C’est comment qu’on fait
T’as le mode d’emploi dis
Il est où
Passe-le moi
Comment on fait pour exister
Pour ne plus être transparent
Dans la foule des gens
Comment on fait
Dis
Cette fois-ci
Fais le premier pas
Si l’autre ne le fait pas
Prends ton courage à deux pieds
Ou à deux mains aujourd’hui
Fais le poirier pour te faire remarquer
A l’envers tu sais on voit les cimes
Hé
Bonjour l’hirondelle
Comment t’appelles-tu
Souviens-toi de sa réponse
Et réponds-lui
Moi c’est
Et puis
Trouve le p’tit mot
Pour introduire la discussion
J’ai bien aimé ce qu’tu disais
Quoi déjà
Quel mot tu t’souviens d’elle
Quel mot t’est rentré là dans ton cœur
T’a fait rire ou sourire ou pleurer
Peut-être réfléchir sous la pause
Quel mot d’elle t’a fait plaisir
Jubiler
Quel mot de ses ailes a percuté ta mémoire
Jusqu’à la faire frissonner
Et s’envoler
Voilà ce qu’tu peux lui dire
Ton trou noir percé d’étoiles
Le mode d’emploi au comptoir
C’est qu’la poésie
Ça n’se consomme pas
Ça s’partage
On se l’offre et on se l’a reçoit
La poésie
N’est pas une compétition
Juste une libération
Un marathon
Où l’écho se fait son défi
J’ai entendu l’autre fois
On parlait d’une coupe du monde
Un trophée de mots
Dis-moi
C’est quoi le monde
Une abstraction
Une extraction du vide
Plus t’es près de ton cœur
Plus les mots résonnent juste à l’intérieur
Jusqu’au Big Bang qui en parle
Même les étoiles scintillent pour toi
L’univers est ta caisse de résonance
La technique
Elle
Viendra
T’inquiète pas
A force de pédaler dans les pages
Les lignes verticales durcissent tes mollets
Et musclent ta voix
Faut qu’ça claque avec ta langue
Mais dis-toi
Qu’une technique sans l’coeur
Ce n’est rien qu’un no’man land
Qu’un plat de nouilles sans son beurre
Car faut avoir des nouilles et du beurre
Un soupçon de trouille pour laisser traverser des années de lumière
Des mots qui bafouillent
Ces mots balbutiés qui prouvent
Que t’es pas une intelligence artificielle
Que c’que tu leur racontes c’est ta vie
Même si tu t’la racontes
C’est au public qu’tu la livres
Dans ton miroir c’est lui que tu vois plus que toi
Et quand il sourit
Quand il t’applaudit
T’es en vie
Le reste on s’en bat les nouilles
Ton cœur c’est que du beurre doux
Et salé quand il est révolté
C’est trois minutes et sans musique
C’est la règle à Chicago
Mais la règle est faite pour être déréglée de l’autre côté de l’océan
Alors allume le son de tes radios pirates à Nantes
Chante et danse
La poésie court partout dans ses rues
Les mots sortiront comme ils veulent
Aucune cage ne les enfermera
Ils rencontrent et s’accouplent bien
Avec leurs désirs pour ne pas rester seuls
Et puis tant pis si on t’dit rien sur ton texte
S’il n’est pas dans les normes
Si tu repars dans l’obscurité de la nuit
Les poches trouées à chaque scène
Restent bien toutes ces étoiles
Qui scintillent pour toi
Sur les bords de la Loire
Égrenées une à une
Ton ultime espoir dans un reflet de lune
Pour écrire tu sais faut être humble
Accueillir plutôt que t’imposer
T’as juste à laisser les sons te parler
Ton cœur se vider
Surtout pas chercher la vérité
Juste ta sincérité
Et dis-toi
Demande-lui
Au comptoir
C’est comment qu’on naît
Thierry Rousse
Nantes, jeudi 3 octobre 2024
“Une vie parmi des milliards”