Que pouvions-nous attendre du cow-boy solitaire
Parcourant le nouveau monde
A la quête de sensations d’ivresse
A l’affût de filles
De sexe
Et de petits boulots
Juste pour vagabonder
S’enivrer
Prendre du plaisir
Et se perdre
D’une expérience à une autre
Que pouvions-nous attendre de ce cow-boy errant
Qu’il veuille soudain donner
Un véritable sens à son existence
Dans un sursaut de conscience
Dans le ressac
Des vagues de sa mélancolie
Fuyant l’agitation des villes
La lourde pesanteur des temps
Un beau matin
Au sommet des montagnes
Jack Kerouac était parti
Garder les arbres
Prévenir des incendies
Se serait-il converti
A l’infini des cimes
Quel ange l’avait surpris
A s’éblouir ainsi de la vie
Quel ours avait-il trouvé comme ami
Dans la forêt d’une éclaircie
Enfin
Au bout de sa route
Tu avais trouvé son récit salvateur
Seul au-dessus des montagnes (1)
L’appel du grand air t’avait réconcilié avec ce cow-boy maudit
Son journal à la main
Tu proclamais au milieu des places publiques
Qui n’a jamais échoué
Et d’un regard
S’est élevé à la beauté
A la splendeur des paysages
Qui n’a jamais tout rejeté
S’est proclamé athée
Seul dans l’univers
A se dépatouiller de son éphémère corps
Pur fruit du hasard
Qui ne s’est jamais interrogé sur l’origine de l’univers
Sur ce qu’il y avait après et avant
Le mystère de tout ce présent
Et s’est découvert une nuit croyant
Quelle âme possède encore une conscience
Pour s’en servir et réfléchir
En ces temps d’intelligence artificielle
Mon cow-boy n’avait pas dit son dernier mot
Le peuple des cowboys égarés
Peut-être en ce début d’été
Prendrait le chemin de son prophète
Avec un gros coeur dans la tête
Le front des consciences
Vaincrait de l’amour sa vacance
Le journal L’humanité ce lundi (2)
Dévoilait son programme
D’une union retrouvée
L’inattendu se pointait à l’aube estivale
Quand sur le bleu d’azur
Se couvrait l’épaisseur d’une menace brumeuse
Le bonheur était à portée d’urne ou presque
Leurs intentions étaient porteuses d’espoir
Comme autant de fleurs rejaillissant des ruines des guerres dévastatrices
Désolation dans laquelle nous avait plongés notre cher Napoléon
Le Front Populaire annonçait ses promesses
Retourner au droit à la retraite à soixante ans
Stopper le démantèlement de l’assurance chômage
Revenir à la semaine de trente cinq heures
Et trente deux heures pour les métiers pénibles ou de nuit
Revaloriser l’allocation pour le logement
Construire deux cent mille logements publics par an
Plafonner les loyers
Faciliter l’accès au logement pour toustes celleux qui ne disposaient pas de garant
Réduire les effectifs en classe à moins de dix neuf élèves
Créer une école véritablement inclusive et gratuite
Titulariser les accompagnant.es d’élèves en situation de handicap
Mettre en place une allocation d’autonomie dès l’âge de dix huit ans pour les foyers et les étudiant.es sous le seuil de pauvreté
Recruter des professionnel.les du soin et du paramédical
Revaloriser les métiers et les salaires
Rétablir les permanences de soins dans les centres de santé
Remettre l’écologie au coeur des politiques publiques
Protéger les zones naturelles
Reconnaître le crime d’écocide
Fonder un tribunal de justice climatique
Cesser le financement des banques soutenant l’exploitation des énergies fossiles
Permettre aux personnes demandeuses d’asile de travailler, d’être accompagnées, de se loger et de s’intégrer
Faciliter l’accès aux visas
Lutter contre toute forme de racisme, d’antisémitisme et d’islamophobie
Stopper la répression policière
Réintroduire la police de proximité
Inventer une police qui protège
Promouvoir le vivre ensemble
Favoriser la paix dans le monde
Cesser de vendre des armes
Lever les brevets sur les vaccins
Exiger le cessez-le-feu immédiat à Gaza
Reconnaître l’Etat de Palestine aux côtés de l’Etat d’Israël
Faire respecter l’ordonnance de la cour internationale de justice
Tout ça donnait vraiment envie
Te rallier au Front Populaire
Leur donner ta voix
Respirer
Sur les bords de la Loire
Retrouver la douce vie
Belle et tendre
L’âme en toi
Qui savait
Accueillir
Partager
Cultiver
Danser
Chanter
Créer
Protéger
Soigner
Encourager
S’élever
Jusqu’à la cime des immenses montagnes
Partout
C’est dans la générosité qu’on gagne
A être soi
Et bien plus
L’inattendu Front d’Amour
Qui n’a que faire du pouvoir
Juste
Aimer
Juste
T’aimer
Thierry Rousse
Nantes, mardi 18 juin 2024
"Une vie parmi des milliards"
(1) Jack Kerouac, "Seul au sommet d'une montagne" in "Le vagabond solitaire", Folio Gallimard
(2) Journal L'Humanité du 17 juin 2024