Quitter un temps mon travail
J’y passerais bien tout mon temps
Ou presque
Une presqu’île
Etait-ce devenu une drogue
Une envie
Un plaisir
Une nécessité
Un objectif dans ma vie
Les derniers efforts de l’athlète
Dans sa dernière ligne droite
Sa dernière chance
Ou peut-être
Un peu de tout ça à la fois
Pas un poème
Que l’aspect d’une forme vague sans ponctuation
Une forme qui lui ressemblerait vaguement
Entre les lignes du réel
Préparer mes séances d’ateliers-théâtre
Mes stages clown
Réviser
Répéter
Communiquer
Diffuser
Budgétiser
Planifier
Beaucoup de « é »
Comme des airs de liberté
L’avantage était
Qu’aucune femme ne me disait :
« Chéri, arrête de travailler
Et rejoins-moi sous la couette ! »
Je ne risquais aucun conflit
Mais était-ce vraiment un avantage
Faire face à mon âge
Vieillissant
Devant la glace
Que le reflet de moi-même
Qui pouvait me répondre
Arrête de travailler
Pause-toi
Mange
Lis
Vas boire un verre
Ecris des vers
Vas au cinéma
Ou au théâtre
Vas écouter de la musique
Ou des chansons
Ou des airs d’opéras
Quitte surtout tes chaussons
Vas voir une exposition
Ou vas marcher
Prendre l’air
Depuis combien de temps
N’as-tu pas vu Hector et Berlioz
Que devenaient-ils
Sous la pluie glaciale
Tes amis
Hector et Berlioz
Ces deux gardiens robustes
De ta chère Duchesse Anne
Les avais-tu délaissés
Oubliés
Avais-tu fui
Les bras qui s’étaient
Offerts
Un soir
A toi
Craintif
D’oser être aimé
Rien
Il te restait ToTTi (1)
Pour inventer d’autres mondes possibles
Bien qu’envieux
De tenir le glaive de Richard II
Dans la cour glorieuse
A défaut
Un jardin
On dirait « sa planète »
Non pas celle de Richard II
Celle de ToTTi
Murmurait une jeune passante qui se reposait au pied d’un arbre
Une passante qui n’était plus passante
Juste patiente
Contemplative devant le vide
Car il faut aimer son clown
Ou sa clowne
L’aimer sans condition
Même si elle ou il
Nous paraît maladroite
Naïve
Ou niaise
« Il y a un spectacle? » demandait son compagnon musicien
» Oui, à 21h45″
« Puis-je m’asseoir?
Oui, il reste une place au premier rang »
21h45
ToTTi surgissait
Derrière son banc
Toujours à l’heure
« Vite, ça commence ! « s’écriait la demoiselle patiente
Qui se précipitait devant la piste suivie de son compagnon musicien
La piste, un bien grand mot
Juste un peu de terre
D’un verger disparu
A l’ombre des remparts
ToTTi explorait cette étrange planète
Une lanterne sur son front
Et la lumière fut
Il y eut un matin
Il y eut un soir
1,2,3,4…
Quatre échappés de Richard II
ToTTI les saluait
Echangeait un regard
Une émotion
Une poignée de mains
Le courant passait
Et sa planète Terre
S’éclairait dans la nuit
De quelques habitants rêveurs
Quand Richard II vociférait
C’était quoi sa vie déjà à Richard II ?
Thierry Rousse
Mardi 17 janvier 2023
« Une vie parmi des milliards »
- Les Vacances de Monsieur ToTTi http://monsieurtotti.blogspot.com/