Chrysanthèmes des anges

Ciel blanc

Sensation de vide

D’une ville déserte

Premier novembre

Jour de la Toussaint

Avait la réputation d’être maussade

Ce jour qu’on voulait vite passer

Monticules de fleurs déposées

Chrysanthèmes recouvrant les tombes

Étroites maisons de nos cher.es disparu.es

Longue tradition

Obligation

Commémoration

Émotion

Cortèges de pensées et de pleurs

Lendemain d’Halloween

Tristesse après la fête

Quand le fard s’était effacé

Se creusaient dans nos rides

Les sillons de la mort

Qui croyait encore à l’éternité

A l’existence des anges

En ce jour censé les honorer

Ciel blanc

Sensation de solitude

Me réfugier dans les utopies

L’imagination d’un avenir

Pour solution

Ne plus mourir

Vivre autrement hors du temps

Silence

Étais-tu là visage près de moi

Dans cette odyssée de l’espace

Je ne pouvais me résoudre à ton absence

Subsistait toujours le parfum d’une rose

Éclose du linceul de tes cendres parsemées

Ici-bas on parlait de déliquescences urbaines

Du béton poreux au seuil de son existence vaine

Ne resteraient que des ruines

Des vestiges de pierres

Des cathédrales millénaires

De notre siècle en miettes

Un grand vide

Multitude d’erreurs commises

Les uns fuyaient la ville et ses grues qui voulaient la rebâtir

Et toi

Tu t’y réfugiais

Sous un ciel blanc

Près de Louisette

Pour y finir ta vie

T’espérais bien qu’ici

Que les rencontres seraient plus faciles

L’évolution aussi

Après avoir tenté la campagne bucolique

T’espérais bien

Que de ces récits post-apocalyptiques

Pointerait bien la lumière

Une nuit de pleine lune

La grève des grues

Pour fleurir les rues

L’auto-construction

Comme une science-fiction

Ta ville serait façonnée

De vos modes de vie

Ciel blanc en deuil

Des anges

Des points de non-retour

T’alertaient

Jour de tous les saints

De toutes les espèces qu’on ne verrait plus jamais

L’expert du froid s’inquiétait

Les icebergs fondaient

Déluge à Valence

Une centaine de vies disparues

Emportées dans ses rues noyées

Une menace planait

De l’autre côté de l’océan

Sur les fragiles ailes de la démocratie

Le rêve américain virait au cauchemar

Rôdait le retour d’un tyran

Qui n’avait que faire

Du réchauffement climatique

Et du bonheur des gens

Ciel blanc

Taché de sang

Chrysanthèmes des anges

Un premier novembre

Thierry Rousse
Nantes, vendredi 1er novembre 2024
Les Utopiales.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *