Le p’tit grain de sable et les océans
conte et théâtre miniature
« Le p’tit grain de sable »
Spectacle à partir de 3 ans
« … ça fait des jours et des jours que Pierrot ne pêche plus aucun poisson, quand, soudain… »
… apparaît un joli petit poisson qui découvre dans l’eau l’épuisette de Pierrot.
« Qu’est-ce que c’est? se demande le poisson, un jardin au fond de l’océan? Chouette! »
Le poisson se faufile dans l’épuisette.
Pierrot sort son épuisette: « Un poisson! Mon Amélie va être heureuse¨ »
« Relâche-moi, supplie le poisson, je veux remonter le courant de la rivière pour grandir moi-aussi ! ».
A travers cette histoire, je souhaite alerter le public sur l’état actuel des océans et de la vie de ses habitants.
Julien Wosnitza rapporte dans son ouvrage « Pourquoi tout va s’effondrer » (édition Les Liens qui libèrent) les faits suivants constatés par les chercheurs: « on estime (…) que les océans seront vides en 2048. On ne parle pas d’une annihilation totale de la vie marine, mais de l’impossibilité de pratiquer tout type de pêche sur le globe pour cause de populations de poissons trop faibles. C’est principalement à cause de la surpêche, qui tue chaque année environ 950 milliards de poissons, dont quasiment la moitié sont rejetés par-dessus bord, morts, car ils ne correspondent pas aux espèces recherchées. »
Peu à peu, l’océan devient un désert.
Par ailleurs, l’eau y est de plus en plus acide du fait de notre surproduction de CO2: « …lorsque l’eau absorbe du CO2, elle s’acidifie (…) le phytoplancton ne survit pas dans des eaux trop acides. De plus, une eau acide fait simplement se dissoudre le corail, autre pilier de nos océans. »
Pierrot décide de relâcher le petit poisson. Celui-ci remonte le courant de la rivière des marais jusqu’à sa source, là où l’eau disparaît dans la montagne. Grâce à sa persévérance, il est récompensé, il s’envole, et est nommé « La Dragon du ciel et des océans ».
Dans ce passage, relevant à la fois de la réalité et de la science-fiction, je fais référence aux poissons de la mer des Sargasses traversant l’océan atlantique pour pondre dans les rivières des marais bretons-vendéens, et, à une légende asiatique: les carpes remontant le courant des rivières, récompensées pour leur courage, s’envolent et se transforment en dragons. Certains dragons ont pour mission de veiller sur l’océan.
Le rêve des poissons, à travers mon histoire, est de pouvoir s’envoler, quitter leur milieu naturel, l’océan, qui est devenu, pour eux, de la faute de l’espèce humaine, un lieu hostile, où il ne fait plus bon vivre. C’est leur seule échappatoire.
Cette fable, qui peut sembler amusante, souligne la gravité de la situation, un réel état d’urgence de l’espèce animale.
L’espèce humaine est responsable de cet état de fait: elle a rendu le milieu de vie d’une autre espèce invivable.
Le petit poisson voyant l’épuisette verte pense qu’il s’agit d’un jardin, il y entre, tellement heureux de retrouver de la vie, et le voici piégé.
Heureusement, dans cette histoire-ci, Pierrot réfléchit et fait passer l’intérêt du poisson avant son propre intérêt.
Pierrot sera récompensé. Le petit poisson, transformé en dragon, donnera à Pierrot pour son Amie Amélie, une huître géante. Dans cette huître géante, se cache une perle magique. Grâce à cette perle magique, Pierrot et Amélie retrouvent leur enfance: la capacité à s’émerveiller et s’aimer.
Et si l’espèce humaine redécouvrait le monde, la beauté de la Terre, ce milieu qui l’accueille pour y vivre, y grandir?
Et si l’espèce humaine retrouvait sa capacité à s’émerveiller, à faire passer l’intérêt de l’autre avant son propre intérêt?
Et si l’espèce humaine ré-apprenait à vivre en harmonie avec les autres espèces?
Et si l’espèce humaine ré-apprenait à être humble?
Et si l’espèce humaine ré-apprenait à aimer?
« Le p’tit grain de sable » nous montre ce chemin.
Respecter l’océan, c’est respecter la Terre, l’Univers et toute Vie qui y apparaît.
Thierry Rousse, Nantes, dimanche 2 décembre 2018