Les thématiques développées à travers le spectacle « Le p’tit grain de Sable » apparaissent sous une forme ludique, accessibles à des enfants à partir de 3 ans.
Elle se présentent comme des pistes de réflexion qui peuvent être reprises sous forme d’échanges après le spectacle avec les enfants et les adultes dans le cadre par exemple d’un « atelier-philo ».
L’une des thématiques du spectacle aborde le sujet: « Pareils, pas pareils ».
« Pareils » : ce qui nous est commun, universel, ce qui nous rassemble : l’enfant qui vit en nous.
Les atouts de l’enfant sont notamment son esprit de curiosité, son imagination, sa créativité, sa découverte du monde, des objets qui l’entourent, sa capacité à détourner les objets de leur utilisation usuelle. Les objets deviennent un partenaire de jeu avec lesquels l’enfant aime inventer et raconter des histoires.
Cet enfant « libre et créatif » demeure à travers nous, à travers les âges, si nous prenons le temps de nous reconnecter à notre « enfant intérieur ».
La pratique du Clown, « découvrir notre clown » est l’un des chemins qui nous permet de nous reconnecter à l’enfant qui vit en nous.
La forme du spectacle repose sur cette proposition : ce qui nous rassemble, ce qui est commun, universel, « l’enfant qui vit en nous ».
L’interprète joue avec des figurines autour d’un théâtre miniature, invente et raconte des histoires avec ces figurines et les objets.
Un béret de marin, par exemple, devient pour lui un « petit chapiteau bleu avec son nez de clown ». « Si j’entrais dedans ? » demande-t-il avec complicité au public.
Les deux personnages de l’histoire, Pierrot et Amélie, ayant vieilli, se retrouvent également « enfants » grâce à la perle magique.
L’enfance nous permet de passer de la réalité à la fiction, et, de regarder également autrement la réalité, avec un regard neuf, émerveillé, enjoué, créatif.
« Pas pareils » : ce qui nous différencie, ce qui peut nous faire peur, ce qui nous permet de nous découvrir, nous enrichir mutuellement.
A travers l’histoire, le personnage de Pierrot découvre « l’autre » qui n’est pas pareil que lui, ces êtres qui appartiennent à un autre univers, un univers imaginaire avec la Sirène et le Dragon, un univers marin avec le poisson, les fruits de mer, l’huître, un univers mystérieux avec la perle au fond de l’huître.
Ce qui n’est pas pareil peut nous faire peur parce qu’il nous est inconnu et qu’on ne connaît à son sujet que ce qui nous a été raconté sur lui.
Pierrot se méfie de la Sirène quand elle l’invite à le suivre dans le Palais du Dragon au fond des mers. « Tu veux me séduire et m’engloutir au fond des mer, n’est-ce pas ? » lui dit-il. « Qui t’a dit cela ? » lui demande-t-elle. « Les marins sur le port » lui répondit-il.
Ce qui se dit, se colporte de bouche à oreille peut engendrer de fausses croyances, des peurs qui persistent à travers le temps. Longtemps, la Sirène fut représentée comme une menace pour l’être humain.
La peur vient de l’image qu’on peut se faire d’un autre être, de ce qui nous a été dit sur lui ou de la manière dont on se le représente. Nous avons par exemple la vision occidentale, médiévale du « Dragon », un être terrifiant qui crache du feu. Pierrot est peu rassuré quand il rencontre le Dragon. « N’aies pas peur, je suis un Dragon gentil, je veille sur l’océan et tous ses habitants » dit le Dragon à Pierrot.
L’histoire « Le p’tit grain de sable » librement inspiré d’un conte coréen « le chien, le chat et la perle magique » nous invite à découvrir une autre culture différente de la nôtre, la culture asiatique avec ses légendes, ses symboliques, où le Dragon a une toute autre signification.
Ce « Pas pareils », nous le retrouvons aussi à travers chaque être. Nous sommes amenés à évoluer, à changer. Pierrot et Amélie vieillissent. Lorsque Pierrot découvre Amélie rajeunie, il ne la reconnaît pas : « Tu as changé, tu n’es plus pareille ». Amélie, de même, est surprise quand elle découvre Pierrot rajeuni : « Toi aussi, tu n’es pas pareil ». Chacun-e peut expérimenter cela, cette sensation de ne pas reconnaître l’autre tellement il-elle a changé, que ce soit sur un plan physique que psychologique. Le « Pas pareil » provoque la surprise, l’étonnement et peut susciter de nouveau l’attrait de redécouvrir l’autre.
Le « Pas pareil » peut être source d’émerveillement et révéler la richesse de la vie. A travers l’histoire, nous apprenons que la perle Magique était autrefois un petit grain de sable « avant qu’une huître ne l’avale ». « Qu’est-ce qui me gratouille le gosier ? » se demande l’Huître incommodée. « Un petit grain de sable ? ». « Afin que le petit grain de sable glisse mieux dans le gosier de l’huître, l’huître l’enveloppe de sa nacre, et c’est ainsi que le petit grain de sable est devenu une jolie perle ».
Ce qui nous dérange, n’est pas pareil, peut être l’occasion de nous grandir, nous enrichir, découvrir des capacités en soi qu’on ne soupçonnait pas.
« Pareils pas pareils » :
Ce qui, au final, nous rassemble est que nous sommes à la fois pareils et pas pareils. Nous sommes différents, nous changeons, en nous coexistent plusieurs êtres, comme ce petit poisson devenu Dragon, ce qui est source d’enrichissement, d’évolution : en cela nous sommes « pareils », appelés à devenir, à être « autre », à « grandir », à « vieillir » aussi.
A travers le temps, demeure cette part d’intemporalité, de présence à l’instant présent, la « conscience », « l’enfant qui vit en chacun de nous » et qui nous permet de nous retrouver à travers l’essentiel.
De nombreux asiatiques ont une toute autre approche de la vie et de la mort, la vie est perçue comme une perpétuelle renaissance, et, de ce fait, éternelle.
La Perle Magique a retrouvé le Palais du Dragon. « Nous ne pourrons plus jamais retrouver l’île de notre enfance » dit Pierrot à Amélie (sous-entendu, « rajeunir »). « Oui, lui répond Amélie, mais il nous reste une Perle, la Perle de notre Amour, et celle-ci restera toujours avec nous ».
Notes « Pistes pédagogiques autour du spectacle Le p’tit grain de sable »
Thierry Rousse, Saint-Nazaire, le15 novembre 2018.