Ôte à la musique
Toutes ses origines qui ne sont pas d’ici
Que te reste-t-il
Réduis la culture à un Puy du Fou
Et tombe dans son puits
D’histoires et de guerres
De conquêtes et de pouvoirs
D’oppressions bénies
Sous les faveurs d’une religion complice
Prône une France nationale
Traverse-la en diagonale
Pars à la quête de ta généalogie
Renierais-tu tes ancêtres
Ta famille
De l’autre côté des frontières
Remonte le cours du temps
Souffrirais-tu de l’oubli
Pousserais-tu jusqu’ici le vice
T’accaparer une terre qui n’est pas tienne
Déjà ta bouche tu musèles
Tu parles des orages dans le ciel
Et puis c’est tout
Même la fête des sons libérés
Se couvrent d’épais nuages
Le soleil et le ciel bleu d’été
Tout juste revenus
Sont subitement chassés
Par un vent de rafales polaires
Prédiction des sages
Il pleut des grenouilles
A travers les rues en pleurs
Mange ton plat de nouilles
Un arbre est tombé
Se languit de douleur
Sur les marches d’un opéra monumental
Temple des prélats
La nature pousse son ultime cri d’alerte
Fêlée
A l’éclair qui nous attend
Au-dessus de nos têtes
La menace du serpent
Serons-nous de nouveau
Les yeux clos
Collaborateurs du pire
Les instruments
Les voix et les corps
Se raréfient
Place aux DJ
Les rythmes virtuels
Rempliront cette nuit nos ciels
Cadences envoûtantes
Sommes-nous prêts pour la danse
Dans quel bistrot je poserai mes pieds
Pour t’écrire ces mots
Lire le journal de l’humanité
Et son flot de réalités
Dix neuf heures
Et c’est déjà l’heure de l’apéro
Et déjà l’atmosphère est sombre et glaciale
Et déjà ma joie est retombée
Et mon envie déjà est de rentrer
La police sillonne la ville
Encercle l’île
Elle me dit
Vos pensées
Je les range à l’établi
La perle se cache dans son huître
Le chat miaule sur les toits
Il y a le même élan de toi à moi
Nous inventer des personnages
Le long de souterrains secrets
Notre langage est fait de petits riens
Les seins des filles y sont jolis
Et les regards des garçons aussi
Les genres sont travestis
Ils pimentent cette vie
Vingt ans
A quoi aspirons-nous jeunesse
Aller jusqu’au bout de notre liesse
Nous débarrasser de toutes nos laisses
Vieux monde qui s’écroule sous ses contradictions
Que naîtra des oppositions
Je fais juste une supposition
La meilleure pour vivre encore
Avec le monde en accord
Redonne à la musique
Toutes ses origines qui ne sont pas d’ici
Joue DJ
La grandeur de l’univers
Les racines de la terre
Jusqu’à Place Royale
Mère Gaïa est notre reine
Descends rue de la Fosse
Glisse-toi dans le frémissement des os
Ravive la mémoire des oublié.es
L’esprit chante
Lost road
Les groupes se reforment
Jouent fort pour tenir tête à la tempête
Dans le quartier des armateurs
Tant pis pour les oreilles
Les pavés se colorent de pieds
De toutes les couleurs
Le ciel pleure de joie
Impressions d’été
Quelques mots griffonnés
Dans la rue
On danse la ferveur du Mexique
Dans la rue
On lève les poings bien haut
On ne veut pas du fascisme
On veut juste de la musique
Thierry Rousse
Nantes, vendredi 21 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"