Retour au monde
Prendre des nouvelles du monde
Après l’avoir laissé
Un bon moment de côté
Le monde
Te redonner bonne conscience
Une exigence
Alors
Alors
C’est quoi qu’on raconte sur le monde
Que tu sais déjà
Ou peut-être pas
Tu repousses ta lecture
Il est à côté de toi le monde sur ton lit bien plié
Et déjà sa première page t’horripile
Ta voix au début de l’été
N’avait aucune importance
Le roi s’en est moqué
Il a réuni sa cour
Ce lundi sous la pluie
Se moquant bien de la démocratie
C’est quoi déjà ce mot antique
Le peuple c’est moi
Il l’a dit le roi
Dans son palais de dorures
Et les vieux sages nantis
Des reliques
Qu’il a réunis
Autour d’une longue table rouge
Ont rigolé
Le ventre bien rempli
Tu ne supportes décidément plus leurs sourires indigestes
Marcel
La deuxième page n’est pas mieux
Elle n’est que pire
D’un monde qui s’empire
Au bout de la grande bleue
On construit des murs
Qu’on envahit
Le Proche-Orient
Des oliviers
Une nouvelle fois s’embrase
Coté Liban
Gaza n’aura pas suffi
Des vengeances qui n’ont pas de fin
Shakespeare l’avait écrit
Le sang jaillit
Des corps des enfants innocents
Coule sur la terre des dieux
De Roméo et de Juliette
Marcel
Décidément
Il ne te reste qu’à partir
Quitter ton territoire
Exil forcé
Quelle humanité voudrait-t-elle encore t’accueillir
Les sourires des ministres se crispent
Dans leurs miroirs
On ne peut rien à toute la misère du monde
Parole facile
Du vieux singe qui joue l’autruche
Au royaume du pognon
A Matignon tout est bon
A quelle heure on trinque les copains
Tu délaisses ce monde hautain
Ces coupes de venin
Entre leurs mains
Et retourne à ton roman plus sain
Marcel
Allons voir si le ciel
Dans ses pages
Est plus clair
Chapitre cinq
“Une parenthèse salutaire” (1)
Natalia venait de rencontrer l’amour
Simon redoublait d’attentions pour elle
Protecteur de chaque instant
Défendant sa cause
Natalia l’embrassait
Le monde
Sous la lune
Pouvait être beau
En Bretagne
Même saint
C’est qu’on ne contemplait pas
Suffisamment l’amour divin
Pour en être rempli
Qu’on ne s’allaitait point à son sein
Ivre de vin étoilé
Amer retour au monde mortifère
L’hiver sera long
Dans les prisons
La maison de la poésie
T’ouvrirait-elle ses bras
Comme un dernier refuge de liberté
Inespérée
Marcel
Sortant de l’ordinaire
Tu voudrais y croire
Une dernière fois
Thierry Rousse
Nantes, mardi 24 septembre 2025
« Une vie parmi des milliards »
(1) Roman de Daniel Bercheux, « Rien n'est jamais écrit d'avance », éditions Maïa