Y’avait plein de graffitis qui gagnaient ses murs
Ses lettres avec le temps s’étaient effacées
Sa cave c’était l’dernier abri des paumés
Des étoiles tombées victimes de l’usure
Celles au bout qui se droguaient pour voyager
T’avais pas vraiment envie d’t’y aventurer
De toute façon un jour tout serait vidé
De toute façon un jour tout serait rasé
Ici y’avait un projet immobilier
Ici un beau jour Paris déménagerait
Pour fuire tous ses démons qui le hantaient
Ici s’installerait l’monde des banquiers
Et peut-être qui sait un peu d’humanité
Et peut-être qui sait un peu d’fraternité
Ici y’avait bien un nouveau monde à faire
Ou tout simplement à être oui juste à être
De tout c’qu’on voulait de toi juste être toi-même
Qu’tu sois de tout ton être ton plus beau poème
Ici y’avait longtemps un vieux restaurant
Au bord d’la Sèvre où on aimait prendre son temps
Gourmands on suçait des cuisses de grenouilles
Ou on s’régalait tout simplement d’un plat d’nouilles
La vie gloutonne au bord de l’eau c’était la fête
Après l’chantier c’était là notre guinguette
Qui pensait d’entre nous un jour sa porte close
Qu’elle ouvrirait un soir pour ces rêves qu’on ose
Que les mots ici reviendraient un à un
Qu’on y chanterait ses espoirs des lendemains
Ses rêves ses coups de cafards ses désespoirs
Sa rage au coeur des fleurs d’étoiles dans le noir
Qu’on ferait s’élever les cris de la misère
Qu’la lune les entende dans tout l’univers
Ici y’avait bien un nouveau monde à faire
Ou tout simplement à être oui juste à être
De tout c’qu’on voulait de toi juste être toi-même
Qu’tu sois de tout ton être ton plus beau poème
Qu’ici grandisse un jardin et tous ses fruits
Qu’on les mange qu’on danse toute la nuit
Qu’on puisse se faire prince se vêtir
Dame et roi jouer aux cartes et puis rire
Qu’on rappe qu’on chante joue slame saltimbanque
Des billets de mots doux y’en a plein dans nos banques
Qu’on sème en nos vers un amour sans frontières
Dans toutes les langues trinquons levons nos verres
Qu’ici soit l’carrefour du monde un havre en paix
Un port où on se retrouve où sent bon l’muguet
Qu’à son comptoir on trinque à la joie d’être ici
Kabylie ou Colombie on y est aussi
Quand les mots du coeur clamés croisés nous relient
Partout des gouttes d’eau bat le coeur de la vie
Ici y’avait bien un nouveau monde à faire
Ou tout simplement à être oui juste à être
De tout c’qu’on voulait de toi juste être toi-même
Qu’tu sois de tout ton être ton plus beau poème
C’est par là il me semble y’a d’la lumière
Comme une chaumière goûtons à c’bon air
C’est le premier mercredi de chaque mois
Souviens-toi on était deux on était trois
Regarde aujourd’hui on a tenu le cap
Contre vents déferlants fait de nos handicaps
Une force on est maintenant une flottille
De jeunes de vieux tous genres on frétille
Ici-même Paris rencontre sa duchesse
Qui le comble de sourires et de tendresse
Ici-même p’t’être un jour on dira Raymonde
C’est là où nous allions refaire le monde
Au bout d’tous nos songes pêcher les mots perdus
Au fond d’sa cambuse aux étoiles suspendus
Ici y’avait bien un nouveau monde à faire
Ou tout simplement à être oui juste à être
De tout c’qu’on voulait de toi juste être toi-même
Qu’tu sois de tout ton être ton plus beau poème
Levons nos voiles pour notre plus beau voyage
Comme un oiseau ici dépose son bagage
Des brins de mots et d’paille à la cime d’un arbre
Ripaillons d’la gourmandise de nos palabres
Dans l’port du Ripaillon
Délaissons nos chaussons
Dans l’port du Ripaillon
Déployons nos chansons
Ici y’avait bien un nouveau monde à faire
Ou tout simplement à être oui juste à être
De tout c’qu’on voulait de toi juste être toi-même
Qu’tu sois de tout ton être ton plus beau poème
Thierry Rousse
Nantes, dimanche 29 septembre 2024
“Une vie parmi des milliards”