Pierrot, Amélie et tous les enfants du monde

Quand est-ce qu’on sort d’cette boîte

Y’en a marre d’être confinés

Je sais

Je sais

Pierrot et Amélie

J’voudrais bien vous sortir de là

Vous emmener un peu partout

J’sais que les enfants vous adorent

Mais

Ça ne dépend pas que d’moi

Moi aussi j’suis triste

Triste de rester ici

J’aimerais encore

Rejouer avec vous

Pierrot et Amélie

Pour l’plaisir des enfants

Et parce qu’on a

Tous les trois

Oui

Tous les trois

Tous les trois des choses à partager encore ensemble

Avec tous les enfants du monde

Mais hélas la vie est ainsi

Plus personne nous appelle

Pour nous faire venir

Plus personne ne répond à nos lettres

Les frontières sont toutes fermées

Plus personne

Qu’un désert

C’est que

Qu’ces gens-là

Qui pourraient nous programmer

Sont sans doute bien débordés

Dans leurs contrées

Sous une avalanche de propositions

C’est que

Qu’ces gens-là

Qui pourraient nous programmer

Sont sans doute limités

Soumis à de fortes restrictions

C’est que

Qu’ces gens-là

Peut-être

Tout simplement

Nous connaissent pas

Alors

Alors

C’est fini

On restera toujours dans notre boîte

Notre p’tite boîte

Comme une tombe

Oubliée au milieu d’un cimetière

Sous des primevères

Des chrysanthèmes

Ou des perce-neige

Peut-être

Peut-être

Je n’sais pas

Pierrot et Amélie

Faut toujours y croire

C’est c’qui nous fait vivre

Toujours

Y croire

C’est

C’qui nous fait vivre

Toujours

Toujours

Y croire

En tout cas

Un jour

J’vous sortirai d’là

C’est promis

Vous serez chez moi

Dans mon appartement

On jouera ensemble comme avant

On nettoiera tout l’océan

De tous ses vilains bouchons en plastique

Et la sirène de ses couplets nous mènera

Tous les trois dans le palais de son roi le dragon

Ce p’tit poisson qu’t’avais sauvé

Qui remontait le courant des rivières

Sa persévérance l’avait couronné

Il t’avait offert ce qu’il avait de meilleur

Ses fruits de mer

Et ce p’tit bateau

Et cette huître géante

Et cette huître géante

Tu t’en souviens Pierrot

Tu l’avais rapportée dans ta bourrine

Pour ta jolie Amélie

T’avais gravi pour elle toutes les dunes

Parcouru pour elle tous les marais

Et tous les prés de jonquilles de coquelicots et de lavande

Et bien des chemins

Et bien des chemins encore du nord au sud

J’m’en souviens

Elle était de plus en plus lourde

Cette huître géante

Enfin j’étais arrivé à notre bourrine

J’me suis caché derrière un rideau rouge

Pour faire une farce à mon Amélie

Oui

J’m’en souviens Pierrot

Elle était si inquiète

Ton Amélie

De pas te voir revenir dans la nuit

Quand au milieu de votre cuisine au matin

Elle est tombée sur cette huître géante

Et là

Elle a tout compris

T’étais de retour

Pierrot

Des grandes marées

Des fonds des océans

Des bourrasques

On en sort bien un jour vivant

On rebondit sur le sable des abysses

Et c’est de nouveau la vie qui nous sourit

Une perle magique confinée dans une huître

Et tu rajeunis

Toi et ta jolie Amélie

Vous retrouvez tous les deux l’île de votre enfance

Elle

T’apprendra à danser

Même si t’as pas le rythme

Tu t’sentiras libre et heureux avec elle

L’huître

Elle

Pendant ce temps-là

Retrouverait

Sa mer

Délivrerait les poissons

S’envolant dans le ciel

Sans elle dans votre bourrine

Vous aviez retrouvé tous les deux votre vieillesse

Et puis

Qu’importe

Vous restait la jeunesse de votre amour

Se balançant dans vos cœurs

O mon Pierrot

Tu es beau comme un paquebot

O mon Amélie

Tu es jolie comme la vie

Tu promettais

A ta belle

De pêcher

Dès lors

Tous les bouchons en plastique

Qui étouffaient les poissons

Et polluaient tout l’océan

Et tous deux

Viviez unis à l’unisson de l’univers

Dans la simplicité de votre tendresse

Dans la simplicité de votre tendresse

Quand est-ce qu’on sort d’cette boîte

Tu t’souviens

La Guinguette ensablée

Et la Soupe aux Cailloux

Et les Gamines

Tu t’souviens

Et la Belle Vie

Et l’Académie Fratellini

Tu t’souviens

Et Nangis

Et Saint-Gilles

De vraies scènes de théâtre

Tu t’souviens

Sous l’chapiteau des Croqueurs de Pavés

Tu t’souviens

J’me souviens

Même le Rêve du Loup nous avait accueillis

J’me souviens

Même le four d’un boulanger à La Clopinière

J’me souviens

On jouait aussi dans la rue

C’est là qu’nous avions débuté

Face à la mer

Face à tous les vents du large

Sur un remblai aux Sables d’Olonne

Alors

Alors

On remets ça

Alors

Alors

On remets ça

Pierrot et Amélie

On remets ça

Hissons tous les trois notre grande voile

Au vent des globes

Quand est-ce qu’on sort d’cette boîte

Dès que le vent soufflera amis

On repartira tous les trois avec Renaud

Pierrot et Amélie

Et tous les enfants du monde

Sur l’port de Trentemoult

Et vaille que vaille

Le cœur un peu fou

Et vaille que vaille

Le dragon des mers nous protégera

Et vaille que vaille

Le dragon des mers nous aimera

Thierry Rousse
Nantes, lundi 7 octobre 2024
« Une vie parmi des milliards »

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