Au petit matin ce que tu vois dans ta glace
Ton corps ton visage ridé le temps qui passe
Quels sont ces poils en pagaille des araignées
En déambulation sur l’bout de ton nez
Ou cette désertification flagrante
A la triste cime de ton crâne affligeante
Ou des deux côtés ces belles poignées d’amour
Qui n’ont rien vraiment plus rien de glamour
Ou ce dodu ce gros cet imposant bidon
Bébé bières pâtes pizzas saucissons
Formes indécentes déformé ton miroir
Éteins donc tu es si raffiné dans le noir
Il n’y a dans les vignes que deux parts d’yeux
Qui se prennent toutes deux pour de beaux dieux
Avec ce croquis de face es-tu en accord
Confesse tes premières réactions
Dessine ses traits vois comment change ton corps
De ta longue vue sois son évolution
Scrute ses changements en bien ou en mal
Qu’est-ce que le bien le contraire du mal
Adam Eve sur la balance des pesées
Serpents éloignés souvenirs de leur beauté
Tentations affaissement de tant d’années
A tout croquer d’envies des fleurs leur liberté
Va sur les plages naturistes en été
Joue donc un peu le touriste décomplexé
De quelle façon veux-tu modeler ton corps
Toi sculpteur qu’aimerais-tu changer au dehors
Quelle facette de toi-même pour te plaire
Quel avantage quel atout pour lui plaire
Te plaire et lui plaire l’un va pas sans l’autre
De tous les modèles sois ton meilleur apôtre
A tous ces regards croisés comment peux-tu plaire
Si tu oublies de faire rayonner ton être
Si tu ne te plais pas nu déjà à toi-même
Si tu fais pas de ton corps ton plus beau poème
Muscle tes pensées déploie-toi et perds du poids
Joue avec les mots cours sur la route de toi
Ne te juge plus accouche de cette graisse
D’idées conçues qui te tiennent comme une laisse
Sur les plus beaux monts sois un génie peintre grec
Mange ces olives laisse ces sandwich mec
Ouvre ton intérieur ta joie ta chaleur
Souris ton soleil se voit à l’extérieur
De tout temps mise sur son éclat rayonnant
A tous les vents offre ton plus beau cœur aimant
Élancé vois les regards éblouis d’émoi
Ou constate cette évidence autour de toi
Aucun de ces corps ne t’invitent à leur danse
Au musée des Beaux-Arts tes mots sont en errance
Tu sors des cadres tu n’entres pas dans les codes
De l’homme ou la femme qui en écrit son ode
Nu devant ta glace au soir les années te pèsent
Tu as beau devant les feux la jouer balaise
Diane ou bel Apollon ne sont plus que braises
Tu construis un autre monde sans miroir
Couleur après couleur tu remplis ton grimoire
Tu trouves ton ancrage en l’ancre que tu lèves
Entre tes rides coule le ru d’une sève
Au petit matin ce que tu vois dans ta glace
Ton corps ton visage apaisé le temps qui passe
Thierry Rousse
Nantes, mercredi 23 mai 2024
"Une vie parmi des milliards"
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