Et tu criais
En voyant cette grosse araignée
Et tu m’disais
Ecrase-la
J’m’sentais obligé d’obéir à tes ordres
Pour te sauver d’une folle panique
Et pourtant tout en douceur
Discrètement
J’voulais sauver l’araignée de sa fin fatale
Et t’épargner l’apoplexie
Prendre la bête velue avec délicatesse sur mon mouchoir de poche
Sans la moucher
La grosse araignée paraissait si fragile si craintive pleine de tendresse
Laisse-toi faire araignée ou tu finiras bien sous mes doigts écrasée par maladresse
Laisse-moi je t’en prie t’épargner
Nous nous sommes enfin compris tous les deux
J’ai pu ouvrir la fenêtre et la déposer dans l’herbe
Aussitôt j’ai refermé
De crainte qu’elle ne revienne au chaud se blottir et te terrifier
La peur est vraiment sans pitié
On jette dehors les êtres vivants qu’on craint
N’avaient pas qu’à se réfugier chez nous dit-on
Mais c’est où chez nous
Sommes-nous plus chez nous chez elles
Qu’elles ne sont chez elles chez nous
Songe si t’étais cette araignée
On t’écraserait d’un coup de pied
Toi l’âme étrangère
Piétinée à terre
Craintive et fragile pleine de tendresse
O toi l’artiste tisseuse aux toiles de lumière
Qui piège pour nous nos ennemis
Est-ce ainsi qu’on te remercie
Nous sujets de l’espèce humaine
Arrivée bien après
Qui nous affirmons en maîtres
Avons-nous oublié de te regarder
Et t’aimer
Toi la grosse araignée
Thierry Rousse
Nantes, mercredi 23 octobre 2024
“Une vie parmi des milliards”