Pour quel étendard tu marchais
Rouge jaune vert bleu noir rose
Pour quelle chanson t’avançais
Celle qui te répétait ose
« On lâche rien »
« Ici c’est chez moi »
« Antisocial »
« O Bella ciao «
Avancer
Reculer
D’un camion à l’autre
Avec qui marcher
Visions-nous les mêmes buts
Les mêmes salaires
Vibrions-nous des mêmes valeurs
Étions-nous au fond si liés
Sur un même pied d’égalité
Les supérieurs les inférieurs mélangés pas mélangés
Où sont passés les camarades
Écoutions-nous les mêmes airs
Qui d’entre nous avait glissé dans l’urne
Le p’tit papier de son Napoléon
Qui l’ignorait aujourd’hui
Il y avait toujours les yeux
Qui regardaient le cortège
Comme une parade festive
Comme un carnaval
La grande animation du jour
Il y avait toujours les pieds attirés ou désœuvrés
Qui prenaient la caravane en marche
Il y avait toujours les cœurs qui en avaient marre
De cette grande mascarade politique
Il y avait les oreilles curieuses
Qui changeaient de camion
Qui changeaient de musique
Il y avait le corps affranchi
Qui dansait dansait encore
Il y avait des sourires
Il y avait des conversations
Des mots dans les bulles d’eau
Il y avait ce constat
Quelle était cette femme fardée
Qui voulait te gouverner
Il y avait cette envie de bifurquer
Suivre la voix bleue et rose d’Hk
“‘Ne soyons pas sans résistance
Les instruments de leur démence” (1)
Il y avait toujours le flot des marcheurs indifférents
Ceux qui te disaient
Marcher pour tes idées ne sert à rien
De toute manière tu seras manipulé.e
Il y avait toujours les langues qui répétaient
Je ne vais plus aux manifs
Les manifs finissent toujours en castagnes et en canifs
Il y avait toujours
Il était une fois
Maître Napoléon
Qui déclarait à son balcon
Grâce aux indécis
Aux frileux
Aux casseurs
De la fenêtre de mon palace
J’ai triomphé
Il y avait toujours des voeux pieux
“On parle d’égalité, on parle de parité”
Regarde la cour de ton travail
Qui va au jardin
Semer les graines de demain
Il y avait l’arrivée du défilé
Des gyrophares bleus
Nous attendaient
Canalisaient le flux de nos voix
Contenaient le peuple sage de la rue
Les légionnaires attendaient dépités
Au pied des remparts
Pas de bagarre pas de prime ce mardi
Et mon divertissement
Et mon feu d’artifices
S’écriait Anne
Plus de budget économie Chère Duchesse
Midi c’est l’heure d’aller manger
Dispersion
Dispersion
Notre marche s’arrêtait là
Devant les barrières des légionnaires
Le parc du bétail était bien gardé
La loi serait votée
Démocratiquement
Pardon
Je voulais dire
Comme d’habitude
File-moi
Le 49 3
A trois on est des rois
Toi et moi
Rien de neuf
Chez les complices
Napoléon et Brille-Babil
Mise en quarantaine des bêtes libres
Il n’y aurait pas d’augmentation des revenus
Nous étions là à regarder ces légionnaires
Fiers d’avoir fait barrage à notre front populaire
Mission accomplie avec brio
Les chiens de Napoléon étaient dociles
Les moutons retourneraient à leurs pâtures
Toujours un peu moins de paille fraîche chaque année
Les bons toutous recevraient leur susucre et leur caresse
Tu étais là à observer cette défaite amère avec cette dame de soixante treize ans
Vive d’esprit
Qui constatait avec désolation le faible nombre d’âmes mobilisées
Serre un cran de plus à ta ceinture
Et faufile-toi dans les fissures
Il y avait le soleil maintenant
Après ces mois de pluie
Un soleil soudain bien trop chaud
Montagnes russes
D’un radiateur complètement déréglé
Il y avait la énième tentative de la convergence des luttes
Lancée par Culture en luttes
Dans un agora improvisé ou presque
Il y avait les jeunes demoiselles anglaises jolies et insouciantes dans le tramway
Qui allaient étudier Rimbaud Hugo Baudelaire et Zola
Sur les bancs de l’université française
Et les cerisiers étaient toujours en fleurs
Et les cerisiers emportaient nos rêves ailleurs
Thierry Rousse Nantes, Mardi 19 mars 2024 "Une vie parmi des milliards" (1) HK « Danser encore »