Radio Joie
Qui connaît ici Radio Joie
Toi ?
Tu connais, toi, Radio Joie ?
Marcel en était là
A chercher la bonne fréquence
A tourner le bouton de son transistor
Jusqu’à trouver enfin cette fameuse radio
Radio Joie
La radio des pépites d’or dans les yeux
Radio Joie
La radio des raies de soleil
Sur la courbe d’une épaule nue
Radio Joie
La radio des tracés de douceurs sur tes pieds dorés
Radio Joie
La Radio des âmes entièrement dévêtues
Qui laissait transparaître la lumière
Toute la lumière
D’un oassis de toute beauté
Dans la chaleur d’un été caniculaire
Et de ses airs éphémères
Radio Joie
Marcel devait garder la bonne fréquence
Ne pas la perdre
Même accoudé au bar
Etre avant de faire
Faire avant d’avoir
Ressentir le souffle des anges dans son corps
Marcel
Oui c’était bien lui que tu devais aimer
Marcel
Lui qui te montrerait la route à travers les champs de blé
Oui
Marcel t’amènerait jusqu’à ce tas de pierres et ce chêne brisé
Jusqu’à ce tambour qui battait au fond de nos coeurs
Tout au fond
Aux portes du désert
D’Essaouira à la Motte aux Cochons
Il n’y avait que le vol d’un oiseau lumineux
Le sourire d’un enfant
De l’eau qui ruisselait entre les cailloux
Sur le sentier d’une école
Une chèvre qui grimpait à un arbre
Espérant là manger sa dernière feuille
Des feuilles qui n’étaient plus
Que des sacs en plastique échoués
Au bord de l’océan
Un vieux sage qui se racontait des histoires
Dans sa tunique blanche
Pour y croire encore
L’appel à la prière
Qu’on pouvait changer le monde
Encore
Que le nouveau monde était bien là
Entre l’Orient et l’Occident
Dans un mélange de saveurs
Et de couleurs
Branché sur Radio Joie
Ami.e
Garde la fréquence
La bonne fréquence
Hé tu l’as ?
Dis
Tu l’as trouvée ?
Tourne le bouton de ton transistor
Contemple la Motte aux trésors
Ces cochons libérés de leurs bourreaux
Ne la perds pas
Ne te perds pas
Ou peut-être si
Perds-toi dans un tourbillon ascentionnel
De rires
De caresses
Et d’ivresse
Une source intarissable
De thé à la menthe
De gingembre
Et de bière citronnée
Marcel
Entre deux continents
Sur son radeau
Au milieu de l’océan
Presque un soufi à cette heure
Accroché à son micro
A son chapeau
Portant dans ses poumons
Les lents baisers de l’amour
Jusqu’à tes lèvres
Allez chauffe
Marcel
Allez chauffe
La nuit ne fait que s’élancer
Thierry Rousse
Nantes, 14 juin 2023
« Une vie parmi des milliards »