T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur
Et tu m’demandes d’évaluer ma douleur
De un à dix pour voir jusqu’où je sais compter
Je te fais si peur que tu n’oses m’approcher
Ni me regarder ou simplement m’ausculter
Es-tu si fatigué que tu n’peux te lever
T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur
Tu veux que j’te dise d’où vient ma douleur
D’accord c’est à moi alors d’être le savant
J’peux juste te décrire ce que je ressens
Pour trouver la cause c’est toi le médecin
A moins que je ne sois un puissant devin
T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur
C’est ainsi qu’on t’apprend à être guérisseur
Es-tu au-moins touché par ma vive douleur
Est-ce qu’on t’apprend encore à avoir du coeur
Ou à t’protéger sous un discours formaté
Tes distances veille à bien les conserver
T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur
Et tu m’parles de ton savoir avec froideur
Penche-toi tout simplement observe mes dents
Plutôt qu’les marteler comme un mur de ciment
Plutôt qu’vouloir me prouver que je n’ai rien
Qu’je suis qu’un fabulateur comédien
T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur
Assis tu me juges de toute ta hauteur
Sur cette radio tu n’vois aucune cause
De ma douleur tu vas pouvoir prendre ta pause
T’ es soulagé ton ordinateur a parlé
J’repars aussi souffrant que j’suis arrivé
T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur
Et tu rêves sur ton île d’être ailleurs
Tiens-tu ce discours à tous tes patients
A trop vous voir j’vous trouve vraiment patients
A trop être pressé dicté par le système
Tu sais plus au fond si ton métier tu l’aimes
T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur
Et tu m’demandes d’évaluer ma douleur
Ma douleur de jour en nuit s’approfondit
D’un monde bancal avec si peu d’empathie
Dans ce labyrinthe médical je survis
J’voudrais tant rencontrer l’ange qui me sourit
T’as les yeux sur ton écran d’ordinateur
Et gît devant toi la cause de ma douleur
Thierry Rousse
Nantes, jeudi 20 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"