit cette femme

En larmes dans les chaudes flammes

De son cœur il la fit sécher

Sous l’coup d’foudre de ses baisers

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y avait toi le mécréant

Qu’avait voulu être croyant

T’enfilais cette vraie soutane

Et grimpais cossu sur un âne

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y avait là une pieuse

S’esclaffant toute radieuse

Chantez-moi donc mon Père un air

Qu’je me joigne à votre prière

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Aussitôt tu pris ta guitare

Lui offrit ton plus beau nectar

Ciel quand je pense à Fernande

A Lola vous aussi je bande

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Ciel vous irez en enfer

Quelle prière donc mon Père

Quand vint Dame de charité

Au-moins beauté il sait aimer

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Y avait cet étang de Thau

A Sète où tu baignais tes mots

Pêcheur t’embarquais tes copains

D’abord pour chanter ce refrain

Dans le cœur de Georges Brassens

Le voyou des mots en fut prince

Thierry Rousse
La Regrippière, vignoble nantais
Mercredi 28 août 2024
"Une vie parmi des milliards"

Les deux regards pile ou face

Une vie parmi des milliards

Pile ou face c’est pile

Isolé sur ton île

Y’avait l’regard qui t’voulait rien qu’à lui

Qu’à chacun d’ses pas docile tu le suis

L’oeil gentil si toujours t’étais à son service

L’oeil noir si tu vaquais à un autre exercice

Regard réprobateur t’accusant d’mille erreurs

T’jugeant égoïste n’pensant qu’à ton bonheur

C’regard qui t’disait toujours c’que tu devais faire

Toujours plus fort plus haut qu’toi pour le satisfaire

Ces regards t’en a connus depuis l’enfance

Te renvoyant minable à ta propre indigence

Ces regards d’beaux savants jugeant tes ignorances

Des maltraitances qu’on étouffe sous silence

Sous c’regard tu n’es qu’un Gros René qu’un bouffon

Sur l’trois-mâts du roi qu’un éternel moussaillon

Pile ou face c’est face

D’l’autre côté d’la glace

Y’avait l’regard qui t’voulait rien qu’à toi-même

Qu’à chacun d’tes pas c’est ton avenir qu’tu sèmes

Dans l’instant facile ou ardu l’oeil qui t’soutient

L’oeil qui t’encourage à suivre ton chemin

Regard accueillant tes chutes comme autant

De découvertes faisant de toi un savant

C’regard qui t’dit toujours sois ton meilleur ami

Toujours plus patient sois ta propre alchimie

Ces regards bons qui des cendres t’ont fait renaître

T’offrant tout le ciel tous les champs de la terre

Où déployer tes ailes ces regards aimants

De toutes tes odyssées se réjouissant

Sous c’regard t’es la nuit blanche Cyrano

Où toute étoile nous éclaire de tes mots

Pile ou face c’est face

Et pile enfin s’efface

Thierry Rousse
La Regrippière, vignoble nantais
Mercredi 28 août 2024
"Une vie parmi des milliards"

Balade bucolique

Une vie parmi des milliards

Déjà la fin de l’été j’rêve de balades

A pied ensemble on prépare la salade

Mozzarella tomate noire et basilic

Le doux chant des oiseaux sera notre musique

Et on ira par les sentiers sinueux

Toi moi sans boussole en la nature heureux

On se perdra parmi l’océan vert des vignes

Joachim de sa colline nous fera signe

Montez amis le banquet des vers est dressé

Contez ce que la terre compte de beautés

L’amour et la poésie sauveront le monde

En choeur en dévoileront sa source profonde

Déjà la fin de l’été j’rêve de balades

Avec mon sac à dos de moineau d’escalades

J’rêve de prendre de la hauteur dans ton cœur

Cueillir plein de sourires après le labeur

Les saules pleureurs ne pleurent plus comme avant

Ils jouent avec leurs branches dansent dans le vent

Les chèvres les moutons les poules et les oies

Ont dit au chaton abandonné sur la voie

On va te bâtir une maison de câlins

Tu verras enfin tu t’y sentiras bien

Nous serons ta nouvelle famille sur Terre

T’auras plus à craindre tes nuits solitaires

Déjà la fin de l’été j’rêve de balades

Boire tous deux cette vie à la régalade

Pourquoi partir aussi loin chercher le bonheur

Quand il est simplement blotti au fond des coeurs

Là à l’ombre sur l’herbe une partie de jeux

Te souviens-tu d’un scrabble si joyeux

Quand les p’tits mots dans une lettre se rencontrent

Le A nous fait grandir oublier notre montre

Aimer la lavande l’avalanche d’envies

De ces promenades où tout le mal s’oublie

A la croisée d’chemins intimes au présent

On construit demain qui se vit dans l’instant

Déjà la fin de l’été j’rêve de ballades

Chanter sous l’éventail un brin de rigolade

Dans notre Lubéron un Muscadet d’soleil

J’croirai même que Nantes est bien Marseille

Insouciante fourmillante de cigales

Ayant bien capté d’nos besoins l’principal

Marcel Pagnol ne nous dirait pas le contraire

Plutôt nous enlacer que faire tant de guerres

Notre chien aussi nous a appris la vie

Marcher c’est savourer chaque mot qui fleurit

Entre toi et moi découvrir les bonnes rimes

Qui nous emmèneront éternels sur les cimes

Déjà la fin de l’été j’rêve d’escapades

A pied ensemble on prépare la salade

Une balade bucolique

Pour notre songe romantique

Thierry Rousse
La Regrippière, vignoble nantais
Jeudi 29 août 2024

Viens en notre maison

Une vie parmi des milliards

Viens entre en notre maison

Sous notre toit tout l’monde est bon

C’est qu’on loge à la belle étoile

On a hissé la grande voile

La toiture on l’a détruite

On dit qu’on a pris la fuite

Puis des on dit on a ri

On dit qu’on chérit l’infini

Viens entre en notre maison

Cousue de paille au Ripaillon

Chante un air frais fais-toi connaître

La lune aime le cœur des êtres

Des larmes Fées ça peut pleuvoir

Des voix brisées nous émouvoir

Comme on est fou tout ou rien

D’ici ou de loin c’est bien

Viens entre en notre maison

Y’a d’l’amour en toute saison

En tram à pied en vélo

On sème partout nos p’tits mots

Toutes langues sans frontières

Se croisent nos vers sont fiers

On a pour unique label

Que la voie lactée du ciel

Viens entre en notre maison

Toi et moi on se correspond

D’un regard on trace un chemin

Les cailloux dansent sur nos mains

Entre le vent reste un moment

Souffle sur nos lèvres torrent

Bâtis d’images et de sons

Là notre nomade maison

Vit – vise notre frondaison

Où tou.tes nos potes iront

C’est juste au bout au fond du coin

Notre roulotte qui sent l’foin

Les gens de palabres voyagent

Semelles de mots sans attache

Leurs vifs ruisseaux n’ont pas d’âge

Contant tout l’or des paysages

Viens entre en notre maison

Ici non jamais en prison

Tu seras comme cet oiseau

Libre de porter tous tes maux

Ouvre l’éventail des ami.es

Je commence par toi Fanny

Forcément déjà j’en oublie

Esther Nico Billy Julie

Viens danse en notre maison

Ose donc franchir le grand pont

Sur la rive des gais lurons

T’apprendront à faire des bonds

C’est un éventail de poètes

Jongleurs cracheurs de pirouettes

Micka Leila Lolo Marie

Francis Jéjé Cédric Dany

Viens rêve en notre maison

Le bocal ouvert des poissons

Pour Mila Sylvain Pierrot

Malika chante au bord de l’eau

Et de Nantes à Aurillac

Prête-moi Plume ton hamac

Que j’écrive mes souvenirs

Sous les étoiles mes désirs

Viens mange en notre maison

C’est la rentrée de la moisson

Paysan gratte ta guitare

Et nous autres restons fêtards

Michel de ses notes nous berce

Ses épis de mots nous transpercent

Damien aux impros cocasses

Entre nous sait briser la glace

Viens bois en notre maison

Tourne jusqu’à la déraison

Ivresse de l’oud Najeh joue

Coulent sur nos joues des mots doux

Du sable on fait jaillir des roses

Des lettres nues tracées qu’on ose

Jamel l’âme du calligraphe

Kamel l’esprit du slam décoiffe

Viens dors en notre maison

La Sèvre est notre lit fécond

Est heureux songer comme Ulysse

Quand toi Joss malice nous glisse

Exil en île Poésie

Déjà dépassé minuit

L’encre en nos Muses ne tarit

Aimer perdu jusqu’à l’envie

Viens entre en notre maison

Sous notre toit tout l’monde est bon

C’est la Belle Vie ripaillons

On a trouvé notre cocon

Thierry Rousse
Mardi 27 août 2024, La Regrippière, vignoble nantais
"Une vie parmi des milliards'

Polyphonie de l’Escargot

Une vie parmi des milliards

Ralentir

Ralentir le temps

Te frayer un chemin dans les effluves touristiques estivales

Suivre les pas des randonneuses

A chaque escale

Assis à cette petite table en bois

Sous la Vièrge à l’enfant de Murat

Les cloches sonnent

Ce qu’il reste de foi

Et de pèlerins

Le marché bat son plein

Entre aligot et poulet grillé

Goût de fin d’été

Trouver un abri serein

Dans le nouveau bistrot du village

Face à l’Hostel du Bailli

Ici

Tu n’es que de passage

Randonneur

Voyageur

Ou pèlerin

Rétrécir

Rétrécir l’espace

Trouver ta place

Ombrage à L’Escargot

Tavernier

C’est ma tournée

Un p’tit jaune soleil

Entre les livres et les jeux d’éveil

Est le bistrot où il fait bon vivre

Le bistrot où le pastis est sauvage

Sauvage ruisseau

Entre les cascades des paysages

Tout est beau

Des gouttes sur ta coquille

Jusqu’aux brins d’herbes

Apprivoiser le temps de vivre

Apprivoiser le temps d’être heureux

Les rues se vident

Le calme revient

Les touristes ont quitté la ville

Tu savoures cette heure tranquille

Brassens n’est pas loin

Avec tous ses copains

Il manie les pieds et les mains

Comme un joyeux poète coquin

Sa fleur est ravissante

Chanteuse Margot

A la longue jambe nue

Enjôleuse

Aux cheveux bouclés

Au sourire d’ange

Venue d’un océan breton

Accoudée au comptoir

Laisse entrevoir

En Auvergne

Par sa robe fendue

Toute son élégance

Autour de ses dessous brodés

La terrasse s’anime

Descend des cimes

L’amour est liberté

A L’Escargot de Murat

Au temps de l’apéro

Rêver est bon

Tu t’es fait tout petit

Trois fois

Pour admirer la vie

Au-dessus des toits

Les puy t’appellent

Volcans des sentiments

Quitte ton verre

Et enlace l’air

Viens

Il est temps de partir

Il est temps de vivre

Il est temps de ralentir

Ralentir

Ralentir

Traverser le plateau des mille vaches

Serpenter les forêts de Corrèze

Puis de Haute Vienne

La vie est belle

La vie est fragile

Comme une porcelaine de Limoges

Prends-en soin

Escargot pèlerin

De retour à Bellac

Sans ta coquille Saint-Jacques

Ralentis

Ralentis le temps

Et rebondis

Sors de ta loge

Et resplendis

Thierry Rousse
Murat - Bellac, vendredi 23 août 2024
"Une vie parmi des milliards"

L’humanité

Une vie parmi des milliards

Garde ta dignité

C’est la fleur de l’amitié

Ne sois jamais soumis

N’accepte pas d’être dénigré

Ni insulté ni bafoué

Va vers l’âme juste

Qui t’accueille

Tout entier

Fuis le roi

Qui ne voit en toi

Que sujet pour le servir

Et te dégrade

Si tu oses exister

En ton nom

Liberté

Écrit

Sur ton coeur

Va vers l’âme

Qui souhaite ton bonheur

Sur les chemins de campagne

Au goût de fromages et de myrtilles

Méfie-toi des rumeurs qui fourmillent

Et causent aux alentours mille malheurs

N’emprunte pas les pas des détracteurs

Leurs tracteurs ne labourent que leurs mal-être

Leurs semences ne sont que germes de leurs tonnerres

Fissurant en miettes stériles la terre

Garde ta loyauté face au roi

C’est la couronne de l’amitié

Bien mieux que toute royauté

Ta pauvreté

Sait reconnaître les richesses de l’univers

N’est-ce au milieu des déserts

Que se dévoilent les innombrables étoiles

L’innommable infini

Du commencement de la vie

Garde ton humilité

Accueille ta divinité

Ton corps est sacré

Ton corps est une voile

Sois l’amour qui demeure en toi

Et se déploie hors de toi

Ici se raconte en Auvergne

Dans les roulottes tant d’histoires

Mieux que dans toutes les villes

L’humanité

Thierry Rousse
Ussel (Cantal), 22 août 2024
"Une vie parmi des milliards"