Côté route ou côté champ

Entre le bruit assourdissant des voitures

Et les cloches des vaches

Quelle musique préférais-tu pour t’endormir

Côté route

Ou côté champ

Au beau milieu de ce plateau

A mille mètres d’altitude

Côté champ évidemment

Aurait dit Monsieur Toulemonde

Les cloches des vaches

Te rappelaient l’enfance

La grande évasion bucolique

Par les sentiers des montagnes

Mais c’était sans penser aux vaches

Te voyais-tu porter jour et nuit

Au cou au poignet ou à la cheville

Une mélodie carillonnante

Qu’on t’aurait imposée

Simplement pour te retrouver

Ou éloigner de toi les loups

Mains et pieds liés

Une cloche pour te protéger

T’abriter

T’empêcher de t’évader

Une cloche et tout son contraire

Te libérer ou t’enfermer

Côté route

Ou côté champ

Rien n’était si évident

N’en déplaise à Monsieur Toulemonde

De quel côté te tourner

Dans le lit de ta roulotte

Dans les doux songes d’un paisible voyage

Où tout ne serait que beauté et douceur

Sans crainte de te perdre

Sans crainte de finir dans le ventre du loup

Plus besoin de cloche

Côté champ

Que l’enchantement des étoiles

La touche pause du silence

Un soulagement

Lire Brassens à la nuit tombée

L’entendre chanter Aragon qui disait

Il n’y a pas d’amour heureux

Même à mettre l’amour sous une cloche

A trop vouloir le posséder

On l’étouffe

On le brise

Il devient sourd et fou à lier

Qu’un champ de souffrance

Qu’une route assourdissante

D’où viens-tu

Où vas-tu

Vache d’Auvergne

Humain de passage

Que fais-tu de la vie

Côté route

Côté champ

Thierry Rousse
Ussel (Cantal), 21 août 2024
"Une vie parmi des milliards"

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