Toute cette misère
Cette sensation de la misère
Le monde
Toute la misère du monde
Ou presque
Une sensation
Tous ces hommes seuls qui attendent
Tous ces hommes seuls et jeunes qui attendent
Tous ces groupes d’hommes jeunes et seuls qui attendent
Qui attendent
Qui attendent
Qui attendent
Regroupés
Quoi
Toutes ces meutes d’hommes
Jeunes et seuls qui attendent quoi de la rue
Les uns sur des murets
Les autres sur des trottoirs
Les autres sur des bancs de pierre
Les autres le long des parterres
Les autres autour d’un stade déformé
Et les autres vieux tous collés
A la terrasse d’un café P.M.U.
Tous ces hommes seuls jeunes et vieux au téléphone
Qui se parlent
Ou qui se taisent
Qui attendent quoi
Qui attendent qui
D’un pays
Tout un dimanche-là sans bouger
Ou presque
Tout un dimanche-là à leur place
Ou presque
Puis tous ceux qui marchent
Puis tous ceux qui marchent pour aller où
Puis tous ceux qui attendent le tramway
Puis tous ceux qui montent dans le tramway
Puis tous ceux qui sont assis dans le tramway
Puis tous ceux qui descendent du tramway
Puis tous ceux
Puis
Presque tous
Jeunes et vieux hommes seuls
Aux vêtements dépareillés
Déchirés
Decolorés
A l’apparence négligée
Aux odeurs nauséabondes
De tous leurs pores qui abondent
Ou presque
Des corps pas lavés
Des corps délavés
Des coques échouées
Puis tous ceux qui sont défoncés
Ou alcoolisés
Ou défoncés et alcoolisés
Un homme peut faire deux choses tragiques à la fois
Tous ces hommes habiles défoncés et alcoolisés seuls jeunes et vieux à la réalité augmentée
Puis tous ceux qui font la manche
Et cette jeune femme avec son enfant parmi ces hommes
Sur le trottoir à la sortie d’un Carrefour City
Qui te sourit pour une pièce
Et cette jeune femme en jupe d’été qui se rend à la messe
Une couverture en laine bleue sous le bras
Elle l’avait apportée pour ce vieil homme habitué de la rue
Sa maison était une marche
Devant le porche de l’église Saint-Nicolas
Ce vieil homme n’en veut pas de cette couverture-là
Il la fait rire
La jeune femme à la jupe d’été sourit
Et repart
Sa couverture en laine bleue sous le bras
Sur le parvis de l’église Saint-Nicolas
Elle attend de la lune blanche
Que sonnent les cloches
Des anges de l’au-delà
D’un dieu étranger
Toutes ces solitudes croisées un dimanche
Où la seule exposition ouverte de ta ville
Te parle des rites funéraires
Tu n’sais donc pas que la mort ça s’fête
Là où abonde la plus grande des misères
Tout près d’une place Royale
Faut bien se rattacher à quelque espoir
Une autre fontaine plus belle
Un autre monde parallèle
Mais quand parlerons-nous de la vie
Après celle des morts et des chevaliers
De toutes ces solitudes croisées
Quand d’la rue les voix seront déliées
Quand d’ces corps abîmés
Des visages de poète.sses seront nés
D’un bras de fer enlacé de deux coeurs
D’une fleur malade guérie par ses mots
Un dimanche d’automne
Flamboyant
Sous le regard
De la Duchesse Anne
Thierry Rousse
Nantes, mardi 15 octobre 2024
"Une vie parmi des milliards"