Je me souviens
Je me souviens de ces Noël
J’achetais toujours des petits sapins avec leurs racines
Je les décorais d’étoiles filantes
De boules de neige
Et de lutins farceurs
Et après ces jours de fête
D’orgies gustatives
Et de bonheurs
Je les plantais dans ton jardin
Tous nos Noël étaient là qui grandissaient
Devant nos yeux
Au fil des saisons
Et des petits riens
Car il y avait encore des saisons
Et des petits riens
A cette époque
Et des cadeaux
Et des cadeaux
Et ce petit sapin
De quelle année déjà
Avait bien grandi
Il était fort
Resplendissant
De son étoile filante
Caressant le ciel
Je le regardais
Et tu n’étais plus là
Partie discrètement
Un dimanche de juillet
Sans rien dire
Sans rien dire
A personne
Silencieusement
Dans ta solitude
Laissant derrière toi
Une maison si bien rangée
Comme je l’avais connue
Rien n’avait bougé
Les épines n’étaient pas tombées
Cet arbre me parlait de toi
De ce que tu avais vécu
Tes joies
Tes déceptions
Tes profondes tristesses
Ta souffrance
Ta force
Ce qui te reliait encore à la vie
Je t’avais quittée
Un trente et un décembre
Deux mille treize
J’étais loin
Au bord d’un océan
Je venais te rendre visite
Quand le temps
Et l’argent me le permettaient
Trop peu
Je t’appelais aussi
Dix années écoulées
Que j’avais salué
Notre Rocamadour du Gâtinais
Et récemment
Tu m’avais dit
Ne m’appelle plus
Je t’appellerai
Envisageais-tu déjà ton envol
A la cime d’un autre voyage
Ou peut-être pas
Ou peut-être pas
Je me souviens
Je me souviens
Reviens
Reviens
Pas après pas
Et contemplons ce petit sapin
Toi et moi
Au bord de cette rivière
Au bord de cette rivière
Les larmes coulent
Si doucement
Si doucement
Aux heures d’été
Face aux arbres
Thierry Rousse
Nantes, mercredi 20 juillet 2023
« Une vie parmi des milliards »